Accéder au contenu principal

[CHRO] John Garcia - (2017) The Coyote Who Spoke in Tongues

Vous reprendrez bien un peu de marshmallows grillés ?


John Garcia, avant d'être tout simplement John Garcia (pour ma part j'insiste sur le i, ça fait un peu pédant j'aime bien), c'était la voix de ce groupe emblématique de stoner américain Kyuss, qui nous ont sortis des albums tous aussi bons les uns que les autres. Il fait également partie d'autres projets assez cool, Hermano, Slo Burn, Vista Chino et Unida. Mais ce qui nous intéresse ici, c'est sa carrière solo. Après un premier album studio appelé aussi humblement que possible John Garcia (2014), The Coyote Who Spoke in Tongues est une suite logique mais dans une toute autre ambiance. 

En lançant, les premiers accords de "Kylie" nous plongent tout de suite dans un univers intimiste qu'on ne connaissait pas auparavant. On se sent tout de suite en communion avec Sir John Garcia, comme si on passait une soirée privilégiée au coin du feu dans le désert en Arizona. Bien sûr, la qualité sonore est plus élaborée, il n'y a pas que la guitare acoustique, mais c'est tellement épuré qu'on s'y croirait vraiment. C'est un John Garcia qui me surprend et je l'aime beaucoup ainsi. Loin des guitares saturées et planantes, ici on surfe sur une toute autre ambiance : une guitare acoustique, John Garcia, et puis peut-être un coyote qui nous regarde au loin.

Passé l'effet de surprise, on enchaîne sur un incontournable en version acoustique et d'une douceur surprenante "Green Machine", une reprise de Kyuss, qui revisitée, revêt ici une dimension tout autre. John Garcia semble nous susurrer à l'oreille ses paroles. Et oui, je fonds littéralement. Qui a dit qu'on ne pouvait pas gueuler toute sa rage en douceur ? John Garcia sait admirablement le faire et je lui tire mon chapeau.

L'album est composé de balades parfois douces et de chansons un peu plus toniques.  Un peu comme si pour certain titres, il nous invitait à  battre la mesure et chanter avec lui, et d'autres, au contraire, laissent place à une contemplation auditive, l'occasion justement de se concentrer sur la grillade de nos marshmallows.  C'est très important, ne pas négliger le ventre en de pareilles cas. D'ailleurs, rien ne nous interdit de partager avec John, après tout, il est là juste pour nous, n'est-ce pas ? Au niveau du contenu il alterne brillamment entre les tubes de Kyuss et revisite les titres de son premier album solo. Chaque écoute est surprenante, on se dit "Ah ben putain, oui, ça rend vachement bien en acoustique aussi !" Non, John Garcia ne fait pas du réchauffé, il s'amuse, nous montre que c'est lui le pro, et qu'il en fait ce qu'il veut de ses titres et ça nous met sacrément sur le cul. À l'image du titre "Space Cadet", chanté plus haut perché. C'est étonnant, car on se rend compte que les bons titres peuvent être chantés de mille façons. Passé la phase de surprise, quelques temps plus tard j'ai été comparer  avec les versions originales et je ne me suis pas lassée du phénomène. Du coup, au final, j'en arrive à un stade où je ne sais plus quelle version je préfère, je les trouve toutes les deux aussi bonnes. Mais ça, c'est uniquement grâce à la magie de John Garcia, personne à part lui n'aurait pu faire aussi bien. Bref, John You're the boss, je m'incline !

"Court Order" est quant à lui un titre instrumental qui excelle par son talent, sans voix John Garcia c'est aussi un pro pour ça. C'est probablement le titre qui dégage une émotion qui se diffuse partout où il peut aller, il commence par les tympans et finit en chatouillis dans les orteils. Et oui, rien que ça !

Les deux derniers titres de l'album sont deux chansons issues de son premier album jouées en live, non loin d'être la solution de facilité pour faire du remplissage, c'est une manière habile d'en rajouter une couche histoire de nous montrer "Hey, en live avec qu'une guitare je suis génial aussi !". Ceux qui ont eu la chance de pouvoir le voir vous le confirmeront. J'ai eu le malheur de rater ça et je m'en bouffe les doigts pour le restant de mes jours. Je ne peux qu'écouter ces lives et pleurer ma déception. Fort heureusement pour nous, il passe régulièrement nous voir et même avec son groupe ça fait partie des rares concerts agités que je trouve géniaux, tant l'ambiance est bon enfant et enivrante.

Moralité, si vous vous posez encore la question sur la qualité du bonhomme, The Coyote Who Spoke in Tongues n'est certes pas un album bourrin, mais il mérite d'être chroniqué dans cette catégorie, car on a beau aimer les musiques extrêmes, n'oublions pas toutefois que dans chaque metalhead il y a un cœur qui bat et qui souhaite lui aussi verser sa larmichette en écoutant une musique douce, sensible et émotive. Merci à toi John de nous le rappeler, parfois je l'oublie et là tu me remets dans le droit chemin.

Contenu :

01 - Kylie
02 - Green Machine
03 - Give Me 250 ML
04 - The Hollingsworth Session
05 - Space Cadet
06 - Gardiena
07 - Rodeo
08 - Argleben II
09 - Court Order
10 - The BLVD (Live)
11 - Give Me 250 ML (Live)





Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

[MU] Liste de lecture #03 - 30 DAY SONG CHALLENGE - Day 26

Jour 26 : Une chanson qui me donne envie de tomber amoureuse Why So Lonely - The 3rd and the Mortal Forcément, avec une appellation pareille, on serait tenté d'être cynique. Puisque j'avais évoqué Kari Rueslåtten dans un précédent post, je cite donc un titre de son groupe d'autrefois, The 3rd and the Mortal. Si mes souvenirs sont bons, elle n'a dû participer qu'à un ou deux albums avec eux. Ce qui confirme ce qu'on sait depuis la nuit des temps en terme de musique et groupe. Les filles, et bien elles foutent bien la merde. Le groupe se poursuivra, mais avec une autre chanteuse, donc, en moins bien. Quant à Kari, elle fait une carrière solo, avec des projets qui sont plus ou moins bien. J'ai nettement moins accroché à sa période pop electro. Depuis quelques années elle sort des albums plutôt bons J'avais pas mal accroché à To the North (même si c'est en anglais). Après ça reste très très gentil, je vous l'accorde. J'avais eu l'...

[CHRO] Julien Heylbroek - (2014) Stoner Road

Julien Heylbroek est né en 1980 à La Rochelle. Co-fondateur des Éditions TRASH, il écrit depuis un moment et comme vous pouvez aisément le constater, il cultive lui aussi une passion pour le gros son. Stoner Road paru aux Éditions ActuSF il y a quelques années, est une pépite honteuseusement méconnue sur laquelle je suis tombée sur le tard au détour d'un recueil de nouvelles d'Helios. Je me suis rappellée subitement que ce nom avait déjà traversé mon esprit auparavant. Du coup cette fois-ci je n'ai pas hésité plus longtemps, j'ai enfin fait l'acquisition de ce bouquin et je l'ai lancé dans la foulée dans ma liste de lecture littéraire et auditive. Une bonne raison pour le chroniquer ici donc. L'histoire de Stoner Road est assez simple. Josh Gallows, junkie invétéré au volant de sa Pontiac est à la recherche d'Ofelia, sa chica mexicaine avec qui il s'est salement brouillé. Il part en direction de la dernière Generator Party et constate av...

[CHRO] Hexer - (2017) Cosmic Doom Ritual

D'une délicatesse pachydermique Hexer, c'est un groupe de doom/stoner allemand originaire de Dortmund. Ils sont jeunes, frais, ils font du son bien gras et lourd depuis 2014 à peu près. Après un petit E.P. et une démo. Cosmic Doom Ritual (2017) est leur premier album.  A l'heure où je vous écris, je suis en train de manger un paquet de dragibus (car je suis une grosse vache) en écoutant cet album. J'essaye de retrouver l'état d'hébétitude dans lequel j'étais la première fois que cet album m'a fait POUF ! par l'effet du sucre. J'ignore si cela va marcher mais en tout cas, tout ce qu'on peut dire c'est que cet album de doom a un côté planant, aérien, et d'une lourdeur incomparable qu'on retrouve dans ce style. Leur album, ne comporte que trois titres, d'une durée variable entre 10 et 12 minutes. La durée standard pour du doom donc. Tout va bien. L'album commence par un titre "Merkaba", on ne sait pa...