D'une délicatesse pachydermique
Hexer, c'est un groupe de doom/stoner allemand originaire de Dortmund. Ils sont jeunes, frais, ils font du son bien gras et lourd depuis 2014 à peu près. Après un petit E.P. et une démo. Cosmic Doom Ritual (2017) est leur premier album.
A l'heure où je vous écris, je suis en train de manger un paquet de dragibus (car je suis une grosse vache) en écoutant cet album. J'essaye de retrouver l'état d'hébétitude dans lequel j'étais la première fois que cet album m'a fait POUF ! par l'effet du sucre. J'ignore si cela va marcher mais en tout cas, tout ce qu'on peut dire c'est que cet album de doom a un côté planant, aérien, et d'une lourdeur incomparable qu'on retrouve dans ce style. Leur album, ne comporte que trois titres, d'une durée variable entre 10 et 12 minutes. La durée standard pour du doom donc. Tout va bien. L'album commence par un titre "Merkaba", on ne sait pas trop ce que ça veut dire, mais c'est une invitation à un voyage qui va au-delà de ce qu'on supposait. C'est au-delà de la stratosphère, j'imagine qu'ils nous transportent dans la voie lactée ou un truc de ce genre. Ça commence gentiment, une gracieuse et fine mise en bouche, comme si on nous avait propulsé avec un engin spatial qui nous protège des effets de la gravité. Mais ce qui s'en suit ne ressemble pas à une partie de plaisir. Non, après un voyage planant, on se retrouve PAF écrabouillé sur fond de "boum boum boum boum" pour nous rappeler toute la pesanteur qui existe encore. Où avons-nous atterri ? On n'en sait rien. Quelque part dans la galaxie où la gravité écrase tout sur son passage, et nous avec.
Vous en voulez encore ? Et bien nous avons "Pearl Snake", l'occasion d'enfiler nos combinaisons d'astronautes et découvrir ce monde inexploré. Tu sens le crissement de ta combi et le doux souffle de l'oxygène dans ton casque ? Un pas après l'autre, boum boum boum... tu regardes à gauche et à droite et ne voit nul âme qui vive. Mais peut-être sommes-nous tombés dans un piège ? Comme un bon scénario de s-f on s'inquiète de notre sort, d'avoir peur d'être tombé sur une planète d'être hostiles. C'est ça l'esprit d'Hexer. C'est simple mais ça marche, on y croit. On la sent cette tension. A l'image de ce tempo ralenti à quatre minutes du titre, celui qui nous dit qu'on est sur une piste, mais laquelle ? Ah mais ceci fait partie des aléas de l'explorateur. La peur de l'inconnu on ne doit pas l'avoir. Cette rythmique est entrainante envoûtante, nous pousse à rester sur nos gardes et à garder un pas régulier, à l'image de la batterie et de la petite ligne de guitare et de basse qui s'entrechoquent admirablement bien. J'ai l'impression d'être transportée à présent sur une grosse monture métallique, lente mais sûre, plus sûre pour mon exploration. Quand je parlais de délicatesse pachydermique, cette rythmique m'y fait tout à fait penser. Ecoutez donc pour voir et vous verrez que j'ai raison. Écouter Hexer c'est un peu comme regarder un documentaire animalier dans l'espace. Des cris transpercent dans l'horizon, alors là on n'est plus rassuré du tout. On est pas sûr que notre rencontre soit vraiment amicale. Le rythme accélère progressivement, et notre rythme cardiaque par la même occasion. Et là la rythmique laisse place à une bouillie sonore qui a de quoi décontenancer l'explorateur que nous sommes. Je flippe à mort, je ne sais pas sur quoi je suis tombée mais je ne suis pas rassurée du tout.
C'est une réelle fuite en avant, un saut dans l'abîme, le noir complet dans lequel nous plonge les types d'Hexer. On ne sait pas trop si c'est la réalité ou bien si ça se passe dans notre tête. A priori à la fin du titre, on sent rend compte que c'était un cauchemar. Jusqu'au prochain : "Black Lava Flow" ben oui, là où on a plongé c'était pas vraiment un trou noir, mais plutôt une sorte de volcan pas gentil gentil. Ces cris on ne peut plus flippants ne sont que ceux de l'explorateur qui hurle toute sa douleur au contact de la lave. Ah ben, on n'avait pas dit que l'exploration devait bien finir. Juste que c'en était une. La prochaine étape sera de tenter de s'en sortir indemne, fort heureusement notre combi est résistante à la chaleur. Ce titre marquera le début de notre lutte acharnée pour la survie. Sympa comme programme n'est-ce pas ?
Avec la rigueur d'un métronome, Hexer nous bat la mesure et nous encourage. Le rythme s'est gentiment accéléré mais demeure d'une incroyable régularité, toujours entrecoupé de quelques hurlements qui te mettent bien mal à l'aise. Certains diront que c'est monotone, personnellement je trouve ça rassurant, pendant cinq minutes. Puis vient enfin la délivrance. De nouveau place au calme, ce côté cosmique dont il nous parlaient auparavant. Il est le plus prégnant dans ce titre. Après l'angoisse, place à la quiétude. Mais elle sera de courte durée, moins de deux minutes. La rythmique revient, mais avec ce côté planant génialissime. Putain ils sont forts ces mecs, ils arrivent à me scotcher avec seulement un air, et le pire c'est qu'on ne s'en lasse pas. Tout tient probablement à ces effets de sonores qui nous rappellent l'espace, des ondes cosmiques venues d'on ne sait pas trop où. Mais en tout cas j'aime beaucoup ce mélange. C'est totalement gras et lourd, mais psychédélique à la fois. Puis de nouveau le calme, petit à petit on se dirige vers notre vaisseau pour se tirer fissa et comprendre que non, cette planète n'est pas faite pour nous, et non et elle n'est pas une bonne terre d'accueil potentielle. Voilà.
Contenu :
01 - Merkaba
02 - Pearl Snake
03 - Black Lava Flow
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