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[CHRO] Julien Heylbroek - (2014) Stoner Road


Julien Heylbroek est né en 1980 à La Rochelle. Co-fondateur des Éditions TRASH, il écrit depuis un moment et comme vous pouvez aisément le constater, il cultive lui aussi une passion pour le gros son. Stoner Road paru aux Éditions ActuSF il y a quelques années, est une pépite honteuseusement méconnue sur laquelle je suis tombée sur le tard au détour d'un recueil de nouvelles d'Helios. Je me suis rappellée subitement que ce nom avait déjà traversé mon esprit auparavant. Du coup cette fois-ci je n'ai pas hésité plus longtemps, j'ai enfin fait l'acquisition de ce bouquin et je l'ai lancé dans la foulée dans ma liste de lecture littéraire et auditive. Une bonne raison pour le chroniquer ici donc.

L'histoire de Stoner Road est assez simple. Josh Gallows, junkie invétéré au volant de sa Pontiac est à la recherche d'Ofelia, sa chica mexicaine avec qui il s'est salement brouillé. Il part en direction de la dernière Generator Party et constate avec désarroi les dégâts laissés. Mort d'inquiétude, il décide donc de mener l'enquête avec son compagnon d'infortune Luke Lee, un rednek un rien raciste qui recherche quant à lui sa petite sœur Saffron. Julien nous embarque ainsi dans un road trip sur les routes poussiéreuses de Californie et du Mexique notamment, avec une bande son démente, des trips sous acides et champis hallucinogènes qui te feront faire des cauchemars toute la nuit (oui, rien que ça).

Il y a des jours comme ça, où on se dit qu'on tient entre les mains un bouquin qui te parle rien qu'en feuilletant les premières pages. Julien Heylbroek commence son bouquin en citant les paroles de "Demon Cleaner" de Kyuss. Je ne crois pas au hasard et si je l'avais rencontré en face, j'aurais ainsi pu  lui dire : "Viens dans mes bras mec, nous sommes faits l'un pour l'autre !". Oui, je m'emballe, mais c'est ma manière à moi d'exprimer mes émotions.  On va encore me taxer de groupie, dire que mon avis n'était de toutes les façons pas objectif dès le départ, j'arrivais en terrain conquis, convaincue à l'avance ce bouquin était génial.

Je comprends tout à fait vos réticences, mais je m'insurge, l'univers de Stoner Road est de toutes les façons faits pour les amateurs de stoner. Le délire de toxico, les trips hallucinogènes délirants ça ne peut pas plaire à tout le monde. J'ai accroché au style de Julien (ou devrais-je l'appeler Juju, j'ai l'impression d'avoir dépassé un palier d'intimité avec lui) parce que j'avais l'étrange sensation de me lire, ou plutôt de lire les propos d'un type qui a les mêmes passions que moi. Dans le fond, comme je l'ai dit, son histoire ne tient pas à un grand chose, un road trip sur fond d'histoire d'amour. Il y a du gore, du psyché, des barres de rire, du sexe sale et de l'amour niais. Puis, soyons d'accord, tout le monde aime les anti-héros, le personnage de Josh Gallows alias Doc Défonce est impeccable. Et je pense qu'il me le confirmera, mais il me semble que c'est une caricature de son propre auteur. Voilà pourquoi il nous est sympathique et que le courant passe bien dès le début.

Julien écrit comme il parle. Il nous invite au fantastique grâce aux trips hallucinogènes, nous fait part de ses passions musicales via les titres de ces chapitres (chacun étant le titre d'une chanson de stoner, de rock, bref de bon son !), et mon avis a été définitivement tranché au moment où il décrit ses sensations lors d'un concert que vit son personnage principal. Ça m'a parlé, j'ai imaginé la musique et l'effet que ça produisait en moi en conditions live. La musique est un truc qui transcende et Julien a su admirablement retranscrire ces émotions procurées. Rien que pour ça je l'en remercie. 

En résumé, Stoner Road vous prend les tripes et vous emportera loin dans l'exploration littéraire musicale du bonhomme, mais cela nécessite avant tout que vous soyez amateur du genre. Enfin, bon, puisque vous êtes ici, c'est que vous êtes déjà sur la mauvaise pente, non ?


Liste de lecture :

Préambule



PS : Je chipote mais bon, Julien tu dis que le titre "100°" vient de l'album Welcome to Sky Valley, or en tant qu'amateur de stoner tu devrais savoir que cet album s'appelle tout simplement Kyuss et qu'il ne s'agit que de l'inscription trompeuse du panneau sur la pochette. En dehors de ça tout est bien.

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