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[CR CONCERT] Harakiri for the Sky + Sylvaine + Shores of Null au Klub, Paris (16/10/2017)

 Il y a des concerts dont l'annonce fait l'effet d'une réelle surprise. La venue de Sylvaine en était une. J'avais vu qu'elle faisait une tournée avec Harakiri For the Sky, scrutant avec attention les dates, je m'étais faite à l'idée qu'ils ne passeraient certainement pas sur Paris, les pays germaniques faisant souvent office de tournée européenne par défaut. Mais non, POUF ! Ils viendront quand même, et au Klub qui plus est. Et pas de pré-vente non plus. L'agenda concerts d'octobre étant déjà chargé, Sylvaine demeurait toutefois un incontournable tant j'ai de l'admiration pour sa musique. Ça a au moins le mérite c'est clair sur mon niveau d'objectivité.


Partie I : Shores of Null

Shores of Null et un groupe italien originaire de Rome. Ils officient dans un melodic black/doom metal  depuis 2013. Ils comptent deux albums au compteur dont le dernier date de 2017 Black Drapes for Tomorrow. C'est un genre que je pourrais qualifier comme étant terriblement accessible et sympatoche comme tout. Ce n'est pas spécialement ma came, mais j'ai pris le risque de tester et j'ai bien ouvert mes yeux et mes esgourdes pour apprécier leur prestation scénique (si petite soit cette foutue scène au Klub !)

Ils avaient petit un fan club avec eux, ce qui m'a permis d'avoir un a priori très positif et de passer une très bonne ambiance dans cette brutalité douce. Principalement agrémenté de chant clair, Shores of Null joue une musique entrainante et rigolote, avec une dimension épique que j'ai trouvé assez sympa en conditions live. Moi, je les vois bien sur une grande scène avec des effets pyrotechniques et des costumes bien dark qui vont avec. Un rien déstabilisant et décevant de voir qu'ils se marchaient quasiment dessus sur ce ridicule emplacement au Klub.

J'ai donc passé un bon moment. Mais pas suffisamment jouissif que la suite. C'était toutefois une bonne mise en bouche musicale pour la soirée.




Partie II : Sylvaine

Sylvaine, Sylvaine, Sylvaine. Il y a des jours où le hasard fait bien les choses. J'ai découvert Sylvaine à l'occasion d'une virée chez un disquaire, je cherchais des trucs nouveaux à écouter et je suis tombée sur la pochette de l'album Wistful (2016), ça m'évoquait une forêt norvégienne et du coup, ça a tout de suite attiré mon attention (cliché ! Je plaide coupable). En plus, ça disait que c'était pour les amateurs d'Agalloch. Et vu qu'Agalloch c'est un peu mon premier amour metal, on va dire qu'ils ont misé juste au niveau de leur argument marketing. Je me suis lancée alors l'album et j'ai entendu "A state of mind without pain... In this world of luminous dreams..." et là, cette phrase ne m'a pas quittée. J'ai su à ce moment-là que j'étais en train d'écouter un truc grandiose qui allait me retourner comme une crêpe et me marquer à tout jamais. Oui, Sylvaine c'est mélancolique, c'est torturé, c'est planant, aérien, il y a ce quelque chose qui fait que je suis immédiatement tombée sous le charme de sa voix et sa musique. 

Quand je n'ai pas trop le moral je chante ainsi ces premières phrases comme pour conjurer le mauvais sort. Ça marche à tous les coups, Sylvaine a un effet thérapeutique contre les coups de blues, le mal de crâne, et si plus tard on m'apprend qu'elle guérit le cancer, soigne les problèmes d'érections ramène de bonnes ondes au sein du couple, je ne serais pas plus étonnée que ça. Elle m'a charmée, j'en suis devenu gaga. J'étais tombée sur des vidéos en live, certaine qu'il y avait peu de chances que je la vois en ces conditions. Et là, et là... elle m'annonce qu'elle sera sur Paris. C'était donc l'occasion de faire le point sur ce projet, de voir ce que ça donne dans un endroit aussi exigu mais intimiste qu'est Le Klub.

C'est là que la salle a commencé à davantage se remplir et qu'il fallait la jouer fine pour se caler plus près de la scène, genre sympathiser avec une photographe est une des méthodes permettant d'avoir une place plutôt bien située. J'ai trépigné d'impatience jusqu'à ce que le groupe arrive enfin, puis l'aura de la chanteuse et leader charismatique avec ses longs cheveux blonds et une jolie robe noire. "Nous sommes Sylvaine, nous sommes de France et un peu de Norvège" ah, j'aurais pu gueuler comme une hystérique, mais je me suis retenue. Tant l'émotion était grande. Elle a commencé un titre de son premier album Silent Chamber, Noisy Heart (2014) "It Rains in my Heart". Et là haaa putain il pleuvait aussi dans mon cœur tellement c'était beau Passé cette introduction, Sylvaine enchaîne sur un titre, et pas des moindres, elle nous dit qu'elle va jouer "A Ghost Trapped in a Limbo", difficile de contenir ma joie plus longtemps, c'est juste mon morceau préféré de cet album. Je me suis donc posée et j'ai écouté religieusement ce titre envoûtant qui a cette étrange mais bien fatidique faculté à rester dans la tête. J'étais aux anges, car si je désirais bien entendre un morceau, c'était celui-là. Et elle l'a joué putain elle l'a joué ! Mort cérébrale momentanée, je reviens plus tard.

Passé l'euphorie, Sylvaine en remet une couche par un autre titre du premier album "Dysphoria". Elle joue ensuite sur "Earthbound". Pour ceux qui avaient des doutes concernant sa capacité à allier musique douce et post-black envoûtant, on peut dire que pour l'instant y avait rien à jeter. La qualité sonore de sa prestation était vraiment très bonnes pour le lieu et les conditions plus que spartiates du Klub. J'étais littéralement figée et je ne savais pas comment j'allais m'en remettre. Et pour conclure, "A state of mind without pain...", oui on parle bien de "Delusions", je pense que s'il y avait une soirée idyllique que j'avais en tête, c'était exactement ce genre de soirée que j'aurais imaginé. Elle a tapé dans le mille. Pas une minute de lassitude, tout était tout simplement et divinement parfait. Nous étions émus, elle aussi, beaucoup. Ce fut ainsi sa première prestation sur la capitale, j'espère pas la dernière, elle aurait tant mérité une salle plus grande mais bon, on a eu un peu l'impression d'être super privilégié alors c'est aussi bien ainsi. Elle a fini son morceau littéralement sur les genoux, submergée par sa musique. Pour conclure, elle est restée seule sur un scène pour un dernier morceau, un morceau qui a permis d'unir tous les amateurs, Sylvaine, sa guitare et le public. J'ai eu l'impression qu'elle nous chuchotait un secret, j'ai trouvé ça fabuleux et soyez-en sûr, je retiendrai ce moment pendant encore bien longtemps. Donc merci à toi Sylvaine, ton groupe ta musique, ta performance était largement à la hauteur de mes espérances. Tusen takk!

Setlist : 

01 - It Rains in my Heart
02 - A Ghost Trapped in a Limbo
03 - Dysphoria
04 - Earthbound
05 - Delusions

Rappel :
06 -
Site officiel : www.sylvainemusic.com/


Partie III : Harakiri for the Sky

Alors pour l'anecdote, j'ai une histoire compliquée avec Harakiri for the Sky, je les avais vu en première partie d'un concert de Der Weg Einer Freiheit au Glazart, j'en étais ressortie avec un sentiment mitigé. Idem pour l'écoute de l'album III : Trauma (2016). Mais je ne suis pas quelqu'un de ferme et catégorique, ce n'est pas parce qu'un album me laisse indifférente à la première écoute que je pars du principe que c'est tout pourri et que plus jamais je ne voudrais en entendre parler. Le succès croissant d'HFTS m'a fait laisser planer l'idée que je m'étais peut-être trompée, et que j'avais possiblement écouté cet album dans des conditions non optimales. Va savoir ! En tout cas, même après la prestation de Sylvaine je suis quand même restée, de 1 parce qu'en voyant la foule s'amasser encore davantage m'a intrigué. Et aussi parce qu'une photographe me laissait une place de choix devant la scène. Ça aurait été vraiment con de ne pas en profiter n'est-ce pas ?

Harakiri for the Sky est un groupe autrichien originaire de Vienne/Salzbourg. Ils officient dans le genre du post-black metal depuis 2011. Ils ont trois albums au compteur et l'air de rien, ils font leur petit bout de chemin depuis ce court laps de temps. Ils parlent de dépression, de suicide, ça fait un peu cliché comme ça. Je me méfie de ces délires glorifiant le mal être des gens. Mais admettons. 

J'ai donc vu qu'il commençait à s'instaurer une sorte de tension palpable, un début d'hystérie collective à l'arrivée de HFTS.  Ça m'a surpris. Et là encore, entre l'agitation, l'augmentation notable de la température. Le groupe a réussi à prendre place sur la scène rikiki du Klub. Après, les mecs d'HFTS ce n'est pas vraiment des petits modèles, de ce fait, le chanteur a dû se résoudre à se caler dans le public. Bon, c'est bizarre mais si y a pas le choix, y a pas le choix. Le public a acclamé dignement les musiciens et ils ont commencé à jouer le premier titre du dernier album "Calling the Rain" (décidément, je n'ai pas ce qu'ils ont avec la pluie mais ça vire à l'obsession), libérant là tous les esprits agités des fans. Franchement, c'était de la folie furieuse. Je ne pensais pas que des gens qui jouent une musique dépressif pouvaient provoquer un effet pareil. Moi qui pensais me caler tranquillou et ben non. J'ai lutté pour ma peau, j'ai collé ma peau et mélangé ma sueur avec des gens que je ne connaissais pas. C'était déroutant, mais pas désagréable pour autant. 

Je me suis donc laissée joyeusement portée par cette euphorie sur fond de dépression. Ils ont enchaîné par le deuxième titre du dernier album "Funeral Dreams" puis "The Life as Dagger". J'ai senti que je n'avais décidément plus vingt ans et j'ai trouvé que c'était quand même sacrément barré comme ambiance. Pour cette salle et les conditions, le son était étonnement bon. Le temps de reprendre ces esprits, et là dès les premiers accords, une fille hurle de manière hystérique, elle nous explique que c'est "Thanatos" sa chanson préférée. Ah ben si c'est sa chanson préférée, on en déduit que la soirée doit être bonne pour tout le monde. Puis c'est vrai qu'elle est sympa cette chanson. Longue comme du post-black, mais très sympa.

Ils poursuivent sur leur lancée avec un titre du premier album "Lungs Filled with Water" (tout un programme me diriez-vous ! Et oui ! Puis Viaticum, un autre titre du dernier album (après tout c'est la promo de cet album, c'est logique). Ils concluent par Jhator, dans une ambiance plus posée. Nous laissant le temps de gentiment commencer à éponger notre sueur et pouvoir nous remettre de nos émotions.

Harakiri for the Sky, ce soir-là au Klub fut donc une totale redécouverte pour moi. J'ai bien envie d'y rejeter une oreille, et surtout des premiers albums, car c'est probablement pour cela que je n'avais pas accroché, je n'ai pas respecté la règle du "commencer par le début". Je tâcherai dorénavant de m'en souvenir. La soirée fut bonne, moite mais très bonne. 

Setlist :

01 - Calling the Rain
02 - Funeral Dreams
03 - This Life as a Dagger
04 - Thanatos
05 - Lungs Filled with Water
06 - Viaticum
07 - Jhator 







 


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