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[CR CONCERT] Stoned Jesus + Beastmaker au Petit Bain, Paris (09/10/2017)


"Ô joie ! Ô bonheur ! Sainte Guimauve ! Faites que ce conte de fées ne s'arrête jamais..." [ref. nécessaire] Stoned Jesus aurait dû venir nous voir plus tôt dans l'année mais il a malheureusement reporté sa visite pour revenir en ce jour bénit de tous les saints. Le Jesus le plus fracassé du stoner a ainsi organisé dans la capitale la cérémonie la plus doomesque qu'il m'ait été permis de vivre. Malheureux à ceux qui ont raté ça et qui pourront tout juste pleurer et se morfondre dans leur profond désespoir en lisant les lignes qui vont suivre.


Partie I : Beastmaker

Tout droit débarqué de Californie. Ces Américains opèrent dans le doom depuis 2015. Et pourtant qui l'eut cru ? Avec leur look 70's, ils ne comptent que deux albums au compteur, dont le dernier Inside the Skull (vous pouvez faire ce que vous voulez avec) date de 2017. C'est un groupe jeune, mais qui a su très rapidement dégager une énergie et une assurance d'anciens dès les premières minutes. En plus ils sont modestes car ils arboraient les t-shirts de leur groupe. Le batteur avec son bandeau dans les cheveux m'a fait sourire, il ressemblait à un vieux zikos d'une époque black sabbathienne. À mon avis il n'avait pas bu que de l'eau, et de plus, le pauvre bougre réclamait régulièrement de la weed durant le concert. 

Ce trio a un style sans fioriture mais terriblement efficace. Le batteur et le bassiste faisant leur job, le guitariste-chanteur excentrique. Chaque morceau étant entrecoupé de bandes sonores de vieux films. On a même pu entendre le batteur faire le cri du loup-garou. Dans une ambiance rougeoyante, nous avons été plongé dans un univers sonore groovy et sombre à la fois. J'ai mis un peu de temps à vraiment adhérer au style, on peut dire que je suis entrée dans le bain musical à partir du cinquième titre "Mask of Satan" (oui forcément, Satan ça me parle tout de suite). On aura donc pas été baigné dans un messe noire satanique, mais plutôt une sorte de voyage dans le temps sonore. Un peu plus et j'aurais pu croire que j'allais apercevoir Ozzy sortir de derrière un rideau.

J'aurais tant voulu m'épancher davantage sur la prestation de ce groupe, mais ma mémoire me fait défaut à cause de Stoned Jesus qui a tout simplement illuminé ma soirée. Je laisse ainsi ici de quoi écouter et s'informer sur ce groupe à fort potentiel. J'ignore si quelqu'un a enfin exaucé leur volonté de se procurer de la weed, d'autant que ça a l'air d'être une véritable obsession chez eux. J'espère que oui car ils étaient charmants ces Californiens !

Setlist :

01 - Who Is This ?
02 - Inside the Skull
03 - Now Howls the Beast
04 - Evil One
05 - Mask of Satan
06 - Midwich
07 - Let in the Wolves
08 - Voodoo Priestless
09 - You Must Sin


Partie II : Stoned Jesus

Par où commencer ? Comment les présenter ? Mon esprit est embrouillé, je manque d'objectivité et j'ai peur que la groupie qui sommeille en moi ne se mette à délirer. Stoned Jesus, groupe de stoner/doom ukrainien ou "hipstoner" comme ils s'amusent à se qualifier. D'habitude quand on pense à du stoner, on imagine toujours des pistes longues et interminables, une musique qui exige un taux de THC tellement élevé dans le sang que le commun mortel ne s'y retrouve pas et ne peut décemment pas apprécier le délire. Mais non, Stoned Jesus ce n'est pas ça. Stoned Jesus c'est tout autre chose. Comme tant d'autres, j'ai découvert ce groupe grâce à la magie des suggestions YT. Le titre "I'm the Moutain" m'est tombé dessus et je n'ai pas pu m'en remettre, et ce, jusqu'à ce jour où j'écris ces lignes. Là encore, cette chanson me hante encore et me fait des frissons rien que d'y penser. Stoned Jesus c'est génial, parce que c'est du stoner accessible au tout venant. Alors bien sûr, conseiller ce groupe à un non metalhead fait toujours sourire, on nous regarde avec les yeux écarquillés, pouffe de rire en disant qu'on ne doit pas boire que du lait fraise en soirée. Alors là je m'insurge ! Déjà parce que le lait fraise c'est très bon, et aussi surtout parce que ce n'est pas le sujet. Avant ce gigantesque E.P. Seven Thunders Roar de 2012, il y avait un  premier album First Communion (2010). Cet album, je ne l'ai pas autant écouté que l'E.P. parce que je l'ai trouvé trop Black Sabbathien, j'estimais qu'il manquait de personnalité, même si le titre "Black Woods" est tellement bluffant qu'on croirait entendre Ozzy (j'ai cherché le titre dans la discographie jusqu'à me rendre compte que non, ce n'était définitivement pas une reprise du groupe), mais c'est probablement pour cela qu'il ne m'a pas autant marqué. Je ne dis pas qu'il est mauvais mais il m'a moins touché, point. 

Et pour continuer dans la série des "j'étais là avant au tout début" (oh que c'est bon d'avoir ce côté pompeux et hautain) je peux vous dire qu'en 2012 je pourrissais déjà le monde avec ce groupe et j'ai eu cette chance de pouvoir les voir au Klub en 2014. À l'époque j'avais déjà des étoiles plein les yeux et des papillons dans le ventre. Ils étaient arrivés et s'étaient posés en arborant un drapeau ukrainien sur un ampli. Et là, ils nous on joué principalement l'E.P. et je suis définitivement tombée en amour avec ce groupe. La sortie du dernier album The Harvest (2015) était surprenante car ce n'était pas du tout ce à quoi je m'attendais. Mais voyant l'évolution du groupe, j'ai su qu'ils étaient assez imprévisibles et changeants. Quelques temps plus tard, ils sont passés en 2016 avec Mars Red Sky et Bongzilla au Up In Smoke au Divan du Monde. J'ai maudit le bassiste pendant des semaines car il avait réglé le volume trop fort, gâchant tout le plaisir du concert. Autant dire que l'annonce de cette date au Petit Bain, initialement prévue au printemps et reportée en octobre était à la fois une source de joie et d’appréhension pour ma part.

Une putain de tournée nommée Five Thunders Roar Tour, forcément, l'excitation était à son paroxysme. On sait bien que Stoned Jesus n'en fait qu'à sa tête au niveau de leur setlist. Je me rappelle au Klub quand ils avaient tout simplement refusé de jouer "Stormy Monday" (oui, ils sont comme ça). Alors là, pas le choix, ils allaient forcément tout nous jouer (yeux de groupie dilatés). La foule a commencé à s'agglutiner tout doucement devant la scène après la prestation de Beastmaker. Trois quarts d'heure d'attente qui semblent interminables avant de voir nos Ukrainiens préférés arriver tranquillement. Stoned Jesus n'a pas besoin de nous rappeler qui ils sont avec un logo derrière eux. Ils viennent, ils jouent et puis c'est tout. Après une brève acclamation du public, Igor, arborant un magnifique t-shirt des Clash (que de bon goût !) et ses deux compères ont commencé avec le premier titre de l'E.P. "Bright Like the Morning", permettant ainsi à l'auditoire de tranquillement prendre une grande inspiration et de se mettre en condition pour ce qui va suivre. Oui nous étions émus, oui c'était déjà beau. Je les aime parce qu'ils ne jouent jamais leurs chansons de la même façon. Ils se font plaisir et à nous aussi. Passé la phase de mise en bouche, tout le monde est content et quelqu'un gueule "Stormy Monday !!!" Igor approuve et commence à jouer le titre (hey c'est donc comme ça que va se dérouler la soirée ?). À partir de là, passé le calme apparent, c'était le début de la tempête dans la fosse aux groupies hystériques. Oui, ce titre convenait terriblement bien à cette soirée, d'autant que nous étions effectivement lundi et que l'ambiance s'annonçait à tous points de vue électrique et agitée. Pas de blessés, mais déjà une belle cohue, ceux qui avaient eu le malheur d'embarquer leurs bières dans la fosse ont pu constater que désormais, les récipients étaient déjà tous vides. Euphorique, Igor nous fait savoir que c'est le plus beau lundi qu'il ait jamais vécu. Et force est de constater que c'était réciproque. 

Après ça, j'ai pensé très fort que j'avais envie d'écouter "Electric Mistress", on nous annonce une chanson à deux mots, et oui, quand on vous a dit que c'était la soirée du titre à la demande. Celle-ci est tombée à pic. Bon sang cette tuerie. Ceux qui sommeillaient encore n'ont pas eu d'autre choix que d'entrer dans l'ambiance, une ambiance joyeuse, festive et brutale. Un bon gros doom qui tache et qui fait bon aux oreilles et aux tripes. Vu les litres de sueur déversés par la foule et l'ambiance de folie, on aurait pu croire qu'on était aux trois quarts du concert, mais non, c'est le moment de jouer "Indian", succès garanti. D'ailleurs, quelle chanson n'aura pas eu de succès durant cette soirée ? Je vous le donne en mille, aucune ! Les esprits agités ont eu tout juste le temps de se remettre de leur émotions pour LE titre que tout le monde attendait. On nous annonce que ce soir est un grand soir, que ce soir est sa 300ème en live, ce titre est... "I'm the Moutain". Igor n'a pas besoin de chanter les paroles, le public le fait pour lui. C'est un petit luxe de star qu'il se permet. Mais nous en tant que fans on aime ça, parce que ce titre nous rapproche tous et nous rappelle ce pour quoi on est venus, pour vivre ce genre de grands moments. Je me rappelle avoir lu une interview dans lequel le chanteur disait qu'au regard de ses nombreux concerts, sa setlist change au gré de leurs envies, mais s'il y a un titre qu'il aime jouer à chaque fois c'est bien celui-ci. Non content de voir l'effet produit sur le public, il aurait tort de se priver n'est-ce pas ? 

Le groupe s'en va en backstage, laissant la foule hébétée, on en veut encore, on en réclame plus. Malgré la fatigue on ne peut se satisfaire de ça et s'arrêter maintenant. Quelques temps plus tard, ils reviennent ainsi sur scène pour nous jouer un titre dont je vous ai déjà parlé auparavant "Black Woods". Ah ben oui, parce que s'il fallait bien jouer un titre du premier album, c'était celui-là. Quand je vous parle de soirée au titre à la demande, ce soir-là s'est définitivement confirmé en ces termes. Un extrait d'un nouveau titre s'est greffé à la suite de ce grand moment de type Black Sabbathien tout en restant dans son jus, je suis certaine que l'esprit d'Ozzy régnait dans cette sale. Après cela, parce que si vous pensiez que vous pouviez ainsi retenir votre souffle, que nenni, c'est le moment de "Here Come the Robots". Ce titre dégage une énergie titanesque. Je me rappelle avoir vu des pieds partir dans tous les sens, bousculée contre les amplis, je m'accrochais tant bien que mal, faisant attention à ne pas me casser la gueule sur une flaque de bière. C'était une soirée folle et joyeuse. Je savais que j'aurais du mal à me remettre après cela, mais qu'importe on ne vit qu'une fois pour vivre de telles émotions. Après ce titre, c'est décidé, le groupe s'en va pour de bon.

Pour de bon je vous ai dit ? Le public euphorique crie "One more song ! One more song" et tape du poing sur la scène. On ne peut pas se contenter de ça et s'arrêter maintenant. On veut encore une dose de Stoned Jesus. La foule s'égosillera, certes, mais ne s’égosillera en vain comme ça peut arriver en d'autres circonstances. On parle de Stoned Fucking Jesus putain de bordel de merde ! Nos amis finissent tout de même par revenir, ne sachant du coup pas quoi jouer (car oui ce n'était clairement pas prévu), ils décident de rejouer Electric Mistress, finissant de nous achever totalement. Un titre raccourci de moitié, mais cela valait mieux ainsi car je suis pas sûre que mon cœur aurait pu tenir si ça avait duré davantage. 

Pour conclure, les trois membres du groupe décident de slammer dans la foule (je n'ai, à ma connaissance, jamais vu tout un groupe finir ainsi), ils jettent leurs t-shirts et médiators à la volée pour les groupies. Et pour le coup, c'était vraiment fini. Le temps de reprendre notre souffle, et de nous remettre de ces émotions si fortes en intensité. Ce soir c'était Stoned Jesus, je les ai vus, entendus, je les ai senti dans mes tripes. C'était du bon, du très bon. Et pour rester dans la thématique, je dirais simplement : "Merci Petit Jesus".

Setlist :

01 - Bright Like the Morning
02 - Stormy Monday
03 - Electric Mistress
04 - Indian
05 -  I'm the Moutain

Rappel 1 :

06 - Black Woods
07 - Here Come the Robots

Rappel 2 :

08 - Electric Mistress (raccourcie)




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