Accéder au contenu principal

[CR CONCERT] Batushka + Schammasch + Trepaneringsritualen au Petit Bain, Paris (15/01/2018)


L'année 2018 ne pouvait pas mieux commencer. Même les éléments climatiques semblaient s'être temporairement calmés pour inaugurer l'événement. Les bourrasques de vents et la pluie ont cessé le temps de nous laisser arpenter les quais de Seine et de nous engouffrer dans un Petit Bain qui affichait salle comble pour la venue des Polonais de Batushka, accompagnés de Schammasch et du one man band suédois de Trepaneringsritualen. Les ingrédients indispensables de la soirée contenaient : crânes, bougies et encens. Ça donne envie n'est-ce pas ?


Partie I : Trepaneringsritualen 

Sous ce nom composé à rallonge se cache ni plus ni moins que le mot composé en suédois de "rituel de trépanation". Un chouette programme me diriez-vous. Bon, je vous rappelle juste un peu que les accessoires indispensables étaient des crânes, beaucoup de crânes, âmes sensibles s'abstenir, car le projet musical venant de la tête d'un bonhomme suédois originaire de Göteborg. Il ne respire pas la joie de vivre puisque dans son bandcamp par exemple, il décrit son projet ainsi : "We hang ourself from trees and crosses. We bleed and suffer. All in roaring silence." Oui, on a vu mieux pour passer une soirée rigolote entre potes. Ce type souffre depuis en gros 2014 et c'est sympa de sa part de nous faire partager ça, car nous lui permettons ainsi d'exorciser toutes ses mauvaises pensées dans son projet musical qu'on pourrait qualifier d'ambient/électro/indus et je ne sais trop quoi. La liste est longue, mais retenez qu'en gros il y a un type derrière sa console, son micro et tout son mal de vivre.

Après un rapide tour au merch' pour assouvir nos besoins de dépenser notre maigre pécule, certains comme moi on pris la peine d'entamer la soirée en allant voir la performance du monsieur. Un crâne et deux bougies étaient posés sur un caisson, notre gugus est arrivé peu après dans l'obscurité à 19h30 pétantes, histoire de bien nous plomber l'ambiance (comme si commencer sa semaine n'était pas déjà suffisamment déprimant !). Sous un fond de boîte à rythmes, notre suédois s'est montré sous son plus beau jour, arborant un foulard recouvrant tout son visage façon pendu sympathique. Comme possédé, il nous a regardé et s'est attelé à sa tâche de grogner dans son micro du mieux qu'il pouvait. Très franchement, j'ai trouvé ça déroutant, j'avoue, il m'a déprimée tout d'un coup, car son chant dégageait un truc pas net et bien glauque. Un chant rauque et désespéré. C'est assez amusant car l'autre jour j'écoutais un peu de Primitive Man, et bien qu'il ne s'agisse pas de sludge du tout, je trouvais l'ambiance un rien similaire dans un style électro/indus. 

Je ne sais pas s'il en avait rien à foutre de nous ou bien s'il avait le désir de nous faire partager sa haine et son profond désespoir, mais ouais, là comme ça, en mise en bouche il m'a bien plombée le moral. Son allure, sa gestuelle, tout évoquait une sorte de possession pas franchement saine. J'ignore s'il carburait à l'eau ou à autre chose, mais ses hurlements désespérés plus les spots bleus clignotants par intermittence ont eu presque raison de ma santé mentale pendant un bon laps de temps. 

Après environs un quart d'heure, se sentant probablement un rien étouffé dans son capuchon de fortune, il l'a joyeusement arraché pour nous faire voir sa charmante bobine qui, il me semble était recouverte de sang un peu poisseux (l'éclairage ne me permettant pas de confirmer cela, mais j'avais vu des photos de lui ainsi donc je me permets d'affirmer cette supposition). Les photographes étaient ainsi ravis de pouvoir immortaliser les grimaces de son visage. J'ai cru qu'il allait finir par pleurer devant nous tellement il avait l'air triste, mais finalement, nous le seront jamais, car il est parti bien trop vite. à 20h il a quitté la scène sans dire au revoir, et nous a laissé hébété et circonspect quant à sa performance. Si l'envie vous prend de déprimer un peu, j'invite donc tous les masochistes un peu déprimés à découvrir son projet musical, il est super chouette, et rien de tel que pour plomber une soirée entre copains metalleux.



Partie II : Schammasch

Schammasch (prononcer ça tout simplement "cha-mach'" comme si vous étiez en train d'essayer de parler en mangeant) est un chouette groupe dont je ne me lasse pas d'en dire le plus grand bien. Ils sont Suisses, originaires de Basel et officient dans un black en constante évolution depuis 2009. Si leur premier album Sic Lvceat Lvx (2010) sonnait comme du black/death un rien classique, les projets qui ont suivi n'ont pas fini de nous étonner, à l'image du triptyque Triangle (2016) qui a fait couler beaucoup d'encre, certains le trouvant trop long, d'autres criant au génie musical. Le dernier projet en date, l'E.P. The Maldoror Chants : Hermaphrodite (2017) aura eu raison des plus courageux, puisqu'ici on surfe dans un univers musical plus ambient/avant garde qui marque ici le début d'un nouvelle ère d'expérimentation musicale. Pas la peine de me demander si j'adhère au délire, oui, bien entendu. Je me souviens avoir trépigné d'impatience pour les voir lorsqu'ils étaient passés en première partie aux côtés d'Inquisition et Rotting Christ au Petit Bain en 2016. Bref, depuis j'aime toujours autant Schammasch, et j'espère que pour le prochain coup ils feront au moins la tête d'affiche.

Ma groupitude s'arrête là, et parlons de ce qui nous intéresse le plus, à savoir, le concert. Nous étions fort déprimés mais redemandions notre dose de crâne et d'encens, ça tombait bien car Schammasch avait aussi prévu ces artifices. Sauf que pour le coup, c'était un crâne de bélier sur des ossements dont je ne saurais dire la provenance, le tout agrémenté d'un bol à encens et de petites bougies. La fosse se remplissant nettement davantage, j'ai dû gentiment batailler avec les grandes perches pour avoir un aperçu de la scène (qui, comme nous l'apprendront plus s'avèrera un rien inutile). 

Nos amis ont pris la peine de faire marcher la machine à fumée, car pour Schammasch il faut toujours beaucoup beaucoup de fumée. Sinon on n'est pas dans l'ambiance, et tant pis pour les photographes, tant pis pour la visibilité, c'est l'ambiance vous voyez. Oui, j'ai pu apercevoir juste avant le logo de fond mettant en avant l'album Triangle, les capuches, le costume du chanteur principal qui arbore comme toujours un grimage noir intégral et une tunique joliment ornée de motifs à paillettes (mais avec toute cette fumée, on devine tout juste les paillettes). Dans une atmosphère sombre et vaporeuse, notre leader a commencé à jouer du tambour, comme on on le retrouve dans le "Prologue" du dernier l'E.P. C'est là que je me suis dit "waouh c'est donc à ça que va ressembler la soirée ?" je n'avais aucune idée de ce qu'ils allaient jouer, je trouvais que l'E.P. s'avérerait trop risqué et trop expérimental, mais non, ils l'ont fait et ce n'était absolument pas pour me déplaire. Visibilité quasi nulle, spots changeants de couleur régulièrement, mais mon dieu, quel son ! 

Concernant la suite, puisqu'il s'agissait de mettre en lumière et à l'honneur le dit E.P. ils ont enchaîné sur le titre "The Weighty Burden of an Eternal Secret". Alors vu comme ça, je comprends, ça a pu en dérouter plus loin, parce que ce sujet ne sonne pas du tout black metal, mais force est de constater qu'il rend super bien en live. L'atmosphère du concert dégageait une incroyable sérénité. Fini la déprime suédoise, place à la contemplation quasi religieuse de ce grand moment de musicalité comme Schammasch sait si bien le faire. Niveau visibilité, il n'y avait rien à faire, à chaque fois que la fumée se dissipait, nous permettant ainsi de distinguer un peu plus que les silhouettes, on leur donnait l'ordre d'en remettre une couche. Comme quoi, c'était un concert, on a vu, mais pas trop, enfin, on a deviné ce qui se passait sur scène. Le groupe a tout naturellement enchaîné sur le troisième titre "Along the Road that Leads to Bedlam" avec la même aisance, c'est là que j'ai su qu'ils allaient ainsi probablement nous faire tout l'E.P. et j'ai envie de dire, et pourquoi pas ? 

Après "These Tresses are Sacred" joué par la boîte à sons, ils ont enchaîné par "May Illusion Last until Dawn's Awakening", joué par le vrai groupe ce coup-ci. l'ambiance s'est avérée un rien plus rageuse et moins détendue, parce que c'est la musique qui le voulait ainsi. La performance du groupe et l'acoustique étant toujours aussi bonnes. S'en suivit "Chimerical Hope" et "Do not Open your Eyes" (je vous vois venir, tout comme moi vous avez des pensées salace à l'évocation d'un tel titre mais je ne vous le permettrai pas, car Schammasch c'est sacré !)

l'E.P. étant terminé, la boîte a son a lancé une partie de "Jacob's Dreams" (issu de Triangle) pour changer le ton de la soirée. Après le silence, le leader s'est attardé pour annoncer le titres à venir. Ils nous ont gratifié de "Consensus" titre du second disque de Triangle. "Golden Light" issu du deuxième album Contradiction (2014), une sorte de retour aux sources de leur musicalité et leur brutalité originelle. On enchaîne sur une partie de "Maelstrom" pour conclure sur le titre qu'on annonce et qui fait frétiller les groupies. J'ai souri, pas tant parce que ce titre est mon préféré, mais parce qu'il me fait penser à quelqu'un qui aime beaucoup ce titre, et je me suis dit que lui aurait trépigné et affiché sa satisfaction sans retenue, il s'agit bien entendu de "Metanoia", ce titre à deux voix qui sonne tellement accessible et vraiment pas du tout black metal inaudible. Allez, soit, ce n'est pas mon préféré, mais j'ai l'impression que c'est un peu leur incontournable donc je me suis tout autant délectée de la performance de ce titre. 

Moralité, Schammasch, et curieusement, n'aura pas trouvé de faute d'orthographe de ce nom aux abords de la salle (c'est encourageant !), c'est clairement un groupe qui affiche sans retenue ses intentions, à savoir, nous surprendre encore et toujours. Cette soirée a ainsi pu confirmer cela. Nous en sommes ressortis ébahis, j'ai mis du temps à revenir sur Terre, on a dû me réveiller à grands coups de lattes dans la gueule (non, je déconne !) en mode "hey c'est fini maintenant !". Cruel retour à la réalité, maintenant il fallait s'armer de patience pour la tête d'affiche de la soirée, ceux que tout le monde attendait comme des groupies hystériques, allait-on assister à des larmes et des malaises ? Rien n'est moins sûr, parce qu'ils se sont fait cruellement désirés ces mecs.

Setlist :

01 - Prologue
02 - The Weighty Burden of an Eternal Secret
03 - Along the Road that Leads to Bedlam
These Tresses are Sacred
04 - May His Illusion Last Until Dawn's Awakening
05 - Chimerical Hope
06 - Do not Open Your Eyes
Jacob's Dream
07 - Consensus
08 - Golden Light
Maelstrom
09 - Metanoia



Partie III : Batushka

Ah elles sont belles les groupies qui ont débarqué des quatre coins de France pour aller voir Batushka, rien que Batushka. Ce nom (prononcez "Batiouch'ka") résonne dans toutes les têtes comme un appel à l'hystérie collective. Curieusement,  ils  nous ont pondu qu'un album en 2015 Litourgiya. Je suis moi-même entrée sur le tard avec ce délire Batushkien, je voyais régulièrement la pochette tomber dans mes suggestions d'écoutes, des patches par-ci par là qu'affichaient fièrement les metalleux en concert. J'étais persuadée que ce projet était trop underground jusqu'à ce jour où par hasard je me suis risquée à appuyer sur le bouton "play" et j'ai vu le compteur youteubien, à l'époque, pas moins de 4 millions de vues. Je me suis sentie franchement conne passer à côté d'un tel truc pendant tout ce temps. Mais que voulez-vous, c'est comme ça la musique aujourd'hui, on a une liste de trucs à écouter interminable, notre barre de favoris surchargée de liens incontournables, je ne sais plus comment faire, du coup, tôt ou tard, fallait bien qu'une telle chose m'arrive. 

Je suis donc tombée sous le charme de ce black metal liturgique un rien sataniste, c'est surprenant, envoûtant, et finalement, j'ai compris pourquoi ces Polonais tenaient tant à cet univers un rien provoc, savamment orchestré et détaillé de long en large (foncez sur le site officiel pour contempler la longue vidéo mettant en lumière le groupe et son univers, ça vaut franchement le détour, ce ne sera pas du temps perdu). Bien entendu, comme tant d'autres, à l'annonce de leur venue j'étais hystérique et je regardais déjà quand est-ce que je pourrais aller me chercher mon précieux sésame au plus vite "Dépêchez-vous, elles partent très vite !" comme le faisait savoir mon disquaire préféré. Du coup j'ai foncé, je me suis sentie soulagée, et j'ai gardé religieusement ma place jusqu'à ce jour fatidique, marquant le début de l'ère 2018, nous, metalleux un rien groupies allions entamer l'année sur cérémonie qui s'annonçait comme la grande Messe auquel nombre de fidèles sont venus assister. Notre Batushka qui est aux Cieux que ton Nom soit sanctifié...

Oui, j'avoue, dit comme ça, ça sonne pompeux. En plus, c'est du n'importe quoi leur délire Orthodoxe, ils font tout comme mais ils pensent tout le contraire. Ah mais voyez-vous, quand on se risque avec les pays de l'Est, le délire religieux revêt une tout autre dimension. Là ça cogne fort, on ne déconne pas avec la religion. On peut rigoler sur leurs costumes leurs capuches, les bougies, toute la mise en scène, mais chez eux faut oser. Ce que beaucoup ne prennent pas au sérieux par chez nous, l'est vu nettement moins comme une bonne partie de rigolade chez nos amis polonais et plus globalement en Europe de l'Est. 

La mise en scène a pris du temps, parce qu'il fallait installer les crânes, les bougies d'anniversaire, le socle sur lequel reposait le tableau, les cloches, et moult babioles indispensables à la cérémonie Batushkienne. Si des membres du groupe ont pu passer quasi incognito allumer tranquillement leurs bougies, c'est probablement parce qu'on ne verra jamais leurs visages de toute la soirée. Et oui, le mystère, c'est aussi ça toute la magie de Batushka. Ils se seront faits désirés, on aura attendu un bon moment avant de pouvoir les voir monter sur scène les gugus. 21h50 à peu près, on daigne enfin couper la musique pour laisser place aux musiciens qui arrivent tranquillou, arborant leurs capuches et foulards qui couvrent entièrement leurs visages. Ça sera donc râpé pour immortaliser des portraits, mais bon, qu'importe ! La scène est mise en place d'une curieuse façon, le chœur est à droite, les musiciens rythmiques tout au fond, le batteur se trouve sur la gauche et tout devant, derrière son autel se trouve notre prêcheur Batushkien et le guitariste principal à sa droite qui compte un nombre anormalement élevé de cordes à son instrument (8 ? Au début j'ai cru que ma vue me jouait des tours à cause de toute la fumée de Schammasch, mais effectivement j'avais raison). La foule retient son souffle et couine gentiment. Laissant soin au guitariste de commencer à jouer quelques notes dans un silence quasi religieux. Merde, c'est donc ainsi que cela doit commencer ?

Puis vient alors notre leader charismatique, il annonce le début de la cérémonie prend soin de bénir tout le public avec son encens, tout le monde est captivé, figé. Puis vient alors le sermon, alors, je ne parle pas Slave, mais au moins j'ai compris qu'à un moment il a annoncé "Litourgiya" et ça a rendu tout le monde fou. Les accords du premier titre de l'album "Yekteniya I: Ochishcheniye" ont ainsi résonné dans la salle. Trop hébétés pour pouvoir réagir, nous sommes ainsi restés figés et émus, conscient que quelque chose de grandiose était en train de se produire sous nos yeux, nous étions enfin en train d'assister à une performance de Batushka, nous étions les témoins privilégiés d'une cérémonie qui n'avait lieu rien que pour nous, pas étonnant que ça puisse déboussoler nos âmes sensibles non ?

Nous sommes restés dans le même état lors du second titre "Yekteniya II: Blagosloveniye", un calme apparent, qui, vous vous en douterez ne pouvait pas durer. Le public retient son souffle par ce qui va suivre, et moi aussi, car le titre qui suit a une tonalité particulière pour moi, comment résumer l'histoire d'amour avec un titre en si peu de lignes ? Bonne question. Je me surprends parfois moi-même, alors que cela ne me ressemble pas du tout d'écouter de titres indépendamment d'un album. Pourtant celui-ci je l'aime bien, je trouve que cet air à la guitare exerce en moi une attraction toute particulière, et ô comble du malheur, nombreux sont ceux qui m'entendront murmurer "Spachu vas" en me disant que ça y est, j'ai définitivement perdu les pédales. Toujours est-il que je n'attendais ce concert que pour ce titre. on se foutait royalement de ma gueule, m'imaginant agrippée aux amplis et poussant des cris hystériques lorsque ce titre résonnerait pour la première fois dans mon canal auditif.

Ce titre c'est bien entendu "Yekteniya III: Premudrost'". Le calme s'installe et les trois coups de  clochettes tintent et spontanément, juste après le public se met à frapper trois fois dans les mains. Ce petit manège dure ce qui semble être une éternité, alors que cela dure probablement que trente secondes ou peut-être une minute, je serais bien incapable de vous le dire. Ce temps durant lequel on a l'impression qu'on l'a vu venir, on l'a senti, et que nous entrons définitivement en communion avec la musique et l'univers de Batushka. Ah oui, elles sont bien belles les groupies, vraiment, c'était tellement prévisible. Des clochettes et hop, ça part au quart de tour, il vous en faut peu ! Enfin, pour ma part, j'étais bien contente, surtout que j'ai eu le temps de fredonner mon "Spachu vas", juste avant qu'un mouvement de foule vienne réduire à néant la sérénité religieuse des lieux. Oui, on allait presque oublier que nous étions à un concert de black metal. Ah tiens oui c'est vrai ! On tente de s'accrocher à ce qu'on peut, son voisin sa voisine, voire même les deux. On ne comprend pas vraiment ce que vient faire cette furieuse envie de pogo, ni même qui l'a initiée, en tout cas, je ne l'ai pas vue venir une seconde, trop subjuguée par mon titre. Je me laisse gentiment téléportée quelques mètres plus loin, fort heureusement pour moi, il s'agit de quelques mètres plus proches de la scène. On perd le fil du titre, on le reprend captivée par la prestation de nos bonhommes. Ce titre qui résonne en moi pour la première fois me fait un bien fou et semble encore meilleur en conditions live. Je ne peux contenir mon excitation et finalement, passé le deuxième "Spachu vas", sait que le titre s'achève. L'occasion pour notre maitre de cérémonie d'allumer encore quelques bougies et continuer gentiment son rite.

La messe bat son plein mais n'est pas terminée pour autant. On cherche de l'oxygène, on ventile nos t-shirts pour "Yekeniya IV: Milost'". C'est un titre un peu planant, idéal pour reprendre son souffle tranquillement. On espère que les pogoteurs fous se calmeront. Pour un temps, du moins. Les prochains titres s'enchaîneront dans la lignée, avec cette même religiosité. Notre leader s'arrête même un moment pour prendre un tableau et le présenter au public. Il y a ceux qui le regardent, et ceux qui le prennent en photo, on ne peut pas faire les deux de toutes les façons. 

Le rite s'achèvera bien trop vite, on prend le soin quand même de nous bénir avant de partir. Mais bon, avait-on déjà oublié que le groupe ne comptait qu'un album ? Quelle grandeur, quelle décadence religieuse. Et qui plus est, connaissez-vous des prolongations et des rappels après la messe ? Pour la confession à la limite, mais celle-ci n'aura lieu qu'entre fans ébahis, encore tous déboussolés par ce qui leur est arrivé. Et oui, une cinquantaine de minutes ça parait si court, mais si long quand on le vit, et quand c'est fini, et bien il ne nous reste plus que les souvenirs. L'occasion ainsi de faire le point, de dire que tout le monde a adoré mais que ça bougeait un peu trop pour du black metal gentil. J'étais bien contente à ma place, j'ai défendu bec et ongles mon emplacement, mais finalement ça valait bien le coup. 

On remonte pour voir si il nous manquait quelque chose au merch', apparemment oui, on s'attarde et finalement on tombe sur un petit panneau juste au dessus des t-shirts "We need weed please :-)". Plus la peine de se poser de questions, on sait comment les membres de Batushka arrivent à garder leur sérénité durant toute la durée de leur prestation. On pourrait en raconter des anecdotes, nos ressentis, on pourrait en parler toute la nuit de ce qui est trve ou pas trve, de ce concert de Watain sur fond d'hémoglobine, et puis finalement il est temps de rentrer, les jambes engourdies, on trouve encore la force de rejoindre nos pénates et de penser aux prochains concerts dans notre calendrier.

La messe est dite.

Setlist : (prévisible mais quand même)

01 - Yekteniya I: Ochishcheniye
02 - Yekteniya II: Blagosloveniye 
03 - Yekteniya III: Premudrost' 
04 - Yekteniya IV: Milost'
05 - Yekteniya V: Svyatyy Vkhod 
06 - Yekteniya VI: Upovane 
07 - Yekteniya VII: Istina 
08 - Yekteniya VIII: Spaseniye


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

[MU] Liste de lecture #03 - 30 DAY SONG CHALLENGE - Day 13

Jour 13 : Une chanson des années 1970 Children of the Grave - Black Sabbath Quand je pense aux années 1970 c'est le premier groupe qui m'est venu à l'esprit, navrée pour les autres, je fais partie de la team Ozzy, car même si ce monsieur a du mal à garder un mode de vie sain, pour moi le c'est le chanteur emblématique du groupe. J'affectionne beaucoup le premier album également, dont je vante tous les mérites, mais bon, j'avais envie de citer ce titre, pour ce riff assez accrocheur. J'aurais pu en choisir bien d'autres. J'ai eu l'occasion de voir une fois en le groupe en concert, un grand moment de convivialité avec plein de vieux bonhommes très sympathiques. C'est aussi à ce moment que j'ai fait la découverte d'Uncle Acid and the Deadbeats en live qui avait la primeur de faire leur première partie, si vous ne connaissez pas, ce groupe de stoner psyché au son groovy et terriblement vintage, il ne faut pas assez à côté. 

[MU] Liste de lecture #03 - 30 DAY SONG CHALLENGE - Day 14

Jour 14 : Une chanson que tu adores, que tu aimerais qu'on joue à ton mariage Euh... C'est quoi ce choix de merde ? Genre à ton mariage on joue ta chanson préférée. Imaginons que ton titre préféré c'est Roots Bloody Roots, est-ce que ça se joue, vraiment ? Après quelques recherches, je pensais à un des thèmes de Jurassic Park, et je me demandais si c'était possible que ce soit un thème de mariage. Et bien figurez-vous que les amateurs de Jurassic Park sont légion, et que oui, ce thème n'a rien d'être original, et qu'il se trouve dans de nombreuses variations, mais toujours avec la Jeep, parce que, tout de même, si les gens veulent faire leur thématique, c'est surtout pour la Jeep. Du coup je m'égare un peu. Ça me dérange un peu. D'une part car je trouve l'idée super tarte, d'autre part car l'idée même du mariage me semble hors de propos. Que faire alors ? Parce qu'il faut bien que je réponde. Après mûre réflexion, non j

[CHRO] Zeal & Ardor - (2018) Stranger Fruit

Le meilleur album de l'année ? Zeal & Ardor, c'est le projet musical de Manuel Gagneux, cet Américano-Suisse à l'imagination prolifique. On retrouve ses premières traces acoustiques via Birdmask , là-dedans, on y voit effectivement quelques touches acoustiques de ce qui sera Zeal & Ardor (jetez-y une oreille, avec le recul c'est assez fascinant). Zeal & Ardor, c'est une association de styles musicaux improbables initiée via des internautes sur la célèbre plateforme 4chan, "black metal" et "nigger music", en trente minutes il a pondu un titre et a trouvé là le style qui lui permettra de se démarquer. Après un premier album éponyme sorti en 2014 sur Bandcamp, on y trouvait effectivement un peu de soul, de spiritual, quelques touches de black metal et un peu d'electro. Un peu touche à tout et curieux. En moins de 30 minutes, Manuel Gagneux ébauche son univers. C'est prometteur, mais force est de constater que ça n'au