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[CR CONCERT] The Midnight Ghost Train + The Texas Chainsaw Dust Lovers + The Absolute Never au Glazart, Paris (31/01/2018)


L'issue de ce concert aurait pu être tragique à en juger par les éléments qui s'acharnaient contre nous. Ces derniers jours on ne parlait que de ça, la peur au ventre, on aurait été bien frustrés de ne pas pouvoir assouvir notre appétit de gros son. Fort heureusement, vu qu'avec Below the Sun les histoires finissent toujours bien (généralisation totalement subjective). En ce dernier jour de janvier, nous avons pu souhaiter nos vœux de bonne année les pieds au sec au Glazart et accessoirement assister à la performance des Américains The Midnight Ghost Train ainsi que deux groupes français The Texas Chainsaw Dust Lovers et The Absolute Never. Rhâââ lovely !


Partie I : The Absolute Never

En voilà un curieux groupe pour entamer la soirée. Dans une ambiance intimiste, un duo un peu timide s'est installé sur scène, un bonhomme à la batterie et un gaillard aux cheveux mi-longs, portant une chemise et son instrument, une guitare acoustique recouverte de stickers. Celle-ci semble avoir fait du chemin. The Absolute Never c'est des Parisiens qui officient dans leur univers musical depuis 2010 (à en juger par leur Bandcamp). Au final, on ne sait quasiment rien d'eux, si ce n'est leur admiration pour le blues. Ils ont sorti deux E.P. et trois albums dont le dernier en date Once Upon Never date de 2016. Je ne les connaissais pas, mais j'avais l'impression de voir un groupe de potes qui jouer rien que pour moi lors d'une fin de soirée bien arrosée et pourtant il n'était que 19h45 ! Ce duo nous a plongé dans leur univers musical mystérieux et multi-influencé. Un peu de blues, des touches folk/grunge/psyché selon mon interprétation libre et probablement très fumeuse.

L'air de rien, on se sentait bien avec eux. Dans cet éclairage minimaliste le batteur assurait grave et son chanteur avec sa voix éraillé étaient très touchants. Le public bien que parsemé s'est laissé envoûté par cette prestation atypique. On entendait tantôt des ballades, tantôt des riffs bourrins. Le guitariste un rien perfectionniste ne cessait ne vouloir ré accorder sa guitare par "respect pour le public" disait-il. On a ri et on s'est laissés transporter par cette musique un rien enragée et mélancolique. Une bonne surprise et une mise en bouche qui finalement convenait pas mal comme introduction pour cette soirée.



Partie II : The Texas Chainsaw Dust Lovers

Changement radical d'ambiance. Derrière ce titre anglophone à rallonge se cache un groupe français encore une fois, parisien également, mais dont la réputation est apparemment on ne peut plus assurée. Je ne les connaissais pas (pas de chance !) mais j'ai pu constater qu'à la vue de ce public rapidement enthousiaste et euphorique, qu'il comptait d'ores et déjà de nombreux fans dans la salle. On se tasse bien, la température augmente de quelques degrés et on enfonce bien ses bouchons dans les oreilles pour ce qui va suivre. The Texas Chainsaw Dust Lovers ou TTCDL pour ceux qui ont la flemme de tout écrire comme moi, c'est un groupe qui officie dans un autre style, nettement plus chargé en basse (encore heureux, c'était quand même le but de la soirée). Il jouent une musique qui sonne heavy/stoner/groovy, c'est festif, enjoué, ça sent la chaleur et la poussière d'un vieux western spaghetti, mais ils sont Français, donc comme quoi, la musique est vraiment universelle. Selon leur Bandcamp, il existent depuis 2013. Ils sont beaux et jeunes (tant qu'à faire). Leur chanteur est très mignon et enthousiaste, le bassiste est concentré mais ne fait même pas spécialement la gueule, et l'autre guitariste avec ses tresses a une vraie allure de rock star. Pour faire un rapide aperçu de leur carrière je pourrais dire qu'ils ont sorti trois albums dont le dernier Film Noir date d'octobre 2017. C'est donc tout frais et dispo pour nos oreilles. 

Ils sont arrivés à quatre sur scène, et nous ont entonnés des airs très rapidement entraînants dans des conditions acoustiques franchement appréciables. Le premier morceau sonnait très heavy, la choix du chanteur bien que surprenante et claire passe très très bien. Le public déjà conquit à la cause et à l'univers musical de ce groupe m'a permis d'entrer très rapidement dans l'ambiance. En clair, c'était difficile de leur reprocher quoi que ce soit et de se faire chier tant ils captaient l'audience avec leur show électrique. Ça m'a surpris, parce que je ne m'attendais pas à ça, mais faut dire qu'ils jouaient à la maison, alors forcément, ça devait être le rendez-vous incontournable pour les amateurs du genre. Vas-y que je te fais les œillades, vas-y que j'invite le public à taper dans les mains, claquer des doigts et même chanter les paroles des titres les plus accrocheurs. Surprise du chef, nous avons même eu un morceau sur fond d'harmonica joué par le guitariste (ah ben on parlait pas de western pour rien !) et aussi deux morceaux avec un cinquième musicien inopiné, un saxophoniste qui avait sorti une veste de costume pour l'occasion. 

Ils ont tenu le public en haleine jusqu'au bout dans une ambiance bonne enfant et joyeusement agitée. On aurait bien voulu en reprendre une dose après 40 minutes de set, mais bon, il fallait bien laisser la place à The Midnight Ghost Train. Et pour confirmer leur réputation, sachez que ces bonhommes jouent au Hellfist cette année. Raison de plus pour ne pas faire l'impasse et jeter un œil à leur discographie et leur musique. Personnellement, je ne les oublierai pas. 



Partie III : The Midnight Ghost Train 

Ahhhh The Midnight Ghost Train, aaahhh ben oui. Il y a des groupes comme ça, on tombe dessus et ça fait "boum" déclic de ta vie que tu vois défiler rien qu'en écoutant un morceau. J'avais lu par hasard une chronique d'un cd live de ce groupe, ça en disait le plus grand bien, qu'ils assuraient un show d'enfer et que c'était absolument incontournable dans le genre avec une conclusion implacable : "Mais ce groupe est génial, il faut que je les voie en concert en vrai rapidement". (Notez que c'est un peu ce que je sors sur tous les groupes que je chronique ici, donc ça me rassure un peu de voir qu'il y en a d'autres qui font ce genre de prosélytisme qui suinte la groupitude) Merde. C'est vrai, j'avais jeté une oreille timide au titre "Red Eyed Junkie Queen" et accroché dans la foulée au groupe. Passé la phase de découverte, j'ai donc eu envie d'explorer leur discographie en long et en large, histoire de m'abreuver de ces riffs ravageurs et de cette batterie envoûtante.  

The Midnight Ghost Train c'est heavy (dans tous les sens du terme), ça déboîte et ça te dépoussière tes canaux auditifs. Écouter un morceau te donne furieusement envie de battre la mesure et bouger frénétiquement la tête. Bon, vu comme ça t'as l'air un peu con dans ta rame de métro, mais tu t'en branles, parce que The Midnight Ghost Train c'est une expérience sensorielle hors du commun qui te ramène à tes bas instincts et ainsi, sans honte tu fredonnes des airs et envoie chier tout ce qui relève de la bonne conduite dans les lieux publics. Bref, voilà la définition d'un très bon groupe. Ils existent depuis 2008, ce trio qui a suivi quelques changements de line-up mais nous gratifie d'un son toujours en constante évolution. Leur quatrième album Cypres Ave. (2017) nous prouve ainsi que tant que la base est bonne, qu'importe le changement, on ne peut qu'adhérer et apprécier. 

C'est donc avec une certaine délectation que j'attendais leur arrivée, convaincue que j'allais assister à quelque chose de grandiose. Sans retenue, je trépignais d'impatience parce qu'il faut reconnaître que je n'étais venue que pour ça. Sans honte, j'ai donc fait l'éloge de ce groupe à une personne qui ne les connaissait pas (mais qui ose de nos jours ?). Après quelques balances, le souci du chanteur guitariste étant notamment d'augmenter le volume des instruments de manière considérable. Le bourdonnement de la batterie étant assez révélateur. On enfonce donc encore plus nos bouchons et on attend.

21h55 le trio monte sur scène sous l'acclamation du public. La batterie vibre jusqu'à nos entrailles et on est rapidement transportés dans l'univers musical de The Midnight Ghost Train, comme quoi, le bonheur se résume à pas grand chose. Si le son s'avère un rien brouillon sur le premier titre, l'ingénieur du son sauvera la mise sur le suivant, mais on sent bien que ça relève de l'exploit, tant le volume sonore est assourdissant.

La foule est hystérique, ceux qui arrivent encore à tenir sur leurs jambes flageolantes se permettent de de se laisser aller à des regards furtifs en mode "ah oui, mais ce groupe est génial !". On vous avait prévenus. On beugle joyeusement sur "Tonight", puis assez rapidement et instinctivement, la foule condensée de la fosse se met en branle, certains fans transportés par la musique se lancent instinctivement dans une joyeuse agitation, hommes et femmes y compris s'adonnent à leurs plaisirs pogotiens. Et bien oui, fallait reconnaître que c'était quand même prévisible.

Les photographes diront que l'éclairage était pourri comme d'habitude au Glazart, les perfectionnistes diront que le son aurait pu être meilleur. Mais hey les mecs, c'est des conditions live ! Rien ne peut être parfait. En attendant, ce que j'aime beaucoup, et ce qui s'est confirmé ce soir-là, c'est qu'assister à une performance de The Midnight Ghost Train, c'est s'attendre à redécouvrir tous leurs morceaux. Le leader, avec sa voix si atypique (on dirait qu'elle a été baignée par des années de bain de bouche au whisky) prend un malin plaisir à rendre hystérique le public avec ses solos ravageurs, et oui, on aime ça et on en redemande.

J'estime la température de la salle à environs 45 °C ce soir-là, des cœurs et des esprits bouillonnants de bonheur et d'euphorie musicale. Pour ceux qui en doutaient encore, le trio américain qu'on range dans la catégorie stoner, mais qui est en vérité beaucoup plus que ça est un incontournable en live. Ils en veulent, ils en donnent, et très franchement, ça fait plaisir de passer une telle soirée avec un groupe aussi passionné. Un peu plus de onze heures passées, le groupe tire sa révérence,  prenant soin de nous saluer et nous dire à la prochaine je suppose. Nous sommes sortis ainsi hébétés et ravis d'avoir pu assister à une telle performance. La personne qui ne connaissait pas le groupe m'a ainsi confirmé que j'avais raison et que c'était "génial en live". Et pour couronner le tout, moment groupie compliant, j'ai pu croiser par hasard le chanteur au détour du vestiaire, je l'ai salué comme à un pote et je lui ai dit en face que j'avais adoré sa performance. Voilà.




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