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[CR CONCERT] Satyricon + Suicidal Angels à la Machine du Moulin Rouge, Paris (07/03/2018)


Après un rendez-vous manqué en septembre dernier dû à un gros incident technique à la Maroquinerie, changement de tourneur et de salle, Garmonbozia a ainsi organisé le dit concert à la Machine du Moulin Rouge, comme lors de leur dernière visite. Comme nous étions forts contents à l'idée ! On aurait raté ça pour rien au monde. En plus, ça nous a laissé un peu plus le temps pour se familiariser avec leur dernier album Deep Calleth Upon Deep (2017).


Partie I : Suicidal Angels

À peine le temps de se faufiler rapidement dans la salle, j'arpente le couloir et j'entends déjà le groupe se présenter et faire grincer les premiers accords. Il n'est que 19h28, on m'avait assuré que le groupe ne commençait qu'à 30, nos horloges ne sont pas synchronisées. Je n'aime pas ça. Devoir me désaper et caler mes bouchons à la hâte. Je me cale derrière la console de l'ingé son et peux ainsi apercevoir le début de la prestation tout en me préparant. Cette précipitation a surpris tout le monde, y compris le public bien clairsemé dans la fosse de la Machine. C'est con, mais on fera avec. 

Suicidal Angels est un groupe qui détonne en première partie du groupe. C'est du Thrash, certes, Satyricon est reconnu pour avoir des goûts plutôt éclectiques en matière de première partie, mais je ne comprends pas vraiment ce qui a motivé le groupe ou l'orga à proposer un tel style. Autant vous dire tout de suite, le Thrash ce n'est pas vraiment ma came de prédilection. Tout ce que je sais de ce groupe c'est qu'ils sont Grecs, qu'ils existent depuis en gros 2001 et que leur dernier album Division of Blood (2016) a semble-t-il reçu un accueil critique plutôt favorable. Pour ma part, j'ai surtout regardé leurs t-shirts et leurs gros muscles, et je me suis appliquée à faire honneur en leur musique en m'approchant de la scène et en bougeant la tête, parce que faut reconnaître que la rythmique et les riffs accrocheurs donnent globalement assez envie naturellement, qu'on aime ou pas le genre de musique, ça marche à tous les coups. 

On peut au moins leur reconnaître que malgré la faible motivation du public, ils ont mis beaucoup d'entrain dans leur prestation. Déjà le groupe est bien équipé, ils mettent en valeur la pochette de leur dernier album derrière eux, et de ce fait, difficile de ne pas savoir de qui il s'agit. Les mecs ont vraiment une allure de thrasheurs, le chanteur pote un t-shirt Asphyx, comme ça, au moins on est fixé sur les influences du groupe. Je le trouve mignon avec ses cheveux longs, et le bassiste un peu rageux avec son t-shirt "fuck off" qui arbore un gros doigt d'honneur, il fait ainsi figure de référence à tous ces bassistes qui font la gueule. C'est totalement approprié. Quant à l'autre guitariste, arborant un t-shirt sans manches et ses gros bras musclés, t-shirts apparent laissant apercevoir un téton que je ne saurais voir. Je pense que mon œil un peu pervers a été captivé par ce spectacle musical et visuel. Ils y ont vraiment mis du cœur à l'ouvrage, haranguant la foule à faire des circle pits et pogos enflammés. Bon, c'est un peu bête car comme je le disais précédemment, le public était clairsemé, et même si certains fans du groupe arboraient les t-shirts pour l'occasion, ils n'étaient pas suffisamment en nombre pour que ça ressemble à quelque chose de vraiment spectaculaire. 

Bon, même si ce n'est pas du tout ma came, le son était bon et j'ai passé un moment agréable agrémenté de grandes barres de rires avec mes collègues de fosse. Suicidal Angels avaient l'air d'être contents d'être venus et de l'accueil du public. C'est le principal. 45 minutes de set et puis on n'avait plus qu'à attendre patiemment avant l'arrivée de Satyricon.

Setlist :

01 - Capital of War
02 - Bloodbath
03 - Reborn in Violence
04 - Front Gate
05 - Eternally to Suffer
06 - Seed of Evil
07 - Moshing Crew
08 - Apokathilosis



Partie II : Satyricon

Satyricon, c'est une longue histoire, une sorte d'amitié entre vieux potes qui perdure depuis que j'ai jeté une oreille dans ce qui se faisait en black metal. Et pour cause, j'en parle comme si c'était vraiment mes potes, j'évoque Sigurd et Frostounet, je m'extasie sur leurs prestations et je parle des changements capillaires de Sigurd ou de l'épilation sourcillienne de Frostounet en faisant abstraction du fait que cela puisse intéresser ou non mon interlocuteur. J'ai connu Satyricon sur le tard, je connais donc leur évolution musicale, ça ne me choque pas, je vois ça comme un tout. Je n'ignore pas pour autant tous ces détracteurs et nostalgiques qui pleurent et crient au scandale "Satyricon c'était mieux avant, ouais Dark Medieval Times, ça c'était bien, maintenant c'est pourri !". Oui, OK, cet album était très bon, c'était une chouette époque, je ne l'ai pas connue mais je n'en doute pas. N'empêche qu'il faut que j'avoue un truc, Dark Medieval Times, ce n'est pas mon album préféré. Oui, celui que je préfère c'est The Shadowthrone. Mais Sigurd et Frostounet s'en branlent, ils ne jouent jamais les chansons de cet album en concert, je n'ai même pas réussi à trouver un live de "In the Mist by the Hills", j'en déduis donc que cette chanson en live relève du mythe. Bref, et est-ce que je râle hein ? Est-ce que je proteste et dis que c'était mieux avant ?

Bon alors du coup en 2018 faudrait peut-être un peu évoluer. Satyricon ils osent tout, même sortir un album avec un fond blanc et un graphisme d'Edvard Munch qui choque tout le monde, on crie au scandale, on dit que c'est moche et blablabla... Bon, l'air de rien, on critique la pochette (personnellement je l'aime bien, mais c'est aussi parce que j'aime Munch) mais en attendant, je crois qu'à sa sortie, c'est la première fois que j'ai vu un ratio important de chroniques positives. Bref, est-ce que Deep Calleth Upon Deep a réussi à réconcilier les fans de la première heure avec le groupe ? Personnellement j'ai trouvé l'album sympa, mais le son trop propre. Autant pour le précédent, je l'avais intimement lié avec le live à l'Opéra d'Oslo, je trouvais ça cohérent et je passais de l'un à l'autre. Ce dernier-là ne m'a pas fait un effet foufou, même si bon, j'ai pensé qu'en live il y avait certainement du potentiel.

La Machine du Moulin Rouge n'affichait pas un concert complet. Donc comme quoi, y'en a toujours qui trouvent à dire que Satyricon c'était mieux avant. Tant mieux, ça fait plus de place pour les fans. Ce coup-ci on ne déconne pas, on se faufile à travers la foule, on se glisse gentiment près de la scène pour rejoindre le deuxième rang. Avec une vue sur le le pied du micro trident et la batterie toujours aussi monumentale de Frostounet. Une demi-heure d'attente à évoquer nos amours de toujours, de parler de cette pochette qui s'installe en fond de scène. Ahhh c'est blanc, c'est pas black metal ! On prend gentiment notre mal en patience, puis à 20h44 les lumières s'éteignent, à travers la fumée et spots violacés, le plat de consistance la soirée arrive enfin !

Sigurd beau comme un dieu accompagné de ses compères et de Frostounet qui ne bougera pas d'un poil de derrière sa batterie entonnent ainsi l'air du premier titre de la soirée et celui du dernier album "Midnight Serpent". On est tout de suite plongé dans le cru Satyricon 2017 (oui l'analogie avec le vin était facile n'est-ce pas Sigurd ?). Moralité, comme le laissait présager l'album, en live ça a tout de suite une autre saveur. L'arôme est plus prononcé, plus rond en bouche et en oreilles. Ça m'a convaincu dans l'idée que c'était fait pour être surtout apprécié en live. Ça a l'air de convaincre le public. Tant mieux, on enchaîne sur "Our World, It Rumbles Tonight", titre de circonstance qui dépote pas mal, cru 2013 ce coup-ci. Les retrouvailles ont tout bien l'air de bien se passer. Mais c'est avec "Black Crow on a Tombstone" issu de The Age of Nero (2008) que le public montre enfin son vrai visage et sa ferveur Satyriconienne. Ça fait plaisir à voir et à entendre. La magie opère parfaitement. Le groupe mené par un Sigurd charismatique conclue sa première salve musicale par le titre "Deep Calleth Upon Deep" histoire d'installer confortablement la soirée aux couleurs de cet album. Je me surprends moi-même à fredonner les paroles. C'est efficace et ça passe bien.

Nous y voilà. Après notre rencontre avortée en septembre dernier, ils sont de retour, eux autant que nous sommes plus motivés que jamais à embraser cette soirée comme il se doit. On sent déjà que nos vêtements commencent gentiment à nous coller à la peau. C'est bon signe. On enchaîne sur la suite avec "Die by My Hand" qui finit par mettre tout le public en accord avec la tonalité de la soirée. Même sans le chœur de l'opéra, ce titre dépote grave en live. Nous gueulons joyeusement lorsque Sigurd nous le demande. On prend un pied fou et on sent qu'on va passer une soirée de dingue mais surtout, que ce n'est que le début. "Nocturnal Flare" continue sur sa lancée. Nous sommes devenus fous, totalement possédés par la musique. On enchaîne sur un autre titre de The Age of Nero, "Repined Bastard Nation" qui continue de nous emporter dans cette quête de la brutalité. On finira la deuxième partie de ce set par "Now Diabolical" qui a cette incroyable capacité à galvaniser la foule comme jamais.

Mais puisque c'était tout de même la soirée qui mettait à l'honneur le dernier album. Après une courte pause, le groupe revient pour entonner "To Your Brethren in the Dark" puis "Dissonant". La suite fera plaisir aux amateurs de la première heure. Sigurd sort sa guitare et le groupe nous gratifie d"un "Walk the Path of Sorrow" issu de Dark Medieval Times. Mais était-bien bien la peine de le préciser ? Après ce voyage dans le temps en 1994, on avance un peu, jusqu'à 1996 pour un titre instrumental et planant "Transcendental Requiem of Slaves". Les nostalgiques pourront ainsi s'ébahir devant la performance. Peu de temps pour se reposer néanmoins puisqu'ils enchaînent sans prévenir avec un "Mother North" enflammé. La foule est ainsi toute conquise à la cause et au charme envoûtant de la musique de Satyricon. C'est fou, "Mother North" ça marche à tous les coups.

Le groupe semble partir. Haha, mais c'est pour mieux revenir et jouer "The Pentagram Burns". On sent quand même que notre cœur palpite, qu'on dégouline à mort. On a aucune idée de depuis combien de temps on s'agite comme des fous. "Fuel for Hatred" continue sur sa lancée. Et comme c'est de coutume, le groupe conclue définitivement la soirée avec son célèbre "K.I.N.G", qui, au même titre que "Mother North", semble être un incontournable pour finir la soirée. C'est simple, court et intense. Le groupe nous quitte sous une foule d'applaudissements et de cris hystériques (dont j'ai fait moi-même partie, je l'admets sans honte). Comme le disait Sigurd plus tôt dans la soirée, des mercredis soirs comme ça, on devrait s'en faire plus souvent. Effectivement. Il faut reconnaître que Satyricon ne s'est pas foutu de notre gueule, 1h45 de folie musicale c'est quand même pas souvent qu'on voit ça dans le black metal aujourd'hui.

Bref, pour ceux qui en doutaient encore, Satyricon est un groupe généreux qui dépote toujours autant en live, c'est sans conteste le meilleur concert de leur part auquel j'ai eu le privilège d'assister. Ça a été bien dur pour moi de me retenir au merch', d'autres auront craqué, bien entendu, je n'ai toutefois pas encore vu de gens partir avec le set de verres à 85€ à l’effigie du groupe (ou comment haïr jusqu'à la fin de ses jours ton pote maladroit qui a commis l'affront de casser un de ces précieux).

Setlist :

01 - Midnight Serpent
02 - Our World, It Rumbles Tonight
03 - Black Crow on a Tombstone
04 - Deep Calleth Upon Deep
05 - Die by My Hand
06 - Nocturnal Flare
07 - Repined Bastard Nation
08 - Now Diabolical
09 - To Your Brethren in the Dark
10 - Dissonant 
11 - Walk the Path of Sorrow
12 - Transcendental Requiem of Slaves
13 - Mother North

 Rappel :

14 - The Pentagram Burns
15 - Fuel for Hatred
16 - K.I.N.G

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