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[CR CONCERT] North of the Wall Festival : Jour 1 (27/04/2018)


Les choses sérieuses peuvent enfin commencer. Début d'aprèm 15h00, nous nous engouffrons dans le Garage pour la seconde fois. On a un peu l'impression de revenir chez soi. Cette fois-ci, pas de retard en perspective. Tout le monde étant équipé de son précieux bracelet. Le festival sera partagé entre les deux salles, la salle principale MAIN HALL pour les têtes d'affiche et G2 pour les groupes peu plus underground. Quasiment aucun chevauchement entre les sets (à part une dizaine de minutes parfois), l'amateur averti, s'il est motivé pourra donc assister à la quasi intégralité de toutes les performances dans les conditions optimales d'une salle de concert, on ne peut pas rêver mieux pour passer un bon festival.




Partie I : Abyssal

Abyssal a eu la primeur d'entamer les festivités NOTWesques. C'est un groupe originaire du Royaume-Uni qui carbure à un black/death/doom un peu pesant. Ils existent depuis 2011 et ont déjà trois albums à leur actif dont le dernier Antikatastaseis (essayez de le dire d'une traite rapidement et sans trébucher, un vrai défi d'orateur) date de 2015. Stylistiquement, Abyssal, ça me fait vraiment penser à du Portal mais en plus audible et plus aérien acoustiquement parlant. En clair, si on croyait pouvoir se reposer tranquillou avec ce groupe, c'était un peu râpé.

J'arrive à temps juste pour le début de la prestation. Nous avons la chance de pouvoir suivre cela sur la grande scène. Des spots bleus éclairent les musiciens (rapide rappel chromatique  de la jolie pochette de l'album), le chanteur est drapé d'une longue tunique noire qui le recouvre entièrement, un peu à la manière de la Mort personnifiée ou un Nazgûl. Les autres membres sont également capuchonnés, mais point de manière aussi spectaculaire que leur leader. La musique est composée d'un chant rauque assez granuleux, et les phases rythmiques lentes/rapides sont suffisamment bien équilibrées pour permettre à l'auditeur de ne pas sombrer dans l'ennui. Nous sommes plongés dans une abysse assez épique et pesante. Mais c'est sans compter sur ces élans de brutalités qui mettrons vos tympans à rude épreuve. Nous avons un peu l'impression d'assister à une oraison funèbre, mais façon bourrine. Le set dure ainsi, jusqu'au dernier titre où le chanteur s'en va d'un pas lent, sans même prendre la peine de nous dire au revoir, laissant ses musiciens finir brillamment un set dans une partie instrumentale de qualité. Je suis vraiment étonnée par la qualité acoustique du bouzin. Sur la grande scène ça rendait vraiment bien. Voilà un groupe qui a su admirablement entamer ce festival.

Nous en sortons un peu déboussolés après 45 minutes de brutalité, la tête en vrac, assourdis, la bouche et les oreilles pâteuses. Pas le temps de se remettre de nos émotions toutefois. Il fallait enchaîner rapidement sur un autre concert au G2.



Partie II : Spectral Apparition

Suite des festivités. On descend les escaliers pour se diriger vers la deuxième scène G2 et assister à la performance du deuxième groupe de la journée, Spectral Apparition. C'est un groupe anglais, jeune, qui n'a pour l'instant qu'un E.P. à son actif Manifestation (2016). Niveau genre, on a affaire à du death, tout ce qu'il y a de plus classique dans le genre.

Niveau performance en conditions live, je ne peux pas dire que ce groupe m'a ébloui, déjà parce que je trouvais que pas mal de choses sonnait comme du "déjà entendu". Au final, ils ne sont pas mauvais non, leurs riffs sont passablement accrocheurs, leurs tempos mi-rapides, mi-lents à la limite d'une tendance funeral doom est assez plaisante faut le reconnaître. Mais tout dans leur attitude avait un quelque chose de terriblement classique et commune au genre. En clair, j'ai eu l'impression d'écouter un n-ième groupe de death, et leur perf est passée totalement à côté de mes esgourdes en terme d'originalité. À peine écouté, j'avais déjà oublié à quoi ça ressemblait. J'ai eu beau fouiller dans mes notes pour savoir si quelque chose m'avait marqué, c'est sympa, certes, mais comme précédemment écouté en album, ça n'est pas inoubliable ni transcendant. Accordons-le alors quelques années, l'occasion de la sortie d'un album pour qu'ils gagnent en maturité, et en originalité surtout, qu'ils trouvent leur marque et leur identité qui leur est propre.



Partie III : Hooded Menace 

Voilà un des groupes qui m'a sérieusement motivé à venir au NOTW. J'aime le doom, les capuches, la Finlande et le gros son qui fait "niooooooon" tout en lenteur. C'est un groupe sur lequel je suis tombée par hasard, flânant chez un de mes disquaires préférés, sous le charme de la pochette de Darkness Drips Forth (2015) au premier abord, après écoute ça m'a fait un gros *BAM* dans mes canaux auditifs. Mon amour pour le doom avait été ressorti d'outre-tombe rien qu'avec cet album. J'ai donc écouté un paquet de fois cet album, le savourant encore davantage à chaque écoute. La sortie du dernier Ossuarium Silhouettes Unhallowed (2018) (pas de doute, on est ben dans le doom avec un titre pareil) laissait présager du très bon. Il mérite quelques écoutes pour être apprécié, mais une fois chose faite, il se savoure et on se rend compte que ces riffs restent bien dans la tête. Mais je m'égare. Hooded Menace, abstraction faite du logo que je trouve immonde carbure donc dans le doom aux soupçons de death depuis 2007 déjà. Avec cinq albums à leur actif, c'est un groupe régulier qui ravira les amateurs du genre par la constance et la qualité de leur production depuis leurs débuts.

Pour ma part j'étais fort ravie de pouvoir les voir. Le doom ça ne passe pas vraiment souvent (pour ne pas dire jamais), en France, il semblerait qu'on n'est pas trop amateur du genre. Mon rêve le plus fou c'est d'assister à un concert de funeral histoire de m'endormir à la fin de la soirée. Mais ce genre de chose n'arrive qu'en traversant la Manche. Je suis un peu dégoûtée, tout comme à l'idée que Hooded Menace joue en pleine après-midi. Fort heureusement, nous sommes dans une salle, nous pouvons donc parfaitement donner l'illusion d'obscurité ambiante. On se contentera donc de ça. 

Dans une grande salle bien remplie, le groupe monte sur scène. Le vocaliste arborant par la même occasion un t-shirt de ses compatriotes de Beherit et un pantalon en sky archi archi moulant (sexy !). Je sombre dans une joyeuse hystérie placée au premier rang, je ne rate pas une miette et ai un angle de vue parfait sur toute la scène. Ils ont quand même la classe ces mecs. Le plus surprenant, le bassiste ne fait pas la gueule. Avec ses cheveux longs et son grand sourire, il harangue la foule à coup de "acclamez-moi !", alors qu'en comparaison, les guitaristes sont plutôt discrets. Les deux étant capuchonnés (y compris le batteur, nous voilà sauvés, ils font honneur au nom du groupe !), celui à gauche porte même des lunettes de soleil, il a un air sérieux, et celui à droite est concentré sur son instrument. Je ne pense pas l'avoir vu sourire de toute la soirée. La voix caverneuse du chanteur nous emporte assez rapidement dans leur univers. Ils alternent brillamment entre titres plus anciens et mise en valeur du dernier album. Ils ont ainsi réussi le pari de faire du doom super pêchu car c'était pas gagné sur le papier. 

Le set n'a subi aucun désagrément majeur, si ce n'est un léger souci technique pour le bassiste, qui ne s'est fort heureusement pas éternisé. Leur prestation nous a laissé à tous un souvenir mémorable, et on a pu ainsi par la même occasion dire qu'importe l'heure, quand la musique est bonne, en soirée ou en après-midi, elle nous transporte de la même façon. Hooded Menace est un groupe qui assure sur scène, je maudis les tourneurs français de ne pas proposer cela par chez nous. Comme ça c'est dit.



Partie IV : Fides Inversa 

Ah c'est bien beau tout ça. Mais où est passé Satan ? Oui, parce que j'ai signé pour un festival de black/doom/death et pour l'instant on n'a pas trop causé de Satan. Et bien justement, Fides Inversa, formation originaire de Rome en Italie est un groupe de black metal bien satanique comme on les aime. Bon, déjà, rien qu'avec le nom, on s'en doutait que ça allait être un peu subversif. Ils existent depuis 2006 et n'ont sorti que deux albums aux noms en latin à rallonge (en voilà des rares mecs qui ont vraiment aimé faire option latin au collège, sans doute parce qu'en italien c'est plus facile, et que ça claque comme nom d'album comme on veut la jouer sataniste à fond). Donc premier album Hanc Aciem Sola Retundit Virtus (The Algolagnia Divine) (2009), que j'ai écouté et qui m'a plu et Mysterium Tremendum et Fascinans (2014), un poil en-dessous selon les critiques parait-il. Enfin, la formation mérite de s'y attarder, car c'est du black metal d'influence seconde vague bien sympa et qui a la particularité d'avoir un vocaliste batteur, ce qui n'est pas commun dans le genre. Donc Forza Italia tout ça tout ça.

Le mot d'ordre de l'idéologie est donc : codes inversés. Le nom est parlant, de même que leur allure. Les musiciens portent des sortes de toges de moines un peu stylisés, leurs visages grimés de corpse paint. En bref, ils font peur non ? C'est bien sataniste tout ça. Mais pourquoi tant de haine ? Ben parce qu'ils sont italiens et ils en ont probablement marre de tout le tralala religieux. Jusque là, on pige bien le délire. Ce black metal est furieux, haineux à son paroxysme, on nage en plein délire musical sur fond de riffs d'une rapidité extrême et brut de décoffrage. En clair, on n'est pas là pour taper un roupillon. Oh que non ! Même pas le temps de reprendre son souffle, à l'image du batteur/chanteur qui tambourine à vive allure et grogne sans discontinuer. Sacrée performance ! Le groupe nous gratifie même d'un chanteur invité pour l'occase, une sorte de blondinet un brin énervé (que je suppose être le vocaliste de Darvasa qu'on verra plus tard). J'ai aimé. Autant en album c'est sympa mais un peu plat. Le son probablement trop propre. Mais en concert ça débouche bien les oreilles, c'est fou, c'est frais et tradi à la fois. À la fin de la prestation, tout le monde sentait une bonne aura de satanisme bien sale nous envahir. Il était temps de se reposer un peu pour la suite. Ça tombait bien, The Ruins of Beverast a un tempo un brin pour lent.



Partie V : The Ruins of Beverast

Tout droit sorti de la tête d'un bonhomme passionné de musique et un rien perfectionniste, The Ruins of Beverast et un projet ambitieux qu'un certain Alexander von Meilenwald cultive depuis 2003 déjà. Vous l'aurez deviné, ça sonne germanique ce patronyme. Et pour cause, ce cher Alexander est Allemand. Avec cinq albums à son actif, donc le dernier Exuvia date de 2017. On devine que ce gugus n'a pas chômé depuis tout ce temps. Personnellement, je ne connaissais pas ce groupe avant d'en entendre parler au NOTW. J'ai donc écouté l'album d'une oreille timide, et je me suis rendue compte que ses compositions musicales avaient tout d'un monument. C'est dense, ça passe du doom au black avec un soupçon de death. Les titres sont longs, ça demande du temps pour appréhender l'univers du bonhomme. Néanmoins, vu que ça laissait présager du grandiose, avec des musiciens en invités indispensables pour les conditions live. La grande scène pourrait ainsi permettre à toute l'ampleur musicale du projet de s'épanouir, bien mieux qu'un album au son aseptisé. Je disais oui, car en boîte ça rend déjà vraiment pas mal du tout.

The Ruins of Beverast comptait nombre de fans. La grande salle bien remplie. Et le moins que je puisse dire c'est qu'avec The Ruins of Beverast on ne sait littéralement pas sur quel pied danser, ni même à quel rythme d'ailleurs. J'ai pris la peine de reposer mon dos souffreteux, ça m'épargnera ainsi des écarts impardonnables au genre. Entre rythmes furieux et passages doom planant. Ce groupe est parfait pour se reposer un court moment et se laisser aller à des méditations métaphysiques acoustiques. C'est grandiose The Ruins of Beverast, Alexander alterne brillamment chants gutturaux plein d'agressivité et chants clairs épiques. Pas de doute, on est bien dans le doom. C'est triste quand même comme son, triste, torturé, et épique à la fois. La tête du bonhomme surprend (une sorte de mec au crâne rasé avec un débardeur noir), mais il se débrouille très bien dans son jeu de scène. De là où j'étais ça m'a bien plu, et aux autres aussi, et ça c'était chouette. Mais hey, j'ai pas vu le temps passer, faut vite que je fasse un tour voir Darvaza.



Partie VI : Darvaza

Confirmation supposée dès l'arrivée devant la petite scène. Le blondinet agressif en invité chez Fides Inversa est bien le vocaliste de Darvaza. Alors là pas de doute, même pas besoin de réfléchir bien longtemps, on baigne bien en plein black metal. Je suis un peu déçue, j'ai raté le début, et la fin. Seulement 20 minutes pour pouvoir entrer et apprécier leur univers musical. Darvaza est un groupe jeune qui n'a pour l'instant que deux E.P. à son actif, The Dawnward Descent (2015) et The Silver Chalice (2016) mais ça ne veut pas pour autant dire que les membres qui composent le groupe n'ont pas de la bouteille dans le milieu. Internet s'embrouille quant à la localisation géographique et la dénomination de nationalité de ses membres. Nous avons d'un côté un certain Omega, italien d'origine qui n'est autre que le vocaliste batteur de  Fides Inversa (c'est donc pour cela qu'ils sont copains !). On le retrouve ou on l'a retrouvé dans une tripotée de projets tous plus black metal les uns que les autres, nous pouvons citer à la volée Blut Aus Nort, Acherontas, Chaos Invocation etc. la liste est longue, mais en clair, on n'a pas affaire à un noob. Puis d'un autre côté un Suédois (attention subtilité) qui a choisit de vivre de l'autre côté de la frontière en Norvège (car c'est là que le black metal est meilleur, tout le monde le sait) qui s'appelle Wraath mais qu'on connait aussi sous le patronyme de Luctus (alors que son vrai nom c'est Björn, dans le genre classique en suédois on ne peut pas faire mieux) et qu'on retrouve notamment dans Behexen, One Tail, One Head pour ne citer qu'eux. Donc, pour revenir à nos moutons, Darvaza c'est un jeune projet bien prometteur.

Très vite, le moins que l'on puisse dire c'est que ça m'a bien plu. Le leader blondinet a fière allure, il est énergique, sûr, de lui, un peu Taakien dans l'esprit. Et pour cause, les autres musiciens arborent sans honte le logo du groupe sur leur veste en cuir sans manches (histoire de nous rappeler qui ils sont, ça peut être pratique pour retrouver leur merch' rapidement). C'est fou, énergique, le blondinet n'hésite pas à faire gueuler la foule à plein poumons. C'est efficace, son énergie est communicative. Difficile de rester insensible à une telle prestation et tous les efforts fournis par le bonhomme. Ça ne rate pas, je me laisse aller à faire jouer mes cervicales. Seulement voilà, l'heure tourne et bientôt allait commencer un grand groupe que j'attendais depuis moult temps, Cult of Fire. À regrets, je m'en vais donc avant la fin. Ce que je n'aurais en fin de compte pas dû faire car le groupe a mis un temps pas possible à faire ses balances, occasionnant un retard non négligeable qui m'aurait ainsi permis de voir la fin de Darvaza. Un peu déçue, mais contente tout de même de cette première impression du groupe. Je garde dans un coin de tête le nom et je tâche de m'engager à suivre leurs nouvelles sorties. Et vous aussi, si vous aimez le black metal, cela va de soit.



Partie VII : Cult of Fire

Telle une groupie hystérique, j'arrive en trombe dans la salle et me cramponne fermement à la barrière. Cult of Fire, ce n'est pas seulement un des groupes mythiques de la nouvelle scène black metal mais aussi une prestation live qui vaut le détour. Chaque fan averti saura qu'on ne peut, et d'ailleurs on ne doit surtout pas en rater une miette, ni même subir un écart dans son champ visuel pour pouvoir décemment apprécier leur prestation. Et oui, ils font partie de ces groupes friands de bougies, encens et bibelots (mais vu leur patronyme, c'est normal d'avoir autant de bougies sinon ce n'est pas tradi). Pour faire un rapide coup d’œil de leur discographie, et bien c'est rapide, deux albums, le premier Triumvirát en 2012 et le second, bien plus populaire मृत्यु का तापसी अनुध्यान en 2013 (ou Ascetic Meditation of Death, si comme moi vous ne lisez pas le sanscrit couramment). Et depuis ? Ben ils se font désirer ces mecs. Mis à part quelques E.P. et un album live sorti fin mars, ben on peut dire qu'ils savent mettre la patience de leur public à rude épreuve. Enfin, on ne les en voudra pas. C'est à ma connaissance le seul groupe originaire de République Tchèque que je connaisse et je le trouve bien sympathique ma foi.

Arrivée bien en avance, j'ai pu donc assister à la mise en place de la scène et aux balances du groupe. Privilège de groupie, j'ai eu l'occasion de voir leurs bobines. Et bien je peux vous dire qu'ils n'ont rien d'effrayant et qu'ils ressemblent tous à des metalleux tout ce qu'il y a de plus metalleux sans leurs toges. Chacun étant fort tatillon sur ses réglages, plus ou moins de basse, plus ou moins de volume sonore au chant. On grogne, on fait quelques riffs (que le public arrivé en avance reconnait, nous jubilons en prévision). Pour l'occasion, le groupe bénéficie d'un ingé-allumage de bougies, armé d'un mini-chalumeau, il a la lourde tâche d'allumer tout ce bazar en un temps record. Stressé dans l'obscurité, il psychote sur l'encens qui met un temps fou à s'allumer, en oublie même une bougie chauffe-plat (qu'un photographe consciencieux allumera lui-même avec son briquet, sans doute pas seulement par admiration pour le groupe, mais aussi pour un meilleur rendu de ses photos). Plongé dans l'obscurité, un léger voile de fumée et des effluves d'encens se dispersent dans la salle. Le concert peut enfin commencer. 

Tout le monde sombre alors dans une espèce d'hystérie collective caractérisée, mais maitrisée. Pas de débordement en vue, juste des cris et des acclamations. La venue du groupe était fort attendue, et pour cause, première fois dans la journée que je vois autant de monde agglutiné devant la scène. Une armée de photographe s'affaire une fois commencés les premiers accords. On sait qu'on va voir du grand Culf of Fire, et tout le monde a voulu en être. On est tous dingues, moi y compris, l'effervescence des fans contribue à me décomplexer. Le mec de la sécurité en face de nous comprend rapidement que cette agitation ne dépassera pas les barrières. Pas de débordement en vue. Il nous regarde juste d'un air intrigué (ou affligé au choix, ou les deux). Nous battons furieusement la mesure le culte du feu n'aura jamais aussi bien porté son nom tant il embrase nos tripes. 

Le son un brin moyen sur au début (guitare faiblarde et chant fuyant) s'améliorera nettement au fur et à mesure du set pour le plus grand plaisir de nos esgourdes. Ils nous ont fait le grand jeu. Ils nous ont joué du grand Cult of Fire, de beaux titres pour nous émouvoir et ça a admirablement bien marché. Ils sont partis après 50 minutes de set sous une foule d'acclamation. Nous étions heureux et conquis, conscients d'avoir pu assister à un grand moment de musicalité black metallesque épique. Pour me remettre de mes émotions il me fallait au moins une pinte et beaucoup de repos pour m'en remettre. 

Setlist :

01 - Mrtyu hī satya hai / When Death Is All
02 - Death 
03 - Horizont temnoty 
04 - Kālī mā 
05 - Astitva kī citā | On the Funeral Pyre of Existence 
06 - Khaṇḍa maṇḍa yōga 
07 - Závěť Světu 
08 - Satan Mentor



Partie VIII : Dool

Trop lessivée et pas le courage de redescendre pour les voir. J'ai fait l'impasse sur ce groupe pour me reposer avant le grand Bölzer, car choisir c'est renoncer. 


Partie XI : Bölzer

La tête d'affiche de la soirée pour conclure cette première journée de festival. On peut dire que sur le papier ça a grave de la gueule. Bölzer, nom à interprétation assez vaste et complexe. En gros, c'est quelque chose qui "bourine très vite". Ça tombe bien on est bien là pour ça. Ce duo d'instrumentiste originaire de Zurich en Suisse n'a sorti qu'un album Hero en 2016. Pourtant ils officient dans le black/death depuis 2008. L'écoute pré-festivalienne m'avait laissé un goût assez prometteur en bouche, les riffs restent bien en tête, et contrairement à ce que laisse présager l'album avant de les voir sur scène, je n'avais pas du tout l'impression qu'ils n'étaient que deux. 

Dans une salle archi comble et une atmosphère bien pesante. Comme d'autres, je n'ai pas eu le courage de me faufiler dans la foule compacte et j'ai fait ma vieille, reposant mes lombaires fatiguée sur les dossiers des banquettes à disposition dans la salle. Bénéficiant d'une vue optimale sur la scène et d'un confort lombaire appréciable. Nos godets à la main, nous avons pu profiter du spectacle en mode glandouille. En live ça se confirme, Bölzer ça envoie effectivement du lourd, de gros pâtés et de bons riffs qui bien gras. Et dire qu'ils ne sont que deux ! Dès le premier titre on ne s'ennuie pas du tout, on est baigné dans cette atmosphère de brutalité, on bat la mesure fébrilement et on ne peut s'empêcher de headbanger. Comme d'autres à côté de moi, c'est efficace et ça passe très bien. Le son est d'une incroyable qualité, rien à dire sur les réglages, je suis sous le charme. Entre deux gorgées on ne peut s'empêcher de faire jouer les cervicales et de beugler entre deux chansons. Même la foule se laisse prendre au jeu. Pour terminer la soirée Bölzer a mis tout le monde d'accord, ils n'étaient pas spécialement chaleureux, certes, mais musicalement c'est grave de la bonne. 



On ressort donc de la prestation ravis, peu après 22h les cervicales et les jambes en compote. Une bonne nuit de sommeil est nécessaire pour réparer tout ça. Le bilan du premier jour de festival est fort positif. J'en retiens que l'organisation a été au poil, les groupes à la hauteur de mes espérances et un public chaleureux et pas saoulant. On évite le syndrome du compactage pour être tout devant la scène comme on peut le retrouver dans les pays latins. C'est plaisant de pouvoir apprécier tout en respirant. Sur ce point je peux dire que j'ai été satisfaite et ravie sur toute la ligne. 

La suite, au prochain épisode.

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