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[CR CONCERT] Ecstatic Vision + Red Sun Atacama + Stoned Void à l'Espace B, Paris (09/07/2018)


Il fait une chaleur à crever, mais qu'importe ! Foulons encore les pavés parisiens à la rencontre de groupes qui finiront de nous achever en réchauffant nos cœurs, nos tripes et de nous assécher complètement. Chouette programme concocté par Below the Sun : les Ricains au son complètement trippant d'Ecstatic Vision en compagnie de deux groupes frenchies, Red Sun Atacama et Stoned Void. Qui dit mieux ?


Partie I : Stoned Void

Ce trio de stoner rock psychédélique a eu la primeur d'entamer la soirée dans une salle qui affichait encore une température acceptable. Ils n'ont pas eu à faire beaucoup de trajet pour arriver jusqu'ici puisqu'ils viennent de Paris. Ce jeune groupe officie dans le genre depuis en gros 2014, date de sortie de leur premier album Cycle. Depuis ils suivent leur bout de chemin, avec la sortie d'un petit album autoproduit tout frais de cette année Dunes and Degrees. Bref, vous l'aurez compris, ce n'était donc pas avec eux qu'on pouvait vraiment se rafraichir. Mais un peu quand même, car la musique produite reste somme toute, assez raisonnable, leurs compositions sont largement influencées de rock psyché plutôt que de stoner. Et je reconnais que ce n'était pas plus mal, car il aurait été bien difficile de poursuivre la soirée si on dégoulinait déjà après le premier set.

Ce trio présente une particularité peu banale, puisque le batteur est également chanteur. Ce n'est pas souvent qu'on voit ça, donc ça mérite d'être notifié. Ils sont jeunes beaux et fringants, avec leur allure de jeunes premiers (surtout le bassiste qui n'a pas décoché un sourire de toute sa prestation). Leur musique et leurs riffs pétillent, un peu comme les bulles des bières que le public s'enquillait joyeusement. J'ai eu l'impression d'avoir un sentiment de déjà-vu en assistant à la prestation de ce groupe. Il me semble qu'ils étaient probablement déjà là, et donc encore plus jeunes lors de la première prestation française de Stoned Jesus au Glazart vers 2014 il me semble (j'irai vérifier dans mes archives). Ou alors peut-être que je me gourre complètement, mais il y avait également un batteur-chanteur, ça commence donc à faire beaucoup de coïncidences. L'avenir me le dira, ou non si j'avais raison.

Toujours est-il que, je parle, je parle, et la musique dans tout ça ? Oui, c'est bien beau, mais on oublie l'essentiel. Du rock psyché oui ! En les écoutant, j'ai eu l'impression de faire un voyage interstellaire, ce n'était pas désagréable du tout ! En plus, faut reconnaître que c'était raccord avec la fresque derrière la scène. Je planais sur leurs riffs et leur rythmique, tout en douceur, parfait pour entamer cette soirée. Le groupe a eu la chance de bénéficier d'un son assez correct, notamment au niveau du chant (et ça mérite d'être notifié, car c'était loin d'être le cas pour les autres groupes). J'ai donc été chaleureusement, mais raisonnablement bercée par leur musique. Et pour un début je dis pourquoi pas ? À suivre donc.



Partie II : Red Sun Atacama

Changement de décor et d'ambiance. Nous voyageons jusqu'au Chili dans le désert d'Atacama où il ne fait pas bon de rester au soleil. Sont-ils Chiliens pour autant ? Ben en fait apparemment non, ils sont parisiens, comme Stoned Void, alors du coup, on dira qu'il s'agit probablement de grands voyageurs, et que l'un des fondateurs a probablement fait un trip bouleversant au Chili, peut-être est-il resté bloqué dans ce désert d'Atacama? Va savoir. Faut dire que parler de sable, de chaleur, de cactus c'est assez vendeur dans le stoner. Ça se justifie donc. Le groupe existe depuis 2015, encore une jeune équipe, mais qui semble avoir plus d'expérience et de bouteille que le précédent groupe. Après une première démo intitulée Part. I (2015), le groupe nous a concocté un album Licancabur tout frais de cette année. Comme j'étais un peu fainéante et à la bourre niveau actualités musicales, j'avais pris soin d'écouter tous les groupes la veille et Red Sun Atacama est celui auquel j'ai directement le plus accroché. Ses riffs énergiques, oscillant entre le stoner et le punk ajoutent une dose très sympatoche au son. En bref, je savais que leur musique ne me permettrait pas tant de me bercer, mais plutôt d'headbanguer comme une damnée.

Le groupe arrive sur scène, le public reprend place également après leur pause clope et recharge de binouze. Tout va bien, la soirée est loin d'être terminée.  Premier couac perceptible, mais où est passé le chant ? le bassiste-vocaliste s'époumone, d'abord j'entends le chant par intermittence puis plus rien. Pourtant il sonnait bien, il y avait un petit quelque chose de Mars Red Sky dans la tonalité. Mais ce soir-là n'a pas permis à mes esgourdes de confirmer cela. En clair, les riffs étaient super, la batterie enflammée mais niveau chant c'était littéralement "The Sound of Silence". Bien déçue, je me fais toutefois à l'idée, tout en sachant qu'il manque radicalement quelque chose qui aurait pu me rendre totalement en transe. Leur musique m'a donc laissé une très bonne impression, comme ce que j'avais pu entendre en album mais en plus violent et plus captivant. Néanmoins je ne peux pas dire que j'ai totalement pris mon pied. Une demi-molle musicale en quelque sorte. Ils s'en sont certainement rendus compte, autant peinés que je l'étais moi-même, mais tous les efforts et l'énergie fournie par le groupe m'a permis un instant d'oublier ce couac acoustique. Ils  n'y pouvaient rien après tout. Néanmoins, ils sont sortis acclamés par un public enchanté, la température a effectivement augmenté de quelques degrés. La bouche sèche et les guiboles flageolantes, j'étais quand même bien éreintée.

Moralité, ça reste tout de même un groupe bien sympa, je m'engage ainsi à garder leur nom dans un coin de ma tête et j'espère avoir l'occasion de les revoir lors d'une autre date (peut-être organisée par Below the Sun qui c'est ?), et avec un son qui rendrait plus hommage à leur performance acoustique. Leur Bandcamp est naturellement à consommer sans modération et si votre portefeuilles vous le permet, 7 balles, c'est pas grand chose, soutenez-les !



Partie III : Ecstatic Vision 

Et nous voilà arrivés pour la tête d'affiche de la soirée. Franchement, ce n'est pas souvent que ça m'arrive de débarquer en quasi-touriste à un concert. Dans mes vagues souvenirs un peu brumeux, je me souviens d'Ecstatic Vision comme d'un groupe que j'avais aperçu une fois dans une première partie d'un concert de stoner, au pif je dirais John Garcia. C'était au Glazart ça c'est sûr et certain. Bonne surprise, et groupe aux sonorités assez surprenantes. J'ai la "vision" d'un mec avec un t-shirt hawaien et une tresse, d'un deuxième guitariste au look improbable façon veste à franges, d'un chapeau, qui enquillait bières sur bières tout en changeant régulièrement d'instrument (changer d'instrument permet effectivement de pouvoir prendre plus régulièrement de rasades de bières par rapport aux autres membres du groupe, il faut reconnaître que c'est judicieux). Bref, tantôt guitariste, flûtiste ou saxophoniste, c'était pas commun de voir ça dans le stoner. D'ailleurs, leur son ne m'évoque pas vraiment du stoner au sens le plus strict, je dirais qu'on carbure clairement à un rock psyché baigné dans des influences musicales sorties fraîchement des 70's. Je pense que ces mecs ne sont tout simplement pas sortis de ce trip-là. Leur musique est claire sur ce point, on peut entendre des riffs baignés de psychédélisme, en général toujours le même du début jusqu'à la fin, avec des variantes et des solos endiablés. En clair, c'est une musique faite pour planer sous acides, et d'ailleurs même si vous n'en avez pas, le résultat sera le même, vous planerez dans tous les cas.

Ils sont originaires de Philadelphie et officient dans le genre depuis seulement 2013. Comme quoi, même étant une jeune formation, on peut toujours sonner vintage. Ils ont sorti deux albums Sonic Praise (2015) et Raw Rock Fury (2017) et un E.P. Under the Influence (2018). Bref, cette musique est un appel à la droooogue ! Mais des drogues qui rendent sympathiques et joyeux ! 

Après quelques balances rapidos, le groupe commence à jouer un peu tard, mais ils jouent. J'ai bavé sur leurs t-shirts qui étaient de toute beauté. Mais je ne me suis pas attardée plus longtemps. J'avais envie de planer. Les lumières s'éteignent et les spots ne cessent pas de clignoter, permettant ainsi au groupe de nous baigner dans une atmosphère totalement psychédélique. Couac perceptible et très fâcheux, le chant est quasi-inexistant et ce, dès les premiers accords. Le chanteur s'en rend compte et tire la grimace. Nous ne pouvons cacher notre déception et lui non plus. Toute la partie instrumentale sonne bien, on prend notre pied, mais sans le chant, c'est tout de même carrément moins bien. Pourtant il a une sonorité qui suinte l'alcool fermenté, un peu à la Lemmy version psyché. Être ainsi privés me rend bien triste. L'ingé-son aura beau essayer de rectifier ce fâcheux incident en se glissant près de la scène, ça a pour effet d'énerver le chanteur qui commence à donner des coups sur les enceintes. Bref, l'atmosphère surchauffé énerve les esprits, et ils sont contraints de couper la sono.

Les mecs tentent de se comprendre, l'un explique qu'il va casser la gueule à l'autre, l'ingé-son tente d'expliquer qu'il essaye de résoudre le problème. L'incompréhension est totale, le public circonspect. On gueule qu'on re-veut de la musique et qu'on veut entendre le chant. Un joyeux bordel dans une ambiance électrique au point mort d'un point de vue acoustique. Le bassiste invite tout le monde à se détendre façon peace & love, ce qui fait sourire le public. Après quelques minutes de négociations, le groupe et l'ingé-son acceptent de se remettre au travail, et petit à petit, on retrouve un semblant de chant, même si faut reconnaitre que ce n'est pas tip-top. Pendant une bonne partie du concert on entendra d'ailleurs pas notre guitariste-flûtiste-saxophoniste. Je suis peinée car ce type y met beaucoup de volonté. Mais bon. Tout de même, on aura pu entendre un d'harmonica dans le mégaphone, et sur la fin, le chanteur prête son micro au saxophoniste, et on peut enfin entendre le mélange des styles. C'est fou, c'est jazzy, c'est psyché c'est fuzzer ! On finit ainsi par oublier les soucis techniques et les échauffements des personnalités. Les musiciens restent des gens spéciaux et je pense que tout le monde sait qu'il vaut mieux les écouter tout en faisant abstraction de leur lubie et leur égo.



Le concert s'est terminé vers minuit. Nous sommes toutefois repartis ravis et comblés. On aura passé une bonne soirée, et une presque baston, c'est toujours une anecdote rigolote à raconter le lendemain. Below the Sun reste ainsi une valeur sûre, leurs programmations sont toujours étonnantes et leurs efforts méritent d'être salués. D'ailleurs, maintenant que j'y pense, on nous annonce Belzebong à la Maroquinerie en automne... c'est tentant, fort tentant !

C'est tout pour aujourd'hui les loulous, c'était probablement le dernier concert de l'été et il faut reconnaître que mon quotidien va sembler bien terne jusqu'à la rentrée.


À bientôt pour de nouvelles aventures !

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