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[CR CONCERT] Glowsun + Djiin + SheWolf à l'International, Paris (05/07/2018)


Il y a des jours comme ça, tu te rappelles vaguement qu'il y avait une date qui t'intéressait, puis tu zappes avec le temps. Et paf, un beau jour on te rappelle que "Hey c'est demain, tu viens ou pas ?". L'euphorie mêlé à la précipitation face à cet événement ne pouvait que renforcer l'effet de surprise. Glowsun c'est un groupe que j'adore. Après mon rendez-vous manqué avec le Fuzzy Sounds Festival du mois de mai organisé par les géniaux de Below the Sun, je ne pouvais décemment pas les rater deux fois de suite ! Cerise sur le gateau pour parfaire tout ça, deux groupes que je ne connaissais pas du tout, SheWolf dont j'en ai entendu le plus grand bien et Djiin. Une soirée haute en couleur, gros son, psychédélisme tout droit sortie de nos contrées françaises (cocorico !).


Partie I : SheWolf

Originaire de la région parisienne, SheWolf est un trio féminin aux sonorités multiples. Ça surfe un peu dans le rock, le grunge, un peu de punk et du psychédélisme pour parfaire tout ça. Elles officient dans le genre depuis en gros 2016 et ont sorti un album tout beau fait maison Sorry Not Sorry (2018).

Je débarque un peu à l'arrache. Persuadée que j'avais raté le début, et j'apprends que non, rien n'a commencé peu avant 20h30. Le temps de me poser, vider ma vessie que sans prévenir, j'entends déjà les premiers accords raisonner, personne pour nous annoncer que la performance a déjà commencé. Je m'empresse donc de montrer mon sésame avant de descendre dans les bas-fonds de l'International, salle que je ne connaissais que de nom, mais dans laquelle je n'avais encore jamais eu l'occasion de fouler les pieds. C'est étrange. Il n'y a pas foule, on a un peu l'impression d'assister à une soirée privée. Je suis étonnée, nous sommes pourtant jeudi, mais la com' concernant ce concert a probablement pas été suffisamment efficace. Et pour cause, sans mon invitation de la veille, je pense que je serais moi aussi passée à côté. Le trio féminin entonne ainsi ses morceaux dans une atmosphère un peu curieuse. Nous sommes tous un peu hébétés mais intrigués. Je n'avais pas assisté à un groupe purement féminin depuis Crucified Barbara (R.I.P, elles étaient pourtant chouettes ces Suédoises). Leur énergie et leur rage me fait un peu penser aux Runaways. C'est une bonne chose, car j'adore les Runaways (note à moi-même, sélectionner avec parcimonie mes termes groupiesques, car dit comme ça, ça donne l'impression que j'adore tout sans modération). Je pense que ce n'est pas par hasard, et elles me le confirmeront ou non, si ce groupe a été d'une certaine manière leur source d'inspiration. Bon, forcément, il y a aussi Nirvana, pour la touche grunge. Mais soyez rassurés, elles sont propres sur elles et n'abusent, apparemment pas de stupéfiants. Juste de la bière pour la bassiste et du vin rouge pour la chanteuse-guitariste, nus-pieds, avec sa robe et sa longue chevelure brune. Il y a un quelque chose qui me plait, mais il manquait probablement la chaleur du public pour me faire totalement adhérer à leur univers.

On en rigole, elles font des commentaires sur la soirée, sur la foule qui peut-être s'était amassée pour venir les voir. Je me souviens d'un titre qui a fait écho à mes tympans, particulièrement enragé, les trois filles gueulaient en chœur "I am not your toy !", là, le côté grunge/punk était vraiment proéminent. J'ai vraiment aimé. On aura toutefois pas vraiment le temps de vraiment entrer dans le délire, la performance du groupe aura été interrompue et définitivement entachée par des soucis techniques. On n'entendait malheureusement plus la bassiste, et même si la chanteuse s'est essayée avec une reprise de "My Girl" (oh Nirvana comme c'est étonnant). Ça donne un sentiment d'inachevé bien désagréable à la performance du groupe, qui, il me semble, aurait mérité de bien meilleures conditions pour apprécier la musique. On devra se contenter de ça, hélas. 




Partie II : Djiin

Remettons nous de cette déception pour accueillir le second groupe prévu à l'affiche. Djiin est un groupe originaire de Rennes (car à Rennes tout est bon) qui, sans prétention aucune a sorti un premier album sous la forme d'un Live at FOG (2017) (ou Concert au Festival de l'Oeil Glauque pour les intimes). Là encore, il s'agit d'une musique aux sonorités multiples, il y a du stoner, forcément, du rock psychédélique et puis et puis, de la harpe. Haha ! Vous ne l'avez pas vue venir celle-là, n'est-ce pas ? Du stoner avec de la harpe, on aura tout vu ! Moi-même, quand j'ai vu la vocaliste installer son instrument j'ai trouvé ça bien curieux. avec son maquillage tribal, sa jolie robe couleur amande, et ses chaussures à talons ultra compensés, j'ai su tout de suite que j'assisterais à une performance vraiment pas banale.

Quelques nouvelles personnes sont venues se greffer au public clairsemé à l'International, et le groupe peut enfin commencer à jouer dans cet atmosphère intimiste si particulier. Les premiers accords sont baignés dans des tonalités très psychédélique. Très vite, je comprends que nous avons littéralement changés d'ambiance. Ce groupe-là semble ainsi plus en phase avec la musique de Glowsun, mais dans des tonalités un peu plus posés. Enfin, celles-ci ne dureront pas, je vous rappelle qu'il y a quand même le mot "stoner" estampillé à leur musique. Là, vu comme ça, et si faut s'amuser à chercher des similitudes, je dirais que leurs parties psyché ++ me font vraiment penser à Electric Octopus (jetez un œil à l'album d'improvisation This is Our Culture, une merveille, et je m'arrête là). On sait qu'effectivement, avec Djiin, de par sa dénomination déjà, est un groupe qui mélange les sonorités et les cultures. C'est surprenant, mais non loin d'être désagréable. Et que dire du chant ? Les femmes dans le stoner ne sont pas légion, encore moins vocalistes, et le chant alto est littéralement envoûtant. Plus qu'un concert ou une performance, la chanteuse est littéralement habitée dans son rôle de maitresse de cérémonie stoneresque et psychédélique. Nous feront fi des conditions acoustiques un peu rustiques, car nous étions là pour nous sentir happés et transportés par leur musique. Je vois du stoner, du psychédélisme, et des sonorités venues d'ailleurs mêlés à une dépense d'énergie éprouvante dégagée par la chanteuse. Difficile de rester insensible. Il y avait quelque chose de tribal dans cette performance, et je vois dans la suite l'estampillage "shamanique". Bercée par des transes endiablées, elle n'hésite pas à descendre de scène pour se faufiler le public et tenter de conquérir leur âme et les inviter à lâcher prise et se laisser transporter par la musique. Ceci aura un effet mitigé par le public timide, et c'est bien dommage. J'entre pour ma part très rapidement dans l'univers et me surprends à m'agiter. La magie opère, Djiin m'a possédée, j'en resterai littéralement bouleversée. De 1, je ne comprends pas pourquoi ce groupe n'a pas eu plus d'écho dans le milieu du stoner, de 2, c'est un mélange de sonorités qui défonce grave. Les morceaux sont parfaits, ils font comme Glowsun, comment en douceur pour finir sur des rythmiques qui donnent le tournis (d'où le côté shamanique). Leur album live est bon, mais ne rend pas suffisamment hommage aux qualités acoustiques étonnantes du groupe. Le mieux reste d'aller voir par soi-même, Djiin c'est une sacrée expérience dont on ne ressort pas indemne, il faut vraiment le vivre pour comprendre. Je n'étais pas la seule à penser cela, les quelques curieux ce soir-là ont certainement vécu la même chose que moi. Bref, gardez ce nom dans le coin de votre tête, car même si le groupe officie dans le genre depuis seulement 2015, il y a fort à parier qu'on en entendra davantage par la suite. Ils méritent du grandiose, sans conteste. 




Partie III : Glowsun 
Oulala, mais comment va-t-on faire pour s'en remettre ? Et puis il est tard tout de même. Quasiment 22h40, petit tour au merch' pour voir ce qui s'y propose. Craquage modéré mais nécessaire. Puis on se décide à redescendre pour aller voir la dernière, et forcément meilleure, partie de la soirée. On y croit, et même si sur le papier il était écrit que les concerts devaient s'arrêter à 23h00, on y va quand même. Glowsun c'est un groupe que j'ad... bon, c'est un groupe de stoner, parce que tout ce qui finit en "sun" annonce une musique qui te fait de la chaleur dans tes tripes et dans ton coeur. Dans mes souvenirs, j'ai découvert Glowsun lors d'une première partie de Monkey3 (oui, l'Up In Smoke 2012 au Glazart si vous voulez tout savoir), et je crois que depuis, ben je les vois à chaque fois. Ce trio Lillois officie dans le genre depuis 1997, après quelques changements de bobines, le groupe est fixé en 2005 pour la sortie d'un tout petit album de 4 titres Lost Love. La patte du groupe est en marche. C'est avec l'album Eternal Season (2012), qui sans faux pas annonce littéralement la couleur d'un bouleversement musical sans précédent. Difficile de rester insensible si on est amateur de stoner. Suffit d'écouter le premier titre "Death's Face" pour comprendre. Leur dernier album Behind the Wall of Time (2015) reste dans la continuité, du bon cru, bien évidemment.

Donc voilà, on se retrouve dans cette petite salle sans prétention. On va quand même voir les monstres de Glowsun (qui n'ont rien de monstrueux en vrai, c'est juste les gros riffs qui le sont). Forcément, en tant que groupie convaincue, je trépigne d'impatience et moi aussi je veux mon bout d'espace près de la scène pour ne pas rater une miette de leur prestation car on ne sait absolument pas combien de temps cela va durer. Le groupe annonce humblement après quelques balances que bon, on va commencer hein ! Puis ce qu'il y a de génial, c'est qu'ils entament toujours les festivités par mon titre préféré, "Death's Face" donc dès le début je suis tout de suite dans le bain et euphorique.  Nous assistons à une prestation bien étrange ce soir-là (plus que le début ? Je ne sais pas !). Nous sommes transportés dans une musicalité précipitée stoneresque. Les morceaux gagnent en énergie, rapidité, et vitalité. Pas le temps de trainer dans des intro, on passe rapidement aux gros riffs qui font mal et qui font bouger frénétiquement les cervicales. C'est surprenant, mais aucunement désagréable. Nous redécouvrons les morceaux, et puis, avouons-le, on aime le stoner pour les gros riffs, alors si on peu les avoir rapidement, c'est quand même vachement chouette, même si c'est pas de tout repos, je vous l'accorde. Alors qu'une ventilation fraiche me faisait presque craindre d'attraper froid sur Djiin, je peux vous assurer que je ne l'ai aucunement sentie pendant la prestation de Glowsun, il fait chaud, très chaud. Nos jambes vacillent presque, qu'importe la chaleur et la fatigue accumulée, revigorée je me sens d'attaque à sortir de ma zone de confort et être en mode "qu'importe la douleur du lendemain, tant que c'est bon maintenant, profitons sans modération !"

Les morceaux s'enchaînent à une vitesse hallucinante, vers 23h10, le vocaliste demande quand est-ce qu'ils sont censés s'arrêter. Pas de réponse, on leur donne donc carte blanche pour continuer jusqu'à l'épuisement des troupes (j'avais très envie de dire "jamais !" mais c'est vrai qu'il y avait école le lendemain alors ça n'aurait pas été raisonnable). Désormais, ils sont un peu plus lents, plus baignés dans le psychédélisme dont Glowsun excelle avec perfection. Nous avons même le droit à un nouveau morceau, celui-ci est étonnant, bourru et subtil comme des pas de pachyderme, le nouveau son annonce la couleur, le prochain album s'annoncera ainsi bourrin. C'est du tout bon. 

Je ne peux retenir mon émotion et lâche littéralement prise durant leur performance. Dans ce petit espace confiné en petit comité, je me sens privilégiée d'assister à un tel concert de type "soirée privée". Enivrée par leur musique, le gros son opère parfaitement et entre dans nos tympans pour ne plus jamais en ressortir. Pas tant que nous sommes assourdis, mais force est de reconnaitre qu'un "Lost Soul" par ex, vous broie littéralement ce qu'il vous restait de modération quant à votre aptitude à apprécier décemment une musique. Sans honte et sans gêne, nous prenons notre pied. Le groupe annonce la fin des festivités après un dernier morceau réclamé par le public et à 23h45 il tire sa révérence. J'ai l'occasion de les remercier chaleureusement l'un après l'autre et je m'en vais, après des étoiles plein des yeux et les tripes en vrac. J'avais oublié qu'accessoirement j'avais faim et soif mais n'ai pas jugé utile de remédier à ce souci tant j'ai été accaparée par la musique qu'on m'a servie ce soir là. Piou ! Quelle expérience !


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