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[CR CONCERT] Nick Oliveri + Feller Buncher + High On Wheels au Supersonic, Paris (10/08/2018)


Organiser une date en plein mois d'août alors que Paris est une ville désertée ? Pure folie ou coup de poker ? Below the Sun ose tout. J'avoue, même moi, en voyant cette annonce, j'me suis dit "ben en fait on va rentrer le 10 dans la journée pas le 11 en fait". Il me semble d'ailleurs, que beaucoup de gens se sont dits la même chose que moi, car sans rire, en toute franchise, le Supersonic a affiché salle comble pour cette soirée lourde en stoner en commençant par High on Wheels, puis on passe au niveau du dessus avec Feller Buncher (nettement moins accessible au tout venant, faut le reconnaître), puis on termine par monsieur Nick Oliveri pour un concert de death acoustique intimiste. Chouette programme, n'est-ce pas ?


Partie I : High on Wheels

High on Wheels est un groupe de stoner (on s'en serait douté), parisien qui officie dans le genre depuis seulement 2014. Il est composé d'un charmant trio de bonhommes s'appelant respectivement Greg, Gilles et Bruno (ça les rend tout se suite plus accessibles en les appelant par leurs prénoms). Ils ont donc pour l'instant pondu en 2015 une démo éponyme et un L.P. Astronauts Follow Me Down (2018). La particularité du groupe (car il en faut bien une), c'est non pas qu'ils soient tous beaux (même si, quand même un peu, de plus ils ont également la particularité de se dévêtir au fur et à mesure de leur performance) c'est que chaque membre est potentiellement vocaliste. Comme ça pas de jaloux, pas de guerre d'égo à base de "de toutes façons c'est moi le leader qui pécho les nanas en backstage". Je trouve que c'est un bon compromis, et c'est certainement très sain comme principe pour le bon fonctionnement du groupe. 

Je m'arrête là, car sinon je vais encore raconter des conneries et je vais avoir un peu honte de mes propos (enfin, plus que d'habitude, j'entends). Revenons à ce qui nous intéresse principalement, à savoir leur performance live de ce soir-là. Je suis malheureusement arrivée un peu à la bourre (merci les gens à qui j'avais annoncé fièrement que je les emmènerais à un super concert de stoner comme "virée typique parisienne"). Bon résultat, je suis entrée, ils jouaient déjà, et moi, je me suis pas mal emmêlée avec le fil de mes bouchons. Du coup, ça m'a encore plus retardé dans mon entreprise. D'autant que je ne voulais pas finir sourde, mais apprécier quand même la musique dans de justes conditions, c'est-à-dire, pas accoudée au bar, je ne suis pas encore suffisamment vieille pour ça. Mon entreprise laborieuse terminée, je dis à mes compagnons d'infortune que je les quitte un instant pour aller écouter ça de plus près.

Je me faufile, il fait déjà sacrément chaud putain. Fort heureusement, la foule n'est pas encore très compacte, j'arrive habilement assez près de la scène et je peux admirer les musiciens dans leur élément. Le peu que j'en ai entendu sonnait déjà bien de loin, mais de près c'est quand même carrément encore mieux. La musique de High on Wheels nous délecte d'un stoner dans sa plus pure tradition, une basse envoûtante, des riffs bien pensés un rien péchu, qui restent dans la tête et une batterie pour aider nos cervicales à headbanguer en rythme avec leur musique. C'est cool, c'est fuzzy, un peu psyché. Tous les chanteurs ont un timbre particulier pas dégueux, ça casse la monotonie, et c'est très bien comme concept je trouve.

Je me rappelle maintenant que le nom de ce groupe était régulièrement passé sous mes yeux. J'avais donc fichtrement l'impression de retrouver des bons potes même si je ne les connaissais pas encore. Seul regret, l'immobilisme de la foule qui s'était pourtant massée près de la scène. Mais pourquoi ne bougeaient-ils pas ? Mais comment pouvait-on résister à de tels riffs ? Étiez-vous ballonnés ? Était-ce la cuite de la veille qui faisait encore effet ? Bon, le principal, c'est qu'eux, ils donnaient grave de leur personne, à en juger par leur aptitude à se dévêtir au fur et à mesure du set.

Pour ma part, j'étais ravie. J'ai bien aimé le titre "Super Vixens" qui entame par une bande-son à la sauce teutonne. En plus, ça tombait bien, parce qu'il y avait des teutons qui m'accompagnaient. J'espère qu'ils étaient ravis de cette dédicace. Je lève ma tête, je vois la petite bouille blonde de Linne qui se dandine, la banane face à la performance du groupe. Ravie, je me dis que la relève est assurée. Romy, pourtant plus âgée, a aimé la musique, moins le monde amassé dans la salle surchauffée. Nous sommes ivres de plaisir. Et pourtant, et pourtant... il ne s'agit que d'une première partie. On se contentera de ça, et on se faufile rapidement pour s'abreuver de la bière locale. Car c'est ainsi qu'on fait quand on socialise avec les Teutons.



Partie II : Feller Buncher

En sirotant ma bière tant méritée, je dis à mes camarades que Feller Buncher c'est bien, mais c'est du stoner à la sauce sludge, ça sera probablement nettement moins accessible pour les esgourdes de nos petites têtes blondes. Je dois expliquer ce qu'est le sludge, je dis que ça grogne certainement un peu, mais qu'ils sont certainement moins méchants qu'ils en ont l'air. Là encore, il s'agit d'un groupe jeune et originaire de Paris. Je ne sais pas depuis quand exactement ils existent mais ils ont sorti une première démo TSFM Demo en février 2016 et un E.P. 203040 en juillet de la même année. Pour le reste je ne saurais vous en dire davantage si ce n'est qu'on les qualifie de stoner de bûcheron, d'où la sauce sludge prononcée au bouzin.

Je quitte donc mes amis pour aller près de la scène, c'est nettement moins aisé de se faufiler. La salle doit déjà afficher complet. Il fait chaud, très chaud. Nous sommes très rapidement envoûtés par leurs riffs endiablés. Effectivement, ce qu'il en sort rapidement c'est que Feller Buncher ne fait pas dans la dentelle question compositions musicales. La batterie ne cesse pas de tambourriner, et la basse combinée à la guitare sert surtout à accentuer cette impression de lourdeur. C'est simple dit comme ça, mais terriblement efficace. Mes tympans sont littéralement soumis à rude épreuve pendant leur performance. Je jubile car il fallait au moins ça pour s'inscrire dans une "bonne soirée" de type stoner organisée par Below the Sun.

Parfois, le chant presque mélodieux se fait nettement plus agressif, c'est là qu'on voit la touche sludge du bouzin. Forcément, ça ne peut pas plaire à tout le monde, mais pour ma part ça passe crème. J'avais passé quelques jours à écouter pas mal de hardcore, du coup, le son de Feller Buncher semble une évidence dans sa brutalité vocalique, musique, et son ambiance survoltée. C'est sombre, agressif, ça réveille ta mamie en plein milieu de la nuit, mais bon sang, que c'est bon ! Avec ce bassiste vocaliste (oh oui ! oh oui ! On parlera plus tard de ma passion malsaine pour les bassistes vocalistes), le son était terriblement au poil. Je suis étonnée par ces conditions, j'avais effectivement lu que le Supersonic était spécialisé dans les concerts ouverts à tous, mais franchement, quel professionnalisme. Ça rend très bien et c'est difficile pour chacun de rester insensible. Bien d'autres comme moi headbanguent joyeusement. Nous sommes épris par le démon musical du stoner sludgisant, nous n'avons pas honte de notre conduite, car après tout, nous sommes là pour nous lâcher.

Rien ne peut gâcher notre plaisir ce soir-là, pas même la fatigue qui s'est installée, due au fait qu'il y a quelques heures à peine je sortais de mon train et j'étais en train d'optimiser tous mes actes et déplacements pour arriver au poil à ce concert. Je suis vraiment ravie d'être revenue plus tôt, ça valait bien la peine de rogner sur un jour hors des contrées parisiennes. Mais même si Feller Buncher nous surprend par sa brutalité un rien pachydermique, le plus étonnant à cela, c'est sans doute que la tête d'affiche ne nous concoctera pas de gros riffs. Pour satisfaire notre passion, il fallait donc s'en donner à cœur joie sur cet, car c'était maintenant où jamais si l'on voulait avoir les jambes et les cervicales endolories par le plaisir procuré par ces gros riffs. Pour ma part j'avais fait mon quota. J'étais rincée et trempée, mission accomplie donc.

Je tente une percée hors de la fosse, grave erreur, j'ai l'impression que la salle est en sur-capacité. Je ne me risque toutefois pas plus longtemps hors de la zone près de la scène de peur de ne pouvoir y retourner.



Partie III : Nick Oliveri

"Nick Steven Oliveri (né le 21 octobre 1971), est un musicien d'origine californienne. Il joue actuellement de la basse..." Stop stop stop, on arrête là pour la bio wikipedia. La dernière partie de la phrase suffit amplement à comprendre mon engouement pour cet artiste. Alors oui, Kyuss, et même quand il s'appelaient encore Katzenjammer, Mondo Generator, Queens of the Stone Age. Oh oui ! oh oui ! oh oui ! Bref, voilà, ce n'est pas la peine de s'éterniser sur le bonhomme pour en dire tout  le bien que je pense. Parce que je ne pense pas qu'on puisse foncièrement en penser du mal. À moins d'être totalement hermétique au genre, admettons.

Nous étions fins préparés à ce qui allait s'annoncer. Après tant de lourdeur stonereque, on terminera sur une touche plus calme, une performance de type "death acoustic" de la part de notre cher Nick Oliveri. Pas besoin de grand chose pour se préparer, un micro, une guitare et hop ! Nous nous délectons à l'avance de ce qui va suivre. Nick a fait le plein de bière et de Tequila (on saura plus tard que tous les shots n'étaient pas pour lui, mais pour d'heureux élus dans le public).

Le bonhomme s'installe sur scène, on le salut, mais ça reste humble et discret. Et lui commence à jouer. Nous sommes aux anges, à la fois figés et envoûtés. Je n'avais encore jamais eu l'occasion d'assister à un concert de rock acoustique. Le peu que j'en avais vu dans les pays anglo-saxons, c'était d'horribles gros lourds qui beuglaient pendant le set. J'avais une vision abominable de la chose, pour ma part un concert, ça s'apprécie et surtout ON FERME SA GUEULE pendant la chanson. Bref, je suis ravie de voir que l'ambiance parisienne se plie à ce principe. Nous écoutons religieusement tonton Oliveri qui me gratifie à ma plus grande joie d'une version acoustique de "Green Machine" pour son second titre. J'ai envie de dire "très bon choix", parce que bon, hein, une reprise de Kyuss c'est toujours un très bon choix, non ? Je me plais à comparer sa performance, qui n'a au final rien à voir avec un John Garcia en acoustique. Déjà parce que le sir John Garcia use de sa voix et rien que ça. Nick lui, a besoin de gratouiller sa guitare en même temps et de s'époumoner pour faire passer ses émotions. Un bon concert de death acoustique orchestré par Nick, c'est littéralement donner de sa personne jusqu'à mettre à rude épreuve ses cordes vocales.

Les morceaux sont très courts et s'enchaînent à une vitesse hallucinante. Le set a commencé vers 22h. Je me dis qu'à ce rythme à 23h à peine il aura plié bagages et nous nous retrouverons seuls, bercés dans nos illusions et sa musique qui nous sera passée dessus comme un coup de fouet. Mais il n'en est rien. Nick enchaîne les titres, on passe en revue tout le répertoire du bonhomme. On entend le public chanter sur "Another Love Song". Il invite de nombreux compères à chanter avec lui sur scène sur "Feel Good Hit of the Summer". Il est enragé, certes, mais nous dévoile également une facette sensible du personnage, comme sur le titre "Autopilot" que beaucoup de monde attendait ce soir-là (moi y compris, bien entendue). Le titre dont je me suis également particulièrement délecté, c'est une reprise époque Katzenjammer, "Love Has Passed Me By". Il s'époumonera, donnera de sa personne comme jamais. Parfois, il s'arrête pour regarder la fenêtre car quelqu'un s'approche un peu trop de sa voiture. Nous regardons également machinalement. La situation est cocasse, nous sommes littéralement en communion avec le bonhomme.

Et puis vous me croirez ou non, mais j'ai quand même vu un type slammer sur sa musique. Très franchement, il n'y avait bien que Nick Oliveri qui pouvait être capable de provoquer un tel engouement dans le public. En un mot, ce concert était tout simplement magique. Au final il aura fait son quota, il termine à 23h30, comme quoi, on aura décidément pas vu le temps passer. Je prends le temps de faire un retour avec mes compagnons, on est d'accord pour dire que c'était bien chouette. Et moi, je me rappelle que la fatigue finit  de totalement s'emparer de moi. C'était bon, prenant, finalement, le bonheur se résume à peu de choses, du bon son, de bons gens, et puis c'est tout.  Mais c'est usant, il ne faudrait pas vivre ça tous les soirs, sinon ma pauvre carcasse ne tiendrait pas.



PS : S'épancher à propos de mon amour pour Nick et la cuisson de nems au légumes s'avère être une expérience terriblement désastreuse. La prochaine fois je tâcherai de me limiter à une chose à la fois.

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