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[CR CONCERT] Yawning Man + Moon Circle + The Drama Kings au Glazart, Paris (30/07/2018)


Comme disait un grand poète "Il ne faut jamais dire jamais". Je le voyais venir, cet été fade, manquant de fantaisie et de gros son, m'attendant à sombrer dans l'apathie généralisée jusqu'à septembre. Fort heureusement, avec Below the Sun, on a toujours le droit à de bonnes surprises. Qui veut du stoner ? Moi oui ! Allez hop, c'est parti pour un cocktail déjanté, du stoner psychédélique au peyotl américain Yawning Man bien sûr, prenez garde à ne pas vous déboiter la machoire, mais ils font dans les riffs depuis un moment, on leur fait donc entièrement confiance sur ce point. Puis comme tout ce qui est bon s'écoute sans fin, du stoner français ma bonne dame, Moon Circle, et ce groupe aux sonorités improbables qui semble n'avoir pas quitté les années 60, The Drama Kings, tout simplement.


Partie I : The Drama Kings

À ne pas confondre avec un homonyme américain, les rois du drama qui nous intéressent ici sont français, et parisiens qui plus est. Après un rapide tour d'horizon, je constate avec regret que nous ne pourrons pas nous délecter de beaucoup d'informations les concernant. Ce trio a toutefois le mérite d'avoir pondu quelque chose à écouter sur leur bandcamp, à savoir, un album éponyme qui date de juin de cette année. La qualité rend honneur à leur performance live. Du son qui oscille entre le garage, le psyché et un rock un peu touche à tout.

C'était agréable de pouvoir entamer la soirée avec eux, car il ne faisait que 35°C dans la salle. J'ai vu ce trio au look improbable, le bassiste avec son sombrero et ses longs cheveux, le batteur un peu androgyne, et tout ceci dans une ambiance bonne enfant. Les riffs et la batterie sont simples mais efficaces. Les parties rapides tombant à pic, nous emportant dans une effusion acoustique assez planante. Leur musique m'a plu, même sans connaître auparavant je suis rapidement entrée dans leur univers. J'ignore pourquoi, mais il y avait un petit quelque chose qui me faisait penser à CCR, et si j'y pense, c'est que ce sont probablement aussi des fans de CCR, sinon je n'y aurais pas pensé, non ? 

Je n'étais pas la seule à trouver ça cool et péchu, le public, bien que parsemé a également adhéré et ils sont repartis ma foi éreintée, tout suants mais heureux. On s'étonnera toutefois d'avoir entendu le bassiste nous parler anglais durant tout le long de sa prestation. Mais, pourquoi ?



Partie II : Moon Circle

Changement de registre. L'entrée en matière drama kingsienne était bien, mais manquait quand même de gros riffs. Puis bon, on parle d'une date organisée par Below the Sun, le minimum syndical est de nous proposer au moins un groupe à gros riffs non ? Moon Circle ne fait pas dans la dentelle, même si son nom laissait présager un truc un peu planant. En fait, il s'agit de stoner dans sa plus pure tradition, avec des riffs lourds, très lourds, qui laisse bien peu de répit à tes canaux auditifs, ce bourdonnement restant ainsi coincé quelques temps après l'écoute de ce groupe. Parfait, je n'en demandais pas moins. Ce trio instrumental officie dans un genre stoner, un peu psyché, mais surtout heavy depuis en gros 2012. Après un premier album You're on the Moon (2013) et un éponyme en 2016, ils sont revenus en 2017 nous pondre un E.P. au titre improbable The Cosmic Pinguins (un titre pareil ça ne se sort pas du chapeau, il y a fort à parier qu'il y a une histoire de drogues hallucinogènes derrière c'est obligé). Dans les méandres de l'internet on en dit beaucoup de bien, du coup j'ai écouté aussi, et j'en pensais également beaucoup de bien. Voilà un bon argument pour tester leur came en live (avec ou sans pingouins, leur prestation nous le dira).

On prend le temps de s'hydrater, s'essorer un minimum et puis paf, le trio débarque sur scène. Leur performance commence sur des riffs endiablés et une batterie dingue. C'est bourrin, c'est surprenant, mais c'est bon. Ah oui, c'est hard/heavy/truc. Sans doute une allusion à la bonne époque de Metallica. Et pour cause, après le premier morceau, un des musiciens nous sort joyeusement : "Salut on est Metallica !". Je ne sais pas si beaucoup de monde l'a entendu, mais ça m'a fait marrer comme une demeurée. Ils ne nous laissent toutefois pas beaucoup le temps de nous reposer, puisque le groupe continue sur sa lancée et ses gros riffs. 

Dans un public un brin plus condensé, mais rien de bien compact, vacances oblige,  nous sommes emportés dans leur musique qui ravit le cœur des amateurs de stoner. Nous sommes un peu foufous et enthousiastes. Je vois même des métalleux pur jus qui headbanguent joyeusement. Bref, le metal est un langage universel que seuls les amateurs peuvent comprendre. Le stoner reste un genre terriblement accessible au néophyte, et je me surprends toujours à retomber dans ce genre par période, un peu comme retrouver un vieil ami, ou faire de nouvelles rencontres assez improbables. La musique de Moon Circle me transporte et me rappelle que si je fais abstraction des années qui pèsent sur ma carcasse, j'ai probablement toujours un peu 15 ans dans ma tête et c'est toujours aussi agréable de lâcher prise en de telles circonstances. 

Leur perf fut bonne (ah !) mais trop courte (oh !), comme d'habitude. On aimerait toujours que ça dure plus longtemps. J'aurais cru qu'ils joueraient un peu plus que leurs 40 minutes réglementaires, mais il faudra se contenter de ça, ou écouter leurs albums en rentrant (option envisageable). De toutes les façons la soirée était à peine entamée, et 45°C c'est chaud, ça met notre carcasse à rude épreuve, il est de s'hydrater mamie, puis y a les papys du stoner qui arrivent, Yawning Man, Yawning quoi ? Fallait pas rester trop près des amplis mamie, ça t'a complètement niqué les esgourdes.



Partie III : Yawning Man

Pom, pom, pom, avec un groupe d'une telle envergure, c'est difficile de faire un "résumé des épisodes" précédents, car ça demanderait de faire rien qu'une chronique pour ça. Et pour tout vous dire, ces mecs, leur musique, c'est surtout en live qu'ils la joue et qu'il faut l'apprécier. Les patrons et habitués de ces mythiques generators party n'ont pas mis les pieds dans un studio d'enregistrement digne de ce nom pour nous pondre un vrai album avant 2006, alors qu'ils officiaient déjà depuis 20 ans dans le genre. Yawning Man c'est une musique psychédélique au peyotl qui doit certainement bien s'écouter en lisant Les Portes de la perception. Là encore, on a affaire à une musique instrumentale dans la plus pure tradition stoner psychesque. C'est une musique faussement accessible, car les néophytes risqueraient de trouver ça "un peu chiant" au bout de 10 minutes s'ils ne sont pas sous influence, et au final, faut reconnaitre qu'en album ça passe, mais que le mieux c'est encore d'apprécier ça en live, car c'est fait pour ça. Rapide tour d'horizon de leur discographie ? Pas si dense en fait. Un dernier bouzin pondu en 2017 au titre évocateur The Revolt Against Tired Noises (2017), C'est un groupe qui ne peut que plaire aux amateurs du genre, qui a instauré sa notoriété via la reprise du titre "Catamaran" par Kyuss . Mais le groupe en a nettement plus dans la bouteille (et surtout ils existent encore, eux !). Ils est et demeure un incontournable du genre. 

Certes, nous n'étions pas dans une generator party, le Glazart semble bien trop étriqué pour accueillir un groupe d'une telle envergure. Mais ont-ils besoin d'une foule monumentale pour partager leur musique ? Au final, ils avaient l'air plutôt content d'être de passage dans la capitale. Les curieux avaient fait le déplacement, et nous étions fort impatients à l'idée de planer sur leurs riffs full reverb'.

Après quelques balances, le groupe disparait, laissant le pauvre batteur à la merci du public, qui repart puis réapparait et espère ainsi voir ses compères venir le rejoindre. C'est sur cette note bizarre que c'est entamé notre soirée Yawning Manesque. Je me souviens de ce guitariste (aka, celui qui t'envoie des papillons dans le ventre), de type amérindien qui portait un étrange débardeur aux couleurs de Coca-Cola. Je me suis demandée ce que ce monstre du capitalisme avait à voir avec le stoner, puis après coup, je me suis dit qu'il en avait probablement juste rien à foutre, et que peut-être aimait-il tout simplement le rouge ?

Ils sont acclamés en héros, et commencent alors à entonner les premiers accords, le son de la batterie et la basse me semblent correct, arrivé à la guitare, aïe, je n'aurais jamais pensé qu'une telle chose puisse arriver mais j'ai clairement trouvé que la sono était vraiment trop au-dessus par rapport aux autres instruments. Je suis un peu déçue, d'autant que c'est probablement le truc qui n'arrive jamais, d'habitude, c'est plutôt avec la basse que ça arrive. Je tente une habile manœuvre avec mes bouchons pour réparer ça, ça va mieux, mais bon, je ne suis pas dans des conditions optimales pour apprécier leur musique. Ah ! Si seulement j'avais un sonotone, je pourrais régler les fréquences comme bon me semble, heureux sont les presque sourdingues, j'en viens à regretter d'entendre trop bien ce soir-là.

Nous sommes néanmoins petit à petit à petit happés dans une curieuse ambiance intimiste, une sorte de soirée privée au peyolt, sauf que nous n'en avions pas (en tout cas, moi non), mais c'était tout comme. Ils sont réputés pour faire ce qu'il y a de plus dingue tout comme ce qu'il y a de plus posé. Ce soir-là nous étions plutôt en mode détente. Ça nous a permis de faire redescendre la température, il ne faisait que 35°C, mais certaines filles se servaient quand même de leur éventail. Les morceaux se sont donc enchaînés à un rythme posé. Ce n'était pas vraiment de la musique pour headbanguer, mais plutôt se laisser à une longue contemplation mystique bercée par leurs accords enivrants et leur batterie parfois un peu enragée.

J'ai aimé leur musique, mais il m'a manqué un petit quelque chose pour me sentir totalement comblée, peut-être le peyolt ? Après, ça reste tout bonnement personnel, peut-être la fatigue, l'humeur. Je ne saurais jamais. Pour le reste, c'était tout à fait correct et même bien plus. Je n'irais pas jusqu'à dire que leur perf était à jeter. Malgré leur apparente timidité, ils avaient l'air vraiment contents d'être là, et le public semblait également très ravi de leur prestation. Ils ont fait plus que leur quota et sont partis sous des applaudissements plus qu'élogieux. À la vue des dates que composent leur tournée, ces mecs nous confirment que ça reste des monstres et qu'ils n'ont peur de rien.


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