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[CR CONCERT] Fuzzy Grass + Howard + Djiin à l'Olympic Café, Paris (28/10/2018)


Il y a des jours comme ça, où tu cales une soirée un peu à l'arrache, ce n'était pas spécialement dans ton agenda. Et puis on te parle d'un groupe, tu le lances sur ta liste de lecture, tu trouves ça très bien, et tu te rappelles que tu avais bien aimé un autre groupe, et puis tu te rends compte que finalement, ton dimanche soir est libre. Alors, tu bouges ton putain de cul, tu braves le froid, par amour du stoner, du psyché et des musique fuzzy. Voilà donc pourquoi nous nous sommes retrouvés à l'Olympic Café. Une affiche totalement française, Fuzzy Grass, des mecs un peu d'Agen de Toulouse, tout ça, tout ça, Howard et Djiin. 


Partie I : Djiin

Djiin c'est un groupe rennais dont j'ai eu l'occase de voir l'été dernier. Leur nouvelle annonce m'a fait assez chaud au coeur, car comme je dis, et je redirais toujours, c'est un groupe qui montre toutes ses capacités  et son énergie sur scène. Portée par une vocaliste pour le moins charismatique, et harpiste qui plus est (ça vous est déjà arrivé d'écouter un groupe de stoner/psyché avec une harpe ? Ben, voilà, maintenant vous en connaitrez un). Je me suis donc empressée d'arriver à temps pour ne pas les rater. Comme quelques autres d'ailleurs. Nous trépignons un brin d'impatience. Djiin a pris place sur scène, nous laissant ainsi parés à entrer dans un univers de contemplation auditive pour le moins enivrant. Baignés dans des teintes bleutés, nous apercevons la vocaliste alors parée d'une jolie robe et d'un maquillage qui laisserait penser qu'on est face à une chamane (et ce n'est pas par hasard, d'ailleurs). 

Dès les premières notes, Djiin installe ainsi son ambiance, acoustiquement parlant, on est clairement mieux qu'à l'espace B, la sono est quand même vachement plus forte, mais les plus prudents auront compris qu'il vaut mieux être équipé. Nous sommes alors plongés dans une fausse quiétude, une sorte de calme avant la tempête. Le public est au rendez-vous et contemple le groupe avec une certaine délectation. Il n'a pas beaucoup de titres à son actif, ayant écouté plusieurs fois leur album live, même si c'était il y a quelques temps, les airs font facilement reconnaissables et je prends un malin plaisir à retrouver ces airs qui sont, il faut l'avouer, un brin entêtant. Tant mieux, nous sommes ici pour être initiés à un univers de mystère, de magie, de transe, et accessoirement d'une musique psyché avec du stoner (oui sinon, on ne serait pas ici). 

Comme tant d'autres, nous nous empressons de finir nos pintes pour mieux nous immerger dans leur musique. La chanteuse annonce entre autres un titre "Freaks", une sorte de "single" de l'album. C'est un titre engagé et enragé. Il me semble qu'à l'avenir, celui-ci restera un incontournable dans leurs prestations. Cela tombe plutôt bien parce que je l'aime bien, il oscille entre parties lentes et planantes, et accès de fureur immodérée. Comme possédée, la chanteuse nous fait savoir tout ce qu'elle pense et nous voilà alors clairement dans le délire acoustique du groupe. 

Je me souviens également du titre "Djiin", qui, selon la vocaliste, invite le public à s'initier à un rite chamanique venant du désert à nous délester de toutes les conventions et se laisser aller à des transes mystiques. Elle nous incite alors joyeusement à faire ce que bon nous semble, comme la copulation et autres joyeux débordements. Cela fait rire le public, comme quoi, malgré ses airs de grande chamane, elle a aussi et surtout, le sens de l'humour. 

Les morceaux se sont enchaînés à une incroyable vitesse. Nous n'avons pas vu le temps passer et sommes un peu déçus de voir qu'ils nous quittent déjà après 40 minutes seulement. Djiin aura fait le job, chauffé la salle, ils tirent leur révérence sous un applaudissement on ne peut plus mérité. Quelque chose me dit qu'ils repasseront souvent par ici. Je l'espère en tout cas.



Partie II : Howard

Alors alors, Howard ils viennent d'où ? Ben ici parce qu'ici c'est Paris. Comme ça, ils n'auront pas eu loin à se déplacer. Howard est un très jeune groupe qui a sorti qu'un cd de quatre pistes. On peut donc dire que c'est plus un E.P. qu'un album. Ils se décrivent ainsi comme "trois musiciens et une même envie : faire couler autant de Fuzz que possible. Orgues saturés, batteries épaisses, guitares stridentes et mélodies psychédéliques, Howard veut créer une musique à la fois violente et transcendante." Et là je vous vois tiquer. Quoi, c'est du stoner mais y a pas de basse, mais, mais quelle arnaque ! Alors, je vous préviens, en album ça se sent pas du tout, et en live, c'est quand même aussi fat qu'avec une basse. Vous me faites confiance oui ou non ? Parce que personnellement, j'ai écouté le bouzin et j'ai tout de suite accroché au délire rétro, punchy, catchy sur fond d'orgue et de chant un rien vintage. Oui, je suis comme ça, parfois j'ai envie de sauter dans tous les sens et de me dandiner rien que parce qu'un riff et une rythmique énergique me plait. Je pense d'ailleurs que comme tant d'autres, c'était pour ça qu'on était venus les voir. En tout cas, je sais qu'aux moins deux personnes étaient venues exprès pour eux.

Donc donc, donc. Bah balances rapidos, on enfonce bien ses bouchons, et hop. Quelle énergie, quelle rapidité, wow,  très rapidement on se rend compte qu'Howard ne fait pas dans la dentelle, et que bien qu'étant seulement trois, ils envoient grave du lourd. Ils ne disent même pas salut, ni comment ils s'appellent, juste, de l'énergie, un flux, quelque chose qui nous transcende en un éclair. On se sent obligés de finir sa pinte rapidement, car c'est ça où elle finit dans le décor. Je suis littéralement captivée par le clavier plein d'entrain, rien qu'à le regarder, on a la banane et on se dit, que oui, l'orgue ça peut aussi être méga méga fuzzy quand on y pense. 

Alors que j'étais clairement dans un délire autocentré sur mon ressenti pendant Djiin, Howard me convie à une autre transe, celle du partage de cette musique endiablée. On se risque à croiser les regards des autres spectateurs, et on lit la satisfaction commune qui nous irradie. Ahhh c'est quand même beau la musique, le bonheur se résume à peu de choses finalement. Howard dégage une musique et une ambiance qui laisse finalement très peu de répit à l'auditeur. On est baigné dans un flux acoustique qui donne la patate, rend joyeux. L'orgue y est sans doute pour beaucoup. 

Toujours est-il que les parties lentes sont finalement minoritaires dans leur musique. Si vous pensez taper un roupillon, Howard n'est probablement pas la musique adéquate pour ça. Dans la salle en tout cas, la température a sacrément augmenté, et il fallait lutter bien fermement pour garder ses guiboles en place. Personnellement j'ai assez vite capitulé, méprisant effrontément la bonne conduite à adopter en bonne société stonersque. Je suis toutefois assez étonnée de constater que les gens se modèrent en fait pas mal, en comparaison. Toujours est-il que la musique d'Howard a clairement réchauffé nos petits cœurs et nos tripes, même sans basse (parce que chipotons tout de même) ils ont un style incisif et efficace. Avec ce chant rétro, faut reconnaître que ça envoie grave du pâté, et ça donne envie d'en redemander une louche. J'étais éreintée à la fin du set. Fort heureusement pour nous, Fuzzy Grass carbure plutôt à une musique un peu plus contemplative et planante.

Prenons le temps de nous reposer et ainsi faire connaissance avec nos voisins de fosse.



Partie III : Fuzzy Grass

Les présentations étant faites. Nous avons pu joyeusement faire connaissance. J'avoue que ça doit être une des rares fois où je ne connaissais strictement pas la tête d'affiche d'un concert. L'historique du groupe se résume ainsi : "J'ai croisé une fois au détour d'une scène trois musiciens. La vie a fait qu'on s'est retrouvé il y a quelques mois autour d'un désir musical commun : envoyer du gros rock qui tâche et surtout, le vivre à travers l'improvisation, car c'est ce qui nous propulse le plus loin dans les merveilleux tourbillons énergétiques de la musique et de la vie en général.". Ils sont un peu de Toulouse et un peu d'Agen, ils ont réussi à boucler un album grâce la générosité et la passion d'amateurs de musique fuzzy. Dit comme ça, on se dit que c'est une très belle histoire, et on aimerait bien en savoir plus. Et bien ça tombe bien car nous étions ce soir-là pour savoir la suite. 

Dans un public qui a nettement gagné en nombre depuis le début de la soirée, on se faufile dans la foule pour parvenir jusqu'au devant de la scène. Je n'ai pas envie d'en rater une miette. Ce serait quand même con. Le hasard ou la chance au choix, a voulu que je sois positionnée juste en face du bassiste, et comme tout le monde connaît ma passion on ne peut plus fétichiste pour les bassistes, j'étais forcément très ravie à cette idée. Le groupe est normalement composé d'un quatuor guitare basse batterie chant. C'est beaucoup pour le genre, mais admettons. Nous avons tous chaud et sommes surexcités.

Très vite on est bercés dans un univers plus posé, mais heavy, avec des touches psyché et de blues. Les amateurs du genre seront forcément charmés. Ils dégagent une envie de faire du bon son et de le partager. Bien des fois dans la soirée, ils nous ont remerciés d'être là, c'est un peu con dit comme ça, surtout pour une tête d'affiche, mais cette attitude humble et posée était franchement touchante. Il y avait un quelque chose d'épique. Je ne saurais dire pourquoi. Les esprits sont enivrés, on a atterris dans une autre dimension acoustique bercée de gros riffs et de poésie bien calibrée. Pas de fausse note, on profite, tout simplement. 

Ah, c'est sûr, on se laisse pas captiver par hasard. Leur musique demandera probablement un peu de temps pour être appréhendée, mais son effet en sera décuplé. Ils ont ainsi brillamment conclu la soirée, pour notre plus grand plaisir. Nous libérant de nos humeurs tristes et fades, de la froideur automnale et de tout ce qui nous ronge au quotidien. Fuzzy Grass sans grass, qu'importe, l'effet est le même, c'est du tout bon. Ce fut donc une soirée riche en émotions et en rencontres, comme d'habitude j'ai envie de dire, il n'y a que dans le stoner qu'il peut nous arriver des choses pareilles, et c'est tant mieux. On aurait tort de s'en priver.



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