Après les hostilités totalement darky et black metallesques, j'avais envie d'un truc un peu plus posé pour reposer mes esgourdes. Rien de tel qu'un combo stoner + Satan. Les satanistes les plus stoned, Belzebong (qu'on se plait à confondre souvent avec Bongzilla, mais ce n'est pas du tout la même chose) étaient ainsi la tête d'affiche d'une soirée fort sympathique organisée par Below the Sun.
Partie I : Little Jimi
Little Jimi, dont ses influences sont manifestes via le titre même du groupe est un jeune projet oscillant entre le stoner, le garage et le fuzz. Originaires de Bordeaux, on ne sait pour tout vous dire, pas grand chose d'eux, si ce n'est qu'ils ont sorti un premier projet musical intitulé humblement E.P. 1 le 16 novembre 2018 chez Mr Red Sound. Deux jours après la sortie du dit projet ils l'ont joué sur scène, donc autant vous dire que personne ne les connaissait avant ce soir-là.
En cherchant dans le fond de ma mémoire, je me souviens ce que groupe m'avait fait une plutôt bonne impression. Sans prétention ils sont venus sur scène et nous ont fait partager leur univers acoustique qui était ma foi assez sympathique. Dans un public clairsemé, j'ai pu apprécier un son fun, tantôt groovy, tantôt planant, tantôt péchu. Bref, avec des notes assez surprenantes, je me suis dit que c'était ma foi un très beau projet en devenir que ces mecs-là.
Partie II : The Necromancers
Ces types, je m'en souviens, je les ai vus en première partie de Monkey3. J'avais trouvé ça sympa, mais pas fou non plus. Ils avaient l'air bien jeunes et un peu foufous. Entre temps ils ont évolué, gagné en charisme, et souvent je croisais en concert des gens arborer le t-shirt de ce groupe. A l'époque, je qualifiais ces mecs de groovy heavymetalleux avec une note énergique. Originaires de Poitiers, ils œuvrent depuis 2015-2016, quelque chose de ce genre. Aujourd'hui on les qualifie d'occult/doom/rock. Un beau mélange qui veut dire en gros, que si tu aimes le son qui te fait penser à une messe noire en un peu plus épique, c'est certainement ta came. Of Blood and Wine (2018), charmant programme en perspective, inscrit le groupe dans un univers fixé, l'occulte et tout le délire religieux un peu subversif comme on peut le constater via le tournant graphique dont le groupe s'est emparé pour illustrer leur décor musical en tournée. Bref, en clair, avant on ne les connaissait pas, trop, et ce soir-là à Paris, y avait pas mal de fans furieux qui avaient fait spécialement le déplacement juste pour eux.
Nous sommes ainsi plongés dans l'obscurité de la salle, dans un silence quasi religieux, personne ne dit mot, mis à part un hurluberlu qui gueule "Ça va être tout noir !" et le public répond en chœur "Ta gueule !". L'ambiance est installée. Puis vient alors l'heure de l'absolution. Un chant religieux s'échappe, un peu plus et on croirait qu'il s'agit de l'air de Ghost in the Shell, je ne saurais dire pourquoi ça m'a fait penser à ça en l'entendant. Mais cette impression est tenace, même en y repensant aujourd'hui, donc comme quoi, ce n'est pas un hasard. Quelle grandeur ! Quel charisme ! Je suis épatée moi-même à saluer leur venue comme les messies d'un genre épique et grandiloquant dans l'univers du doom/occulte ténébreux machin chose.
Je ne suis toujours pas fan du chant, mais faut reconnaître que le mec dégage une aura pas commune. Le groupe a gagné en assurance et en maturité, c'est manifeste. Comme il est de coutume au genre, on a le droit à de longs morceaux assez épiques qui plongent la salle dans une ambiance grave. Ce qui me gêne, c'est ce que je ne sens jamais les morceaux décoller, j'aime, mais il manque un petit grain de folie au bouzin pour me faire totalement adhérer à leur délire. Le public quant à lui est conquis et c'est tant mieux. J'assiste donc d'un air curieux à la performance de ce groupe. Me demandant ce qui m'échappe, mais c'est peut-être juste ainsi. Parfois, il y a des genres auxquels on accroche pas et puis c'est tout. Musicalement et acoustiquement parlant, le groupe est au poil, faut l'admettre. Un peu plus et on croirait que c'était eux la tête d'affiche de la soirée. Mais non.
Partie III : Belzebong
Le groupe le plus green du stoner, dans un style uniquement instrumental, les sataniques carburant à la weed nous ont gardé le meilleur pour la fin. Ce groupe polonais officie dans le genre depuis 2008, pas de badtrip, une valeur sûre, du vert et encore du vert. Des paroles, mais pourquoi ? Quand on sait qu'on peut transmettre des émotions uniquement via la saturation de guitares bien molles chargées en saturation ? J'avais eu le plaisir de faire la rencontre avec ce curieux groupe en première partie d'un Up in Smoke. Je me souviens que dès les premiers accords, sous les spots vert, j'avais eu la surprise de sentir de charmants relents de weed. Le plaisir procuré par ce spectacle n'avait été que décuplé. Je m'étais dit qu'effectivement, le son allait bien avec cette odeur, et que ma foi, c'était fort sympa.
Après un premier album sorti en 2011 Sonic Scapes & Weedy Grooves (oh oui weedy, tout ce qu'on aime !), le groupe a enchainé en 2015 par un magnifique Greenferno, pièce maîtresse incontestée qui a permis au groupe de s'affirmer comme étant un incontournable du doom stoner instrumental sur fond de weed chargée à bloc. 2018 voit la naissance de Light de Dankness qui surprend par la rapidité de son exécution. Mais ce n'est pas pour nous déplaire. Je l'ai aimé, et c'est ce qui, bien sûr, m'a amené à les voir ce soir-là.
J'aime la facilité quand elle est bien exécutée, j'aime la routine quand elle est bien menée. Fidèle à leurs habitudes, nos bonhommes sont montés sur scène sous des spots vert. Et il n'a fallu de quelques minutes avant que je sente à nouveau des relents de weed. Ah, comme quoi, on ne se refait pas ! Je n'ai pas besoin d'influence pour apprécier un groupe en concert, un peu d'alcool tout au plus, et encore, souvent je n'en consomme même pas. Mais faut reconnaître que c'était plus cocasse comme situation. Point chaleureux pour un sou, ils nous ont craché leur setlist comme un vieux glaviot, mais en prenant bien leur temps. Les riffs saturés gluants et planants, comme une huile de weed fraichement pressée, oui, je dis oui à Belzebong. Et non, il n'y a pas besoin de paroles pour exprimer tout leur art, des riffs chargés et bien saturés, une batterie bien calibrée suffisent à faire passer le message.
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