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[CR CONCERT][ARCH] Sleep + Pharaoh Overlord au Bataclan, Paris (08/10/2019)

 

Premier concert post-tragédie du Bataclan. Quand j'ai vu que le concert était annoncé là-bas, ça m'a fait bizarre de me dire que j'y remettrai les pieds malgré ce qui s'était passé. On m'avait dit  :"Tu verras, ça va te faire bizarre avant d'entrer, mais une fois que tu seras devant la scène avec ta bière à la main et que le concert commencera, et ben tu n'y penseras plus". J'ai eu un peu d'appréhension, mais il fallait reconnaître que cette aimable personne avait raison. Qui qui est chaud pour voir les patrons de Sleep, genre enfin ? Moi, bien sûr. 


Partie I : Pharaoh Overlord

Pharaoh Overlord est un groupe un peu fourre-tout, du style rock psyché stoner rock, krautrock, experimental *trucs-divers-et-variés, ayant également officié dans le heavy et le speed metal. Ils sont Finlandais et trouvent leurs origines quelque part dans les années 2000. Avec en gros presque 20 albums au compteur, on suppose que l'équipe originelle a dû pas mal changer puisqu'ils sont aujourd'hui plus que deux sur scènes alors que sur d'autres photos ils sont plus nombreux. Et d'ailleurs, leurs premiers albums s'appelaient successivement "Pharaoh Overlord #1" (j'approuve totalement). Puis maintenant, plus du tout, genre 5 (2019) et je n'ai pas tout compris mais admettons et le dernier tout frais de cette année s'appelle #1, est-là un indice qui marque une sorte de retour aux sources ? Je l'ignore et c'est très/trop confus. 

J'ai donc fait comme ce qui m'a été conseillé. Je suis entrée dans le bataclan en n'ayant qu'une seule idée en tête, aller me chercher une bière, avec bien sûr, un passage obligé au merch', j'ai dû user de pas mal de communication et de gestes pour faire comprendre à la madame merch' que je voulais une coupe fille et pas un S mâle car je suis une femelle et je n'ai pas envie de porter un pyjama. Au final on a finit par se faire comprendre et je suis repartie avec mon précieux pour un prix moyennement exorbitant aux couleurs de Sleep (Dragonaut parce que j'aime les dragons) et j'en étais toute fière. Nous nous sommes dirigés aux sons mélodieux et trippant de ce curieux duo, Pharaoh Overlord, que nous ne connaissions aucunement auparavant... 

Première impression "mais pourquoi ce batteur ressemble étrangement à un sosie de Steve Jobs avec son pull col roulé noir et ses lunettes ?" Le son psyché aérien rappelle les bons airs trippants d'Oranssi Pazuzu, mais sans le chant guttural qui pourrait en rebuter plus d'un. Quant au chant, parlons-en, une sorte de voix rauque aérienne sortie d'outretombe. Difficile à expliquer tant il faut l'entendre pour comprendre.  Très franchement, je sais que j'ai tendance à parler de Depeche Mode pour tout ce qui sonne un peu electro catchy mais pas trop, mais j'en parle quand même. (Crucifiez-moi en m'obligeant à écouter du Depeche Mode si tel est votre désir). Globalement, leur musique ressemble à une longue piste psyché qui s'étire à l'infini, avec une rythmique qui ne semble jamais changer d'un poil. Ils ont conclu les hostilités par un titre déjà-vu auquel j'avais déjà prêté une oreille par curiosité et puis là c'était le drame. Notre guitariste chanteur a arrêté de jouer de son instrument pour le brandir à la foule, puis de manière théâtrale a fini par le poser dans un coin. S'en suivit d'une scène bizarre où il battait la mesure avec ses mains sur son ventre (je ne mens pas je vous le jure !) puis il s'est approché de son acolyte batteur pour lui faire une sorte de massage aux épaules et ça s'est terminé en ces termes.

Du coup je me suis demandé. Si la musique continuait de jouer pendant le petit manège de notre guitariste vocaliste, on-t-il vraiment joué de toute la soirée ou bien était-ce une bande-son depuis le début ? C'est perturbant et je ne cesse d'y penser depuis ce jour.  Et depuis ce jour je parle de Pharaoh Overlord comme ce groupe qui a fait ma soirée, et je ne me lasse jamais d'évoquer cette anecdote. Bon, ça ne fait rire que moi mais c'est le principal. 

Leur discographie est immense, et j'ai pu parcourir quelques albums mais je garde mon option sur le bien nommé 5 qui est représentatif du concert et que je conseille chaudement par la même occasion. Cette première partie a été une révélation musicale et je l'écoute encore régulièrement, parfois même je me risque à le mettre en fond sonore pour des "non-connoisseurs" et ils n'y voient que du feu. 

Avec leur look d'informaticiens un peu vintage, ils détonnaient. J'ignore ce qui a justifié une telle première partie, sans doute des potes à Sleep. Mais la qualité fut fort bonne et ce fut une très bonne entame de soirée ma bonne dame.

Bandcamp

Fjesboka

Partie II : Sleep

Sleep c'est les tauliers du stoner/doom américain. Ils trouvent leurs origines aux débuts des années 1990 et sont guidés par la figure emblématique de Al Cisneros, alias, le barbu imposant à la basse. Alors du coup, on fait les calculs, et on se dit qu'ils doivent avoir genre une tripotée d'albums au compteur, et bien non. Ils n'en ont que 5. Ils étaient plutôt prolifiques dans les années 1990 (enfin pas trop non plus) et ont connu une coupure pour le moins gigantesque avant le dernier en date The Sciences qui date de 2018 un bon Sleep, bien qu'un peu convenu. Mais le groupe est surtout connu pour son titre fleuve Dopesmoker (2003) qui a inspiré plus d'un amateur de stoner dans leurs productions musicales. Pour ma part, j'ai effectivement moi aussi connu le groupe via celui-ci (parce qu'il est BIEN).

Mais revenons à nos moutons. Le concert pardi ! Alors que nous étions sur le point de nous endormir, j'en ai vu un d'ailleurs qui a tapé son roupillon juste avant pour être en forme à l'arrivée du groupe, pas con n'empêche. Le groupe a introduit les hostilités avec un titre phrare du dernier album, un titre bien planant de type stoner, le tout embrumé dans une gamme chromatique verte et violette. Le public est clairement dans le bain rapidement. Les tableaux changeant au fil des riffs de gamme chromatique, tantôt turquoise et vert clair avec des relents de weed palpables (ben oui, c'est du stoner voyons !). Nous sommes bien bercés dans la rythmique du groupe. Et nous regrettons un instant d'être non fumeurs pour cette soirée. Al Cisneros se fait plaisir toute la soirée, faisant traîner en longueur des solos de basse pour les amateurs du dit instrument. Nous sommes aux anges et happés par ces mélodies entrainantes mi-molles mi-vives (bah oui, stoner/doom quoi). Difficile de détailler chaque morceau, tant un concert de Sleep est littéralement un expérience acoustique, visuelle et ambiancée de qualité. Les vieux croisent les moins vieux, les jeunes apprennent à apprécier et les vieux savourent ce qu'ils connaissent par cœur. Ceux qui préfèrent boire et écouter font des allers-retours incessants. Il faut le vivre pour le comprendre. Le Bataclan a pris un coup de jeune avec ses murs blanc, c'est une autre salle, une autre vie qui commence et c'est tant mieux.

Site officiel

Fjesboka

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