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[CHRO] Völur - (2017) Ancestors


J'ai comme qui dirait une folle envie de faire une virée dans le grand nord canadien 


 Völur, même si ce nom laissait présager une toute autre localisation géographique, c'est tout bonnement un trio canadien originaire de Toronto. Ils existent depuis globalement 2013, Après Disir (2016), Ancestors est le deuxième album studio qu'ils nous font partager dans un style musical aussi riche et abouti que je qualifie grosso merdo d'ambient/folk/doom metal. Si par le plus grand des hasards vous aimez Wardruna ou Skuggsjá mais avec un tempo un poil plus lent, ce disque est fait pour vous.

J'aime Völur, parce que la première fois que j'ai écouté ce disque, j'ai eu littéralement l'impression de me propulser dans des grandes étendues givrées où cette nature indomptée nous rappelle qu'en fin de compte, nous ne sommes pas grand chose si ce n'est qu'un petit être un peu stupide écoutant un album de musique où nous imaginons que nous sortons en plein air. Moralité, pour son effet soit optimal, je vous conseillerai donc de sortir faire un tour pour une petite balade avec votre casque sur les oreilles pour vous plonger pleinement dans l'ambiance. 

Le premier titre "Breaker of Silence" (qui est en fait découpé en quatre parties: I. Invocation, II. Berggeist,  III. Symbelmyne, IV. To Ulmo) fait vraiment son office, des chants envoûtants percent le silence afin de nous convier dans cet univers si particulier qu'est Völur. Une rythmique lente, qui petit à petit se voit étoffée par la mise en place d'instruments qui se superposent progressivement. D'abord cette basse qui nous invite à cette cérémonie chamanique un peu particulière. Cette basse se tait pour laisser ces chants et ce violon nous capter, ô que j'aime ça, ils sont forts les mecs de Völur, ça sonne folk et doom, et quand on pense à cette ligne de basse qui arrive à nous capter en quelques notes, c'est prodigieux, mais comment n'y a-t-on jamais pensé avant à le faire ? Que dire du chant féminin ? Ah oui, c'est brillant, en deux titres, je suis déjà fan. Qu'il eut cru qu'une basse saturée et un violon pourraient si bien s'accommoder ? Völur nous prouve que c'est possible, la preuve en musique. Et même ce chant guttural qu'on peut entendre à la troisième partie du titre tombe à merveille, comme un cri désespéré transperçant ce silence oppressant, j'avoue, j'ai été bluffée car je ne m'y attendais pas. Plus de calme, de la brutalité lente et assourdissante, passé le côté folk un peu gentillet, on est entré dans un doom bien pesant. 

L'album Ancestors se présentera toujours ainsi, des titres découpées en plusieurs parties commençant toujours dans un rythme et une ambiance lente et concluant dans une bourrinitude savamment calculée. Que dire de ce violon sur le dernier quart ? Ah oui, dans les musiques sombres et expérimentales on peut se laisser à de la mélodie sans ressentir aucun complexe. Quand  "To Ulmo" se termine et que j'ai été définitivement assourdie par ces guitares saturées, j'admets avoir exigé encore ma dose de musique.

"Breaker of Skulls" (I. Boast, II. Flyting, III. Eulogy) quant à lui, introduit sur une note de doom orientée clairement funeral (dit comme ça, ça me rappelle mes premiers amours doomesques). Le cri désespéré se fait plus rauque et granuleux. Fini le désespoir mais une rage savamment orchestrée. Mais où sont passés les violons et le chant féminin ? Est-ce bien le même groupe que nous écoutons à présent ? "Flyting" fait baisser la pression et nous invite à nouveau à une contemplation auditive plus sereine, qui, bien entendu, sera de courte durée. Petite dédicace à ce passage violoneux qui n'est pas sans rappeler une touche Wardrunesque, mais elle ne durera pas, "Eulogy" s'annonce comme une invitation à une cérémonie un peu triste tout en lenteur mais dans une dimension assez épique. Un peu plus et on verserait une larmichette, mais que nous dit ce cri désespéré ? Je n'en sais fichtrement rien, mais ça me parle. 

"Breaker of Oaths" (I. An Arch of Turf, II. Solitude, III. A Curse and a Song of Woe, IV. Death)  quant à lui, nous replonge dans ces sonorités franchement déprimantes. En même temps, quand on regarde les titres, forcément, ça n'invite pas à la joie de vivre. Là, dit comme ça, je ne sais pas, mais ce violon me rappelle un Tabula Rasa de Arvo Pärt, un poil rehaussé par murmures féminins qui concluent la première partie. "Solitude" s'enchaîne sur une dimension plus folk avec des violons basse saturée et chants clairs, ô que j'aime ça ! Quand j'ai dit qu'ils n'avaient pas fini de me surprendre, cet album est complet et d'une richesse qui nous prouve que les Canadiens sont aussi capables de faire de belles pépites musicales. "A Curse and a Song of Woe" est un titre en deux parties pourtant très court, deux minutes à peine, un intermède violoneux qui enchaîne sur une dimension épique doomesque de toute beauté. les chants d'introduction "Death" sont sans doute ceux qui n'importe qui souhaiteraient entendre pour ses funérailles, mais parce que le calme ne dure jamais bien longtemps avec Völur, retour à du doom et ce chant guttural bien rauque et cette basse saturée un poil dérangeante. J'entends même des sonorités sludge, ah oui, on est là dans une mort bien poisseuse qui s'achève, pouf ! Sommes-nous enfin morts à présent ?

"Breaker of Famine" (I. Uvertyr och Spindlar, II. Svart, III. Emaciated Ghosts, IV. O Fathers, V. Sitting Out, VI. To Sandy) rompt l'austérité et nous nourrit d'espoir, mais bon, ça reste quand même suffisamment lent et déprimant je vous rassure tout de suite. Là, y a du doom qui sonne un rien funeral, ça me rappelle mes premiers amours Mournful Congregatiens, rien que ça. Ah mais on parle bien d'Ancestors, pas étonnant que ça nous fasse voyager en plein délire nostalgique. Sur "Svart" on voyage en plein délire black metal bien bourrin, le tempo de la batterie est bien plus rapide, un peu plus et on croirait entendre du son bien trve des années 90. Mais nous, nous écoutons Völur alors "Emaciated Ghosts" et sa basse proéminente nous rappelle qu'il s'agit bien de doom, certes, un poil rapide, mais nous sommes bien en 2017 (date de la sortie de l'album, pas de l'écoute du moment, bien entendu). J'aime comment les parties rapides sont subitement arrêtées pour faire face à des tempos plus lents. C'est magique et surprenant. Le titre se conclue sur une lenteur oppressante, un rien planante. Ces pauvres fantômes semblent vouloir nous dire quelque chose. Changement d'ambiance, "Ô Fathers" retourne à des sonorités bien folk, si c'était scandinave, j'aurais bien senti un délire un rien patriote, ce chant unique transperçant le silence, avec rien qu'une ligne de basse en introduction pour l'accompagner. Ah oui, c'est terriblement bien pensé. Puis vient le violon, une légère rythmique, et le chant s'accompagne d'autres voix. J'aime ce titre, il me donne envie de chanter avec eux et me reste dans la tête pendant un bon moment même après l'écoute de cet album. Donc si je devais choisir un titre qui me rend toute jouasse, c'est bien "Ô father" qui remporte la palme niveau émotions procurées durant son écoute. "Sitting Out" est dans un registre plus doom (encore !) mais semble être dans la continuité de l'atmosphère épique de "Ô Father". Bref, il remplit bien son office d'ode à un délire épique. Vous ne vous voyez pas la main sur le cœur ? Moi tout à fait. Et pour cause, en fin de titre, les chants en chœur reprennent, toujours sur la même ligne de basse en fond sonore. Oh comme j'aime ça. "To Sandy" s'introduit sur ces violons toujours aussi tristes et larmoyants, et oui, déjà la fin ? Mais pourquoi faut-il que ça s'achève aussi rapidement ?

53:21 de bonheur auditif  durant cet  album de Völur. Est-ce bien la peine de préciser que 2017 a été une putain de bonne année riche en découvertes musicales ? 

Contenu :

01 - Breaker of Silence (I. Invocation)
02 - Breaker of Silence (II. Berggeist)
03 - Breaker of Silence (III. Symbelmyne)
04 - Breaker of Silence (IV. To Ulmo)
05 - Breaker of Skulls (I. Boast)
06 - Breaker of Skulls (II. Flyting)
07 - Breaker of Skulls (III. Eulogy)
08 - Breaker of Oaths (I. An Arch of Turf)
09 - Breaker of Oaths (II. Solitude)
10 - Breaker of Oaths (III. A Curse and a Song of Woe)
11 - Breaker of Oaths (IV. Death)
12 - Breaker of Famine (I. Uvertyr och Spindlar)
13 - Breaker of Famine (II. Svart)
14 - Breaker of Famine (III. Emaciated Ghosts)
15 - Breaker of Famine (IV. Ô Fathers)
16 - Breaker of Famine (V. Sitting Out)
17 - Breaker of Famine (VI. To Sandy)

 


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