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[CHRO] Nortt - (2017) Endeligt

Bonne nouvelle, la dépression saisonnière est arrivée !


Histoire de terminer l'année 2017 en beauté, Nortt a eu la bonne idée de nous sortir le 29 décembre son quatrième album. Nortt, c'est une grande histoire de déprime que ce bonhomme danois cultive depuis 20 ans déjà, comme quoi, ça conserve. Et alors, depuis ce génialissime Gudsforladt (2003), est-ce que ce le "Pure Depressive Funeral Doom Metal"  est toujours aussi bon ?

L'album démarre sur le titre "Andægtigt dødsfald" toujours aussi vaporeux et parsemé de sons un peu énigmatiques dont il en est si friand. Tu l'as sens la bonne déprime hivernale ? Parce ça ne fait que commencer. Ce que j'adore avec Nortt, c'est qu'avec un rien, il arrive à me plonger dans une atmosphère un rien glauque et tout à fait déprimante. À l'image des "tiouuu tiouuu" pourtant discrets mais tellement ténébreux ! Et là, quand la guitare se mêle au piano, c'est toute la magie du "pure dépressive funeral doom metal" qui opère. La langue danoise n'a jamais été aussi gutturale et inaudible que dans la bouche de ce type. Je n'y comprends strictement rien, mais il y a fort à parier qu'il ne nous raconte pas sa dernière bonne soirée entre potes. Ah ça non ! Et que dire de cette cloche qui sonne de le glas de notre fin pour conclure le titre ?

"Lovsang til mørket" continue dans la lignée avec cette lenteur déprimante, un rien agressive, mais bon, ça plombe tout de même toujours le moral. Baigné dans cette obscurité sonore maladive, ces riffs répétitifs et un rien angoissants permettent à l'auditeur de se plonger dans ce mal-être dont Nortt excelle si aisément. Quand les instruments et la batterie se taisent pour nous laisser avec cette guitare, on se sent tout à fait seul avec notre mal de vivre, bref, il est malin Nortt, même dans le silence, il est capable de tout.

"Kisteglad" est un titre faussement joyeux. Il introduit sur un air d'orgue tout à fait mortuaire. Un peu comme si on écoutait la bande sonore de son enterrement. Il a également le don de faire quelques arrangements sonores qui nous angoissent un brin, enfin, pour l'instant ça va. Je me dis que ce n'est pas mon enterrement mais celui de quelqu'un d'autre, et par-delà, cet air, on trouvera sans doute l'absolution tant recherchée. Il est court ce titre, un rien frustrant, vous ne trouvez pas ?

"Fra hæld til Intet" nous plonge dans le grand "rien" avec ce petit air acoustique qui nous ferait presque croire qu'enfin l'interprète et surtout l'auditeur a le droit de se reposer en toute sérénité. Cet air lent est terriblement entêtant, comme une marche funèbre on se sent littéralement passé de l'autre côté. Ici c'est le piano qui mène la danse et permet à cette timide batterie de battre la mesure de la marche. 

"Eftermæle" continue sur la lenteur, mais dans un chant guttural non pas torturé, mais qui suinte le poisseux et le malaise. Je ne saurais vous dire pourquoi, mais il me dérange un brin. Je me demande comment il arrive à sortir ces vocalises, il y a vraiment un truc pas net. C'est comme si une bête sortie d'outre-tombe m'adressait la parole. Et puis il y a toujours ce rythme lent, cette guitare saturée qui l'accompagne, et cette batterie molle. Oui, molle car déjà un peu morte dans le fond.

"Afdø" quant à lui, revient à ses amours doux et mélodieux. On ne sait pas vraiment à quelle sauce on va être bouffé, mais ce titre respire bon le doom presque épique. Oui, presque, ne nous affolons pas, il s'agit de Nortt tout de même. Mais oui, je confirme, il y a clairement une dimension presque épique dans l'introduction de ce titre, ce sont probablement les 5 minutes les plus joyeuses de cet album. Nortt nous rappelle que parfois on peut accélérer un rien le tempo pour donner une impression d'euphorie musicale. D'ailleurs, ce titre sera principalement mélodieux et épique parce qu'on y trouve deux guitares superposées. Enfin, parce qu'il s'agit de Nortt, après quatre minutes, on arrête vite de s'emballer et on retourne à notre déprime tranquillement. Plongée dans ce silence oppressant, la chute ne sera que plus douloureuse.

Et voilà, "Gravrøst", cette introduction qui nous martèle que nous sommes biens tombés bien bas. Ah oui, fallait le reconnaitre que la joie était de courte durée. Ici on surfe dans un titre assez ambient, pas de guitare non, c'est surfait, juste des sons superposés qui nous plongent dans une atmosphère bien glauque, des sonorités bien mortuaires, comme si on avait l'impression de sortir faire une balade dans un cimetière en plein milieu de la nuit (quoi, vous ne faites pas ça régulièrement ?). Il en faut peu pour faire peur, n'empêche que j'ai comme qui dirait l'impression d'être encerclée par des esprits pas sympathiques du tout.

"Støv for vinden" est un titre aérien. Ce sera le plus long de l'album attention. Un souffle accapare l'auditeur pour ensuite retourner à une guitare saturée et le chant dont Nortt est friand. Ah et que dire de ces touches au piano qui ajoutent une bonne dose de "glauquitude" à notre affaire ? J'aime Nortt parce que quand j'entends ces touches derrière les guitares saturées, je sais tout de suite que c'est lui. D'ailleurs, y en a pas un qui est capable de faire aussi bien que lui. Dans ce titre, le piano mène la danse au final, on ne peut pas dire que c'est complexe, mais ces quelques touches, bien répétitives arrivent à nous immerger dans toute cette déprime. Et quand la guitare reprend le fil de la mélodie, oui, j'avoue un profond sentiment de mélancolie m'empare. Allez zou, sortez vos mouchoirs, c'est sur ce titre ou jamais que vous pouvez vous lamenter sur votre mal de vivre. Où est ma corde, vite ? Je ne pourrais décemment jamais tenir jusqu'au bout. De nouveau plongée dans le souffle du vent, il y a comme qui dirait un parfum d'éternité dans ce mal-être.

Et oui, on conclut notre affaire sur "Endeligt". Nortt nous rappelle ici que ces émotions perdureront à jamais et que question déprime et mal de vivre, il est un maître en la matière. Merci Nortt, un peu plus et je croyais que la vie était belle et méritait d'être vécue, bon seulement pour écouter tes albums. Pense à cette année que tu ne voyais jamais finir ? Pense à ces résolutions que tu ne tiendras jamais, pense au fait que tu te dis que peut-être l'année suivante sera moins mauvaise que la précédente. Haha ! Pauvre fou ! Non, ce n'est que le début du calvaire, un calvaire qui ne s'éteindra jamais. Les sonorités de ce titre sont comme étouffées, comme ta tête dans un sac plastique par exemple, mais bon, libre à toi d'imaginer plein de trucs. Écouter Nortt la tête dans un sac plastique doit être une expérience totalement prodigieuse. Pour ma part, je me limite à éteindre la lumière ou regarder la pluie tomber, comme aujourd'hui. Nortt ne peut pas s'écouter lors d'une journée ensoleillée, Nortt c'est la pluie, la grisaille, la déprime hivernale, ton envie de te pendre et ton ras-le-bol quotidien. Nortt c'est la bande-son de ta vie pourrie à laquelle tu n'as même pas les couilles d'y mettre fin. Pour conclure, je citerai des gens qui s'y connaissent en bon goût :

Vive la mort !

Contenu :

01 - Andægtigt dødsfald
02 - Lovsang til mørket
03 - Kisteglad
04 - Fra hæld til Intet
05 - Eftermæle
06 - Afdø
07 - Gravrøst
08 - Støv for vinden
09 - Endeligt

 


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