Accéder au contenu principal

[CR CONCERT] Misþyrming + Darvaza + Vortex of End au Gibus, Paris (17/09/2019)



Beuaarrpp c'est trop black metaaaal ! Beuarrrp et en plus c'est islandais ! Beuarrrp ! Comment résister ? Beuaarrrp je suis trop ténèbreuse, je sens le chaos de cette île improbable au climat épouvantable m'envahir et s'emparer de moi, me plongeant dans le doute, la haine, sans espoir de retour en arrière possible. Bref, Misþirming, groupe de la scène black metal islandaise qu'on ne présente plus. Darvaza, cette formation italo-norvégienne au son old school, et Vortex of End, les parisiens, figure montante autant détestée qu'appréciée dans le black metal, un incontournable si on foule les soirées parisiennes. 


Partie I : Vortex of End

Je croyais avoir déjà parlé de Vortex of End ici, je me rends compte que non. Pourtant, c'est un de mes sujets de conversations favoris, j'ai l'impression d'avoir déjà tout dit sur ce groupe et horreur, bien je vais devoir m'y coller. Vortex of End ou VoE pour les trves, ou le groupe qui exècre à l'idée d'utiliser la lettre "u" sur la toile, adepte du caps lock. On trouve leurs origines quelque part vers 2006 avec la sortie d'une obscure démo, qui, lira-t-on dans les méandres de l'internet, ne leur a pas rapporté un kopeck. Leur premier vrai album In Satan and Plutonium We Trust (2007) marque le début de nos compères chaotiques. Il n'a visiblement pas marqué les esprits, comme beaucoup de premiers albums de groupe alors on ne leur tiendra pas rigueur. S'en suit des autres projets, un E.P. et un Split puis l'album qui m'intéresse Fvlgvr Lvx Terror (2015 déjà !) avec une patte intéressante qui mérite qu'on s'y attarde. Le dernier Ardens Fvror qu'on pourrait traduire en français par "Fureur Ardente" (qui ferait un bon titre de roman arlequin ceci étant dit au passage) je ne l'ai pas écouté, mais j'ai entendu des échos positifs à ce sujet. On dit qu'ils vénèrent la brutalité crasse et la "fureur" durant leurs passages scéniques et c'est ce qui m'a poussé à y jeter une seconde oreille en live au Gibus. Voilà.

Je suis arrivée en cours de set, juste à temps pour appréhender une partie de la performance de nos joyeux lurons parisiens. Je les reconnais tout de suite au loin, grâce au typique vrombissement de leur musique qui émane de la salle. Le groupe est constitué de quatre bonhommes au physique de nageurs est-allemands (ref. nécessaire) arborant fièrement leurs pectoraux musclés, tatouages et probablement du sang coagulé (à vérifier). Ils portent chacun une chaîne en guide de sangle d'instrument. Je me retiens de penser à un délire SM douteux mais je n'en tiens pas rigueur, on a vu bien des choses dans le black metal, on dira que cela fait partie des artifices scéniques typiques au genre. Les types sont plutôt fidèles à leurs habitudes, ils arborent un air sérieux, limite froid et jouent leur musique, un black metal franchement agressif qui ne fait pas dans la dentelle. L'entrée en matière semble très sympa pour la soirée. 

Seul regret mais non des moindres, le son est franchement dégueulasse à souhaits. Au final, ce que j'aurais entendu, c'est surtout le vrombissement grave et saccadé des instruments. Il y avait pourtant clairement une volonté de bien faire les choses. Tout dans l'attitude et l'énergie dégagée présageait un bon moment mais non. Les basses sont archi prédominantes (n'en déplaise au bassiste qui fait du bon travail, saluons au moins cet état de fait), les aigus sont fuyants, quasi inexistants. La surprise néanmoins, comme cela arrive peu souvent dans ce genre de concerts et cela mérite d'être notifié, ce sont les micros qui sont réglés tellement fort qu'ils en feraient passer la musique instrumentale au second plan. Et ça, c'est plutôt cocasse. 

Chaque musicien est potentiellement chanteur, et ça c'est original, cela permet de mettre en valeur une variété vocalique peu commune (et vu que c'est surtout ce que j'ai entendu, je me permets d'insister sur ce point). Pour le reste, la qualité sonore du bouzin ne m'a pas franchement emballée. Ça mériterait probablement que je m'attarde un de ces quatre sur cet album. J'y songerai, il le faut.



Partie II : Darvaza

Comme précédemment dit, Darvaza est une formation plutôt atypique, italo-norvégienne que j'avais eu l'occasion de découvrir sur la petite scène du North of The Wall l'an dernier. Il jouent un black metal plutôt traditionnel, une ambiance et un jus seconde vague, d'inspiration forcément norvégienne (par le vocaliste qui est vraisemblablement Norvégien car blond aux yeux bleus) dans une lignée plutôt Taakienne avec cerise sur le gâteau, des accents un peu épiques, surfant sur du doom et un chant clair (versant italien quand tu nous tiens) incarné par un autre musicien qui vocalise de temps en temps et m'a l'air quant à lui plutôt Italien (car brun et plutôt trapu aux yeux foncés, et on va arrêter les caractéristiques physiques sinon on va encore croire que je suis de droite).

Saluons l'effort de l'ingé-son, la qualité acoustique s'étant nettement améliorée pour ce set, on perçoit nettement mieux les aigus et le volume sonore du chant semble clairement mieux calibré. On regrettera que Vortex Of End ait payé les frais d'un réglage sauvage de la qualité acoustique de la soirée, malheureuses sont les premières parties, toujours, à quelques rares exceptions près. L'attitude Hoestienne du chanteur fait de l'effet au public qui adhère rapidement à l'énergie du groupe. On surprend le bonhomme à se suspendre au plafond et fixer le public d'un air mauvais (mais pas trop non plus, je suis sûre que ça doit être sympa de boire des pintes avec lui). 

Cette mise en jambes avant les vraies hostilités islandaises est ma foi fort sympathique. J'accroche aux riffs, à la musique, la température de la salle augmente perceptiblement et le public commence enfin à montrer ce qu'il a le coffre et le cœur pardi ! A l'image de ces pogos qui se forment enfin dans la fosse, il était temps ! This is trve black metal svart metall ou nero metal ? Que sais-je ? Le mélange black/doom/epique passe bien et force est de constater qu'on est bien contents.

On peut souffler jusqu'au prochain set.



Partie III : Misþirming

Misþirming (alt + 231 pour obtenir ce magnifique caractère spécial qui fait pester les non islandophones donc c'est-à-dire beaucoup de monde) ça veut dire maltraitance en langue islandaise. J'ai pourtant fait quelques années d'islandais mais je n'ai rien retenu. Je m'en excuse platement. Cette musique n'est pas une sinécure. Après un album plutôt froid et brut de décoffrage Söngvar elds og óreiðu (2015) à l'image de leur contrée, cette tournée était l'occasion de défendre les couleurs et de présenter leur nouvel album Algleymi (et oui, pas de caractères spéciaux pour l'occasion, nous soufflons et nous nous réjouissons) qui émane un vent nouveau dans leur production et créativité musicale, croyez-le ou non (mais surtout écoutez) à la première écoute j'ai senti quelque chose de plutôt vif et frais, moins sombre, plus enjoué dans leurs riffs. Comme si du vieux rock venait s'immiscer dans leur black metal décapant. Et très franchement, si on fait abstraction du chant guttural (ok, pour les non initiés ça demande beaucoup d'efforts mais vous qui me lisez, vous savez de quoi je parle) et de cette batterie qui tambourine telle un rouleau compresseur leurs riffs semblent tout droits sortis d'une mélodie plutôt pop rock.  Ah ces Islandais, ils nous surprendront toujours !

Bref, ils montent sur scène, enfin ! Après une musique d'intro qu'on retrouve dans leur dernier album et sonne comme la B.O. d'un western spaghettis (si, si, je vous l'assure, les scandinaves ont une réelle passion pour la country et les westerns). On est fort contents. Je reconnais des bobines et ils portent comme à leur habitudes leurs chemises blanches retroussées, sans doute imbibées de sueur, de cendre et de sang coagulé (je m'emballe ? Non, jamais trop !). J'aperçois le batteur qui détonne dans cet environnement, un vrai Golgoth, à l'image du viking typique, (vous l'avais-je dit que les Islandais entretenaient une vraie passion pour le culturisme ? J'avais vu un super reportage là-dessus, loin des salles de gym, ils soulèvent des pneus de tracteurs et mangent sans doute des kilos de hareng mariné et de morue séchée, mais je m'égare). Il est immense, massif, sa batterie en comparaison ressemble à une version miniature pour enfants et ses cymbales sont criblées d'impacts de ses baguettes, comme prêtes à rendre l'âme à tout moment. Le gugus tape fort et vite tout en se risquant à des salutations régulières au public (pas commun pour un batteur n'est-ce pas ?). Nous sommes euphoriques et passons un très bon moment d'entame du set. 

Les morceaux s'enchaînent sur une majorité de titres du second album qui passe très très bien en live. Le groupe joue cinquante minute, part en backstage. Le public exige un rappel, le groupe revient pour un titre express puis quitte de nouveau définitivement la scène et ne reviendra pas, et ce, malgré les applaudissements à la sauce islandaise. Et puis c'est tout.

J'ai bien aimé, bien sûr.



PS : désolée pour le délai. J'espère que mes remarques d'un humour douteux et franchement idiot vont auront plus. 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

[CHRO] Julien Heylbroek - (2014) Stoner Road

Julien Heylbroek est né en 1980 à La Rochelle. Co-fondateur des Éditions TRASH, il écrit depuis un moment et comme vous pouvez aisément le constater, il cultive lui aussi une passion pour le gros son. Stoner Road paru aux Éditions ActuSF il y a quelques années, est une pépite honteuseusement méconnue sur laquelle je suis tombée sur le tard au détour d'un recueil de nouvelles d'Helios. Je me suis rappellée subitement que ce nom avait déjà traversé mon esprit auparavant. Du coup cette fois-ci je n'ai pas hésité plus longtemps, j'ai enfin fait l'acquisition de ce bouquin et je l'ai lancé dans la foulée dans ma liste de lecture littéraire et auditive. Une bonne raison pour le chroniquer ici donc. L'histoire de Stoner Road est assez simple. Josh Gallows, junkie invétéré au volant de sa Pontiac est à la recherche d'Ofelia, sa chica mexicaine avec qui il s'est salement brouillé. Il part en direction de la dernière Generator Party et constate av...

[MU] Liste de lecture #01 Vous allez vous aimer les uns les autres putain de bordel de merde !

Voilà, voilà ! 01 - Elephant Tree - Circles 02 - The Great Old Ones - My Love for the Stars (Cthulhu Fhtagn) (version acoustique) 03 - Sylvaine - A Ghost Trapped In Limbo 04 - Spectrale - Attraction 05 - Electric Octopus - Absent Minded Driving 06 - Agnes Obel - Golden Green 07 - Havnatt - Myrulla 08 - Völur - Breaker of Famine - VI. O Fathers 09 - Wardruna - Raido  10 - Zeal & Ardor - You ain't Coming Back 11 - John Garcia - Gardenia (version acoustique)* 12 - Nick Oliveri - Autopilot  13 - John Garcia - Softer Side* Et comme je suis une bonne âme, cette liste de lecture de l'amour se retrouve en intégralité ici . *John Garcia est amour, toutes les chansons sont faites pour s'aimer, et surtout l'album A Coyote Who Spoke in Tongues .

[MU] Liste de lecture #03 - 30 DAY SONG CHALLENGE - Day 24

Jour 24 : Une chanson d'un groupe qui n'est plus ensemble (mais j'aimerais bien que ce soit encore le cas) Oppunder Skrent of Villmark - Storm Pour le coup je triche un peu (encore !). Peut-on dire que ce groupe a-t-il vraiment existé un jour puisque leur collaboration s'est arrêtée à peine l'album enregistré ? Allez, on va dire que oui, parce qu'ils se sont bien réunis à un moment donc ça marche (un peu). Storm est une collaboration norvégienne formée en 1995 par trois Norvégiens emblématiques de la scène metal de l'époque. Fenriz (Darkthrone), Satyr (Satyricon) et Kari Rueslåtten (The 3rd and the Mortal). Le seul album Nordavind rend compte du mélange de black, folk, viking metal, le tout en langue norvégienne.  Cet album reprend des standards de la musique folklorique norvégienne à la sauce metal, puis d'autres arrangements qui rendent hommage à la culture païenne. C'est une des raisons pour lesquelles leur collaboration s'arrêt...