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[CR CONCERT] Fange + The Old Man's Wisdom + Filthcult au Rigoletto, Paris (30/09/2018)


On est dimanche. Pour certains c'est le jour du Seigneur, parfois c'est l'occasion d'un interminable déjeuner en famille ou d'une sortie en forêt. Et le soir on fait quoi ? Bah on va au Rigoletto bien sûr ! Une soirée haute en couleurs et en riffs chargés à bloc histoire de terminer la semaine comme il faut. Fange était la tête d'affiche de cette soirée en ce lieu un peu atypique accompagné de deux groupes parisiens Filthcult et The Old Man's Wisdom.


Partie I : Filthcult

Étant donné que je suis arrivée environ une minute avant la fin. J'ai pu entendre un semblant de riffs assez accrocheur mais ce serait un peu gonflé de faire un compte-rendu (notez que c'est un peu ce que je fais quand même olala !). 

Bon, j'ai eu un peu mauvaise conscience alors je suis allée faire un tour le Bandcamp du groupe. La formation est jeune, si jeune qu'elle a d'ailleurs sortie sa première démo la veille du concert. Niveau son, on est dans un groupe de metal plutôt classique, un peu grognant, qui oscille dans le grindcore, noise, sludge, avec un chant guttural assez harmonieux (à supposer qu'on soit amateur du genre, bien entendu) par rapport à l'orchestration. Alors du coup ça fait un peu "gruik gruik" mais pas trop non plus. Cette démo présente un potentiel indéniable. Ils ont le mérite de titiller un peu les canaux auditifs sur plusieurs terrains, sachant que leurs riffs oscillent dans plusieurs styles. Pour ma part le chant passe bien, ce qui est déjà un bon point.

Leur démo présente donc un univers assez intéressant, certes, mais je pense qu'il va falloir attendre la sortie d'un véritable album pour qu'on puisse nettement s'imprégner de leur cru musical et que ça gagne en personnalité. Leur démo me fait penser à plein de choses que j'aime bien, mais je n'ai pas eu de petite lumière qui faisait tilt du genre "ah c'est surprenant" j'aime ça. Moralité, du temps et encore du temps, gardons une oreille sous le coude pour ces joyeux lurons, et après tout, ce chanteur avec son petit short faisait déjà bonne impression, c'est le principal, non ? (Et puis de toutes les façons en ce moment je n'écoute que du stoner ou du black metal islandais, alors je peux fermer ma gueule question jugement objectif et ouverture d'esprit du moment).



Partie II : The Old Man's Wisdom

Après cette première partie probablement éblouissante, il était bien temps de s'hydrater histoire de se préparer à la suite des hostilités. Je suis plutôt du genre à vouloir garder mon verre franchement plein plutôt que vide. De ce qu'on en entend en redescendant au moment des balances du deuxième groupe, c'est que curieusement, ça a l'air vachement audible au premier abord. J'étais en train de vendre une soirée toute en brutalité, un truc qui te laminerait du début jusqu'à la fin, te laisserait sur les rotules, les arcades ensanglantées, et puis là, au niveau de l'instrumentalisation, on entend des riffs mélodieux. Bêtement, je me disais que c'était probablement sournois, qu'il allait sortir un truc guttural totalement abominable derrière tout ça.
J'avais donc omis de checker la bio du groupe (ce que je fais maintenant). Nos amis qui vantent les mérite de la sagesse du vieil homme sont d'ici, donc Paris (parce qu'ici c'est Paris - Haha). A priori, on devrait retrouver les origines du machin aux alentours de 2013, c'est la rencontre entre un batteur et un guitariste qui a amorcé tout ça. Dans cette petite salle rigolote du Rigoletto j'ai pu voir qu'il y avait effectivement ce batteur, deux guitaristes, un bassiste et un chanteur (et quel chanteur !). Alors du coup, si on regarde ce qu'ils ont pondu, ben un album éponyme qui date de 2017 (c'est tout ?). En l'écoutant on est  très très étonné par la qualité acoustique du bouzin. Le mixage est très pro, très propre, très franchement, j'ai eu du mal à croire qu'il ne s'agissait que d'un premier album. Il a clairement une prédominance stoner, et rock très branché basses à fond les ballons. Le chant est assez étonnant, il y a un côté très rageux et assez prenant, ça change du stoner un peu classique, probablement parce qu'ils se droguent certainement un peu, mais pas trop, histoire de garder de l'énergie dans leur musique.

Donc. Nous y voilà. Ils étaient drôles encastrés sur cette petite scène. Le chanteur a dû se résoudre à aller dans la fosse, sinon ils auraient fini par se bousculer malgré eux. J'avais vu un cas similaire au Klub ou le chanteur a fini dos au public à moitié collé sur des enceintes. Bref, on vous l'avait dit les mecs, pas plus de trois membres dans le stoner, pas plus de trois, MERDE ! (bon, je pense pas que ce soit tellement une règle établie mais, force est de constater que si la base est bonne elle peut se contenter de trois).

Ils nous ont fait une balance avec chant, en précisant que c'était bien une balance, le chanteur disait qu'il ne s'entendait pas. Pourtant je l'entendais, mais faut reconnaître que c'était mieux de s'entendre. On était tellement tous collés les uns contre les autres, très franchement, ça avait déjà une allure de concert VIP, mais un concert VIP à 5 balles, vous en avez vécu beaucoup des comme ça ? Moi, jamais. 

Donc déjà les mecs avaient l'air cool, point 1, la base musicale sonnait bien trippante. La suite s'est on ne plus confirmée. Finalement le chanteur a réussi à s'entendre, le batteur à tambouriner, la basse n'étais pas réglée trop fort, et puis le concert a pu vraiment commencer, on a pu donc écouter le début du premier titre avant le premier titre. Pas mal n'est-ce pas ?

Y a des groupes comme ça, il te faut pas longtemps pour entrer dans l'univers et pour vibrer au rythme de leur musique. Après avoir réécouter l'album j'ai eu cette même sensation. C'était fluide et ça passait admirablement mieux pour du stoner dans cette programmation de musicale un peu folle. On pourrait dire qu'elle détonnait mais en fait, non. Pas tant que ça. Si on prend exemple du chant par exemple, j'ai trouvé que ça avait une tonalité stoneresque assez furieuse, un peu comme si John Garcia avait vraiment les boules et qu'il te faisait savoir qu'il allait te casser la gueule. Du coup, si on compare avec l'énervement d'un groupe de grindcore ou du chanteur de Fange, c'était vachement raccord. 

Alors oui, c'était pas difficile d'headbanguer et de se sentir partir en phase avec leur musique. Il y a eu de tout, des gros riffs bourrins, des passages un peu rock psyché (le seul moment où le chanteur est parti, sans doute pour faire pipi et accessoirement enlever son t-shirt pour mon plus grand plaisir). Le groupe bénéficiait également de joyeux lurons qui connaissaient déjà leur musique, ça a pas mal aidé à procurer une ambiance bonne enfant et intimiste. Pour ma part, j'ai eu très vite l'impression de me sentir intimement liée à leur musique, alors que je découvrais tout juste. Pas tant que la musique soit prévisible, mais elle savait cogner au bout moment et titiller de manière à procurer des papillons et des étoiles. Enfin des papillons sous LSD bien entendu. 

Alors oui, niveau influences, y a du Kyuss, clairement (et j'ai eu la confirmation), on me confirme dans l'oreillette du Mastodon (effectivement), et de l'un peu plus énervé, on peut facile taper dans le Pantera (alors du coup, vu que j'adore ce cher Philou, on comprend aisément pourquoi ça m'a particulièrement titillé), un savoureux mélange acoustique qui vous fera vibrer jusqu'au bout de la nuit. Bon, malheureusement pour nous on avait pas toute la nuit. Ils font une fixette sur les barbes qui font peur, ils aiment bien aller faire des câlins un peu bourrins dans le public. J'ai pris mon pied, il me semble qu'on était plutôt d'accord sur la performance. Bien qu'étonnante, cette programmation stoner n'a pas démérité. J'ai eu bien envie d'en savoir plus et demander si mes esgourdes ont plutôt vu justes niveau influences. 

À la fin du concert, [mode groupie on] j'ai pu papoter avec le chanteur j'ai eu la confirmation. Je vais me lancer dans un jeu de voyante, mais il y a fort à parier que le fort potentiel n'attend plus que de belles rencontres pour pouvoir ainsi pleinement montrer son potentiel. Il y a du bon, ce n'est que le début, mais quel début ma foi ! Quel début ! Ce son on ne peut plus pachydermique (cf. pochette de l'album) nous réservera ainsi bien des surprises. De toutes les façons, quand la base elle bonne, il n'y a peu de chances qu'elle finisse par nous décevoir. C'était donc un premier groupe de réelle entame de la soirée. Il n'a pas trop fait peur et moi j'le dis, plus tard, on va en entendre parler. Je me vois bien d'ailleurs prêcher en mode "Quoi ? - air scandalisé - tu ne connais pas The Old Man's Wisdom ?" Bref, c'est à toi que je parle ô pauvre lecteur un peu fou, mais curieux aussi. Lance tout de suite l'album et dis-moi, ose me dire que ça ne te fait aucun effet, que leur musique ne t'évoque rien. Non, ce n'est pas possible. Mets le son à fond les ballons, trouve ce que tu veux pour te mettre dans l'ambiance, et profite. L'album sera forcément trop court, mais hey, la bonne nouvelle c'est que tu peux le relancer si l'envie te dit. [/mode groupie off] Puis accessoirement, vu qu'ils sont parisiens, y a moyen de les revoir rapidement pour de nouveau bouger son petit cul.



Partie III : Fange

Ah oui, on était bien là, un peu suant mais pas trop. On sentait bien que la soirée avait une très très bonne entame. J'avais bien aperçu les mecs de Fange, reconnaissant le batteur (mais je n'ai pas voulu faire ma groupie en mode "hey regarde c'est eux c'est eux, c'est eux !"). Je pense que mon cas est déjà pathologique quand j'en parle. Je lance toujours "C'est vachement bien Fange, c'est sombre, c'est malsain ça te plombe le moral un truc de dingue, leur musique n'est pas faite pour être agréable, d'ailleurs tu devrais écouter." Et puis on me regarde d'un air circonspect, on me demande à quoi je carbure pour débiter des trucs pareils, si j'aime qu'on me fasse mal, je dis que non, tout va bien, et que c'est juste que j'aime bien écouter Fange quand j'ai le cafard, ça contrebalance mon état émotionnel. On se dit, ben en fait, ça pourrait être pire. Donc, Fange, je me suis déjà préalablement épanchée sur leur dernier album Pourrissoir, suite logique dans le glauque et le sordide, quand c'est si désagréable, on peut parfois accéder au beau et au merveilleux. Jesus ou Job ont bien vécu un calvaire avant de trouver l'Absolution. C'est pas si déconnant dans l'idée. J'ai eu l'occasion de pouvoir vivre mon dépucelage Fangien alors qu'ils passaient à l'Olympic café. C'est une prestation qui a mis tout le monde sur le cul, pas mal de gens ne s'attendait pas à une telle brutalité confinée en ce lieu. Tout le monde était tétanisé d'effroi. C'est quelque chose qui m'a surpris alors que pour ma part j'étais archi bonne pour en découdre avec mes camarades de fosse. Ce soir-là était donc l'occasion ou jamais pour prendre ma revanche.

Dès les balances, on sait qu'on va pouvoir assister à un truc pas commun, d'une grande lourdeur. Les décibels ont été légèrement augmenté. On commence d'ores et déjà à sentir les vibrations de la batterie et le vrombissement aliénant de la basse qui filerait la gerbe à n'importe qui. Je vérifie pour voir la tenue du chanteur. La dernière fois il avait sorti un minishort de sport trop mignon. Celui-ci est plus long, mais on reste dans le modèle athlétique et respirant. Vous avais-je dit qu'il avait l'habitude d'être totalement possédé lors de ses prestations ?

Nous nous installons donc joyeusement, moi j'ai envie de m'y frotter, d'être au plus près pour pouvoir vivre pleinement le délire. C'est curieux cette configuration de salle quand j'y repense. Ces banquettes super confort qui longent les murs, cette scène exiguë, et puis en fait, on se retrouve toujours par être quasiment au contact avec les musiciens. Pour un peu, on se serait serré la main. Mais bon, c'est du sludge, faut pas non plus pousser le délire trop loin dans les effusions amicales.

À les voir se positionner en musicien dans une cave, on a du mal à croire qu'il s'agit du même groupe, celle qui a fait une prestation on ne peut plus remarquée à la dernière édition du Hellfest. J'y étais pas, mais j'en doute pas que ça devait envoyer du bois. Ce soir-là j'ai envie d'un truc plus intimiste, mais qui me mettra les neurones, les tympans, les cervicales en vrac. Ce qu'on entend au départ sonne tout à fait de ce jus-là. On sera tous pourris de l'intérieur après ça (ou pas). Très rapidement, je me laisse prendre au jeu, je finis rapidement ma pinte, pas le temps de déconner, je sens tout l'empressement de la situation (et la suite me prouvera que j'avais vu juste). La musique, le bruit, ces cris enragés et désespérés que dégage l'ambiance de Fange se répand telle une trainée de poudre. Je remarque que cette fois-ci le public est nettement plus réceptif. On commence à comprendre la rengaine, tout le monde a dû être au préalable informé de la teneur des festivités rigolettoesques.

Alors dit comme ça, on a l'impression que ça fait du mal, mais en fait, non. Je reconnais des riffs de Pourrissoir que j'ai écouté un nombre de fois assez hallucinante et indécente. Notre vocaliste commence par nous tourner le dos, puis en fait, on se rend compte rapidement que pas trop en fait. Il se retourne de temps en temps, pour jauger l'état du public. Il nous dit que ce n'est pas la peine de garder nos bouchons, parce que le son n'est pas assez fort (je me rends compte d'ailleurs que j'ai perdu un des miens, un peu peinée, mais suffisamment aliénée pour en avoir rien à foutre). Leur musique nous passe dessus tel un rouleau compresseur. Baaah, on fera avec. Et puis quasi au bout d'un quart d'heure plus rien, plus de sono.

On nous apprendra plus tard que "Tout est fini enfin noyé dans la lumière, arrêtons ce petit folklore, allez tous niquer vos mères", car il n'est même pas 23h mais Fange joue trop fort aux dires du bar. Même pas d'excuses rien. Coïtus Interruptus. Dégoût total généralisé. On est sur le cul. Putain, on commençait à prendre notre pied et on nous laisse en plan comme ça. 

J'ai retrouvé le vocaliste de Fange, on s'est fait part de notre déception commune, il m'avouera qu'ils n'ont jamais joué aussi peu fort et je lis dans son visage qu'il est aussi dégoûté que moi que ça se soit terminé ainsi. Je lui dis également que je suis un peu triste qu'ils ne vendent pas de t-shirt girlie, mais il parait que ça ne se vend pas, ça me rappelle alors que je carbure à des trucs bizarres. Bah, avec un peu de chance mon histoire Fangesque ne s'arrêtera pas là. J'ai encore plein de questions à leur poser. Sur Rennes, leur musique. Ma curiosité est sans limite, tout comme cet appétit boulimique musical. Mais force est de constater que contrairement à nos attentes, le Rigoletto, ce n'était pas si rigolo.


Merde aux cons.




































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