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[CR CONCERT] Der Weg Einer Freiheit + Au-Dessus + The Devil's Trade au Petit Bain, Paris (28/03/2019)


La tournée anniversaire, c'est un truc qui marche fort avec les metalleux pur jus, car comme on le sait, pour eux c'était mieux avant, alors vu que la musique est devenue "moins bien", faire une tournée relatant la gloire passée d'un groupe, l'époque où le son était le plus noble, forcément, ça marche et c'est efficace. Ce qui m'a motivé, ce n'est pas tellement cette annonce anniversaire, et encore, cela permet d'entendre d'autres titres en live, et ça, c'est pas plus mal, mais c'était aussi l'annonce d'Au-Dessus (voir ci-dessus hahaha), je les ai ratés lors de leur passage en fin d'année dernière au Flow, raison de plus pour faire une pierre deux couilles musicales. 

Par une belle fin journée de printemps, nous avons donc tous chacun enfilé brodequins et vestons direction le Petit Bain ou Kleine Bad dirais-je dans la langue de Goethe. Petite file d'attente à l'entrée, les agents de sécurité un peu zélés nous demandent d'ouvrir nos veste, sweat et de montrer les deux côtés, moi, à ce moment-là je pense "Ceinture de dynamite autour de la taille..." (ref. nécessaire), un air que je fredonne uniquement dans ma tête, il ne faudrait pas non plus affoler ces personnes qui ne font que leur boulot. Passage de vérification des billets et tamponnage de rigueur, la personne aura dû s'y reprendre à deux fois tant j'ai la peau dure (ou le tampon est mauvais), j'entends la jeune femme dire à son collègue "Tu ne veux pas tamponner à ma place ?" (oui, donc, rien à voir avec moi je suis un peu déçue), je me faufile, presse le pas et me fais arrêter par un deuxième agent qui demande à voir si j'ai bien mon tampon, alors que j'étais à deux mètres de lui il y a 30 secondes. Une chose est sûre, ce jour-là, j'avais une allure de personne louche.

Qu'importe, j'arrive enfin à entrer dans le Petit Bain tant convoité.


Partie I : The Devil's Trade

Je ne connaissais pas du tout ce projet, et vu le nom, je m'attendais à un groupe de black metal lambda. Ma surprise fut grande quand je me suis aperçue qu'il ne s'agissait que d'un type tout seul avec sa guitare. Comme quoi, le black metal, c'est plus ce que c'était (c'était mieux avant). Si on parcours brièvement son Bandcamp, on peut dire "The Devil's Trade is a one man gang chained to some burden that he pulls trough his ways leaving tracks behind to lead or guide mostly him wich directions not to and to go again." Vous l'aurez compris, personnellement, à partir du moment que je lis le mot "burden" je pense au Seigneur des anneaux et à ce foutu Sam Gamegie qui a voulu piquer l'anneau à Frodon. Bref, pour en revenir à nos moutons, apparemment, notre monsieur moustachu est très torturé dans sa vie et a besoin de sa musique pour expier tout son mal de vivre. Bon, au moins, ça, c'est black metal, même si la musique, ben, c'en est pas. Notre Hongrois (car c'en est un) carbure à une sorte de folk un peu darky avec quelques notes country voire blues et un chant clair assez puissant. Apparemment il pond de la musique à textes un peu triste depuis 2014, et Those Miles We Walked Alone (tout un programme !) date de 2016. 

Toujours est-il que ça nous a bien surpris. Certains ont fait mine de s'y intéresser, d'autres ont été captivés, puis les plus culottés papotaient joyeusement dans le coin et faisaient le plein de bière pendant la prestation de notre triste monsieur. J'ai regardé ça d'un air circonspect, à un moment, il a bougé sa guitare, nous étions dans le silence total, dans l'expectative de quelque chose de grandiose, et en fait non, le câble de son instrument était juste débranché. Il y avait des riffs et ambiances sympas, le souci majeur c'est que notre bonhomme encapuchonné fait de la chanson folk à grosse voix à texte, et moi, les textes, je m'en tamponne. Voyez donc, le dernier album de Wardruna m'a fait royalement chier, et là ça m'a fait un peu le même effet, c'est bien, mais je n'ai pas envie de me concentrer pour comprendre ce que tu racontes. 

Première partie tranquille pépère posée, mais trop minimaliste à mon goût.



Partie II : Au-Dessus

Originaires de Lituanie, cette formation à la localisation géographique atypique est un des fers de lances des Acteurs de l'Ombre, et on est bien contents qu'ils nous l'aient péché cette pépite tiens ! Je m'étais déjà épanchée sur leur compte lors de leur passage au Glazart il y a un an de cela. On évite donc les redites, leur perf était cool, c'est donc ce qui m'a motivé à les revoir. De plus, il faut que je vous avoue un truc, End of Chapter fait partie de ma liste de lecture régulière (oui, c'est aussi parce qu'il se trouve à la lettre A et que je n'ai pas le souhait d'avoir envie de me pendre à chaque fois en écoutant Agnes Obel).

La foule a enfin refait le plein de bière pour aller acclamer nos amis encapuchonnés, on sait que pour ce genre de concert, notre verre tiendra le choc et c'est ça qui est bien avec le post-black. Il sont acclamés en héros et commencent à faire crisser les guitares saturés dans des spots dignes à faire valser un épileptique. Quelle grandeur, quel panache ! J'avoue qu'au début je n'ai entendu que "brrrrrrrr" j'ai eu peur que ce soit ça le son de la soirée, d'autant que je voyais le chanteur s'approcher du micro, j'ai craint qu'on ne l'entende pas, et puis en fait non, malgré la lourdeur de la sono, l'ingé son a fait le job et on entendait globalement plutôt bien.

La première partie du set mettait en avance le début de notre chapitre soit, les titres "I-II-III" que, je l'avoue, je connais très mal, et ce, malgré la réédition du bouzin par Ladlo, je suis pas fan de l'arrangement sonore, et je l'ai écouté peu de fois car il faisait énormément crincrin dans mes oreilles. En live ça rend carrément mieux et puis c'est bien aussi de changer de titre, je le connais vraiment trop par cœur cet album. Un photographe accrédité arborait même les couleurs du groupe avec un hoodie avec une capuche plus grande que tout. Toujours aussi peu communicants, leur langage c'est la musique. On sent tout l'effort pour marier effets de lumières et musique, ça rendait vraiment bien pour être captés dans l'ambiance du machin. Puis bon, je les adore, pourquoi dirais-je du mal de leur prestation ? (Parce que c'est bien d'être honnête et de ne pas parler des choses comme une pauvre groupie illuminée)

C'est assez amusant, j'avais souvenir de quelque chose d'assez planant au Glazart, cette fois-ci, j'ai pu percevoir toute la lourdeur de leur musique et l'agressivité du chant du vocaliste, qui, et il a fallu ce jour pour que je le remarque est aussi bassiste (warning full auto, groupie détectée en hystérie totale), bon sang, mais oui ! Je pense que le public était réceptif, mais l'a été encore plus lorsqu'ils ont enfin commencé à jouer End of Chapter Ils nous ont gratifié d'un morceau "VII" et "VIII", qui ont bien réussi à galvaniser une foule d'amateurs du genre. Bref, ce soir-là, on était pas vraiment là pour déconner. Des metalleux en mode serious business et totale introspection musicale. On croise des bobines connues, on se dit coucou rapidement, mais on n'oublie pas de revenir à nos contemplations auditives, car après tout, ils n'étaient qu'une seconde partie de soirée. Hélas. Cette batterie, cette fureur, ce chant guttural si typique.

Ils ont conclu les hostilités par "XI" et "XII : End of Chapter". Je ne sais pas vous, mais pour ma part, j'aime l'ordre. Je trouve que cet album est d'une totale fluidité car les morceaux ont été conçus pour s'écouter dans cet ordre, et rendre compte de cela en live, et bien c'est tout à fait brillant et cohérent. Lorsque les derniers accords ont été entonnés, c'était prévisible, certes, mais bon, que  40 minutes, ça fait court. Et là j'ai pensé, ben ouais, c'était prévisible. Saluons l'effort et l'efficacité du groupe pour avoir réussi à capter l'auditoire en si peu de temps.

Setlist :

01 - I
02 - II
03 - III
04 - VII
05 - VIII
06 - XI
07 - XII : End of Chapter



Partie III : Der Weg Einer Freiheit

Autant être clair, Der Weg Einer Freiheit est un groupe que j'affectionne beaucoup, tombée dessus un peu par hasard, j'ai été littéralement captivée par leur prestation scénique sans accrocs. Deutsche Qualität quoi. Mon amour est tel, qu'on peut retrouver mes dernières élucubrations ici ou encore par-là, parce que la passion, elle, n'a pas de limite, et quand la came est bonne, toute occasion qui se présente se consomme sans modération. C'est étrange quand on y pense (un peu), parce que le groupe fêtait ses 10 ans d'existence, animé par le charismatique Nikita qu'on ne présente plus, et c'est tout de même courageux de sa part de fêter un album dans lequel il n'était pas encore vocaliste.

La soirée était l'occase d'un retour aux sources du black metal, quelque chose de plus brut de décoffrage, plus trve comme diraient les pros branletto-élitistes de la première heure. C'est avec une certaine émotion que le groupe est venu sur scène pour la première date de leur tournée, histoire de prendre la température auprès du public parisien. Nikita s'est laissé pousser les cheveux, et il porte, comme ça commence à être son habitude son fameux t-shirt Dissection. Mais n'a-t-on pas tous un peu nos t-shirt préférés ? Je n'ai pas le souvenir de l'avoir vu aussi communiquant durant un concert, peut-être était-ce dû au fait qu'il s'agissait de leur première date. Il a vraiment voulu nous faire partager son ressenti et j'ai trouvé ça très touchant de sa part.

Après avoir entonné le premier de l'album éponyme "Ewigkeit" qu'on peut traduire par "éternité", Nikita a voulu se remémorer avec nous la fois où nous l'avions vu dans cette même salle, avec ce groupe dont il se souvient encore du nom Regarde les Hommes Tomber. Cette soirée allait donc être sur la thématique du souvenir. Que dire, ah, c'est si beau, ma foi, si beau et si intense ! Nikita et toute sa clique nous auront gratifié d'un bel album dans son intégralité, et le moins que je puisse dire, c'est que ces cinquante minutes sont passées comme une lettre à la poste. Une telle fluidité, un son naturel et sans accroc. Bref, du grand DWEF.

Le groupe est parti, on a vraiment cru que ce serait fini. Genre, oui mais pourquoiiii ??? On s'est dit, c'est triste, et puis finalement ils sont revenus, ils nous ont lancé comme ça, bam dans la gueule, un magnifique morceau de l'album Finisterre avec son intro acoustique, je parle bien entendu de "Ein Letzer Tanz" qui se traduit par "Une dernière danse". Bien beau final qu'on se dit. Oh oui ! Le groupe a enchaîné par Requiem, un titre de l'album Stellar, que j'aime aussi beaucoup.

Puis ils sont repartis. On se dit que ça fait une heure 10 et qu'ils ne reviendront plus. Même moi je range mes bouchons, et que fut ma surprise lorsque je les vois revenir pour nous satisfaire d'un autre morceau. Il s'agit de "Lichtmensch", un titre issu de l'album Unstille. Tant d'intensité, le public est galvanisé.

Le groupe repart. Est-ce la fin, vraiment ? Puis un roadie arrive, pose le tabouret du batteur et branche une guitare, on voit arriver la bobine du batteur, seul, il prend place et commence alors à jouer "Idyll". Fébrile, on sent bien qu'il n'a pas l'habitude d'être le centre d'attraction du public. Quant à nous, nous sommes ébahis, perdus dans cette contemplation auditive, qui, croyons-le ou non, semble n'avoir pas de fin. Un morceau si bien choisi pour décrire ce que nous ressentons par ce groupe. Nous, amateurs zélés, des gens qui vivons la musique dans nos tripes mais qui aimons aussi un peu partager un peu de douceur poétique.

Setlist :

01 - Ewigkeit
02 - Spätsommer
03 - Frei
04 - Aurora
05 - Zum Abschied
06 - Welk
07 - Neubeginn
08 - Ruhe

Premier rappel 

09 - Ein Letzer Tanz
10 - Requiem

Second rappel 

11 - Lichtmensch

Troisième rappel 

12 - Idyll


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